Rétro : Paris-Pékin à vélo 2008, la croisière verte (épisode 25)
Des hommes et des femmes uniques et ordinaires ont réalisé quelque chose d’unique et d’extraordinaire. Par ce fait, ils sont devenus extraordinaires, et restent vraiment uniques. Nos aventuriers approchent de l’ultime étape : la muraille de Chine aux alentours de Pékin.
Les derniers coups de pédales !
Etape 118 : Gaopédian – Miyun – Muraille de Chine Beijing
Dimanche 3 août 2008
71 km – Dénivelé : 551 mètres
Départ : 6 h – Arrivée : 10 h
CHINE
Une fin en apothéose !
Dès 6 h ce matin, par groupe d’une dizaine et dans la plus grande discrétion, les cyclos prennent le chemin de la Grande Muraille. Discrétion, car tout rassemblement n’est pas autorisé et les cyclistes ne doivent pas être plus de 10 sur les routes. Personne n’est dupe…mais il faut respecter les usages et les instructions générales et surtout personne ne souhaite un incident.
Après une vingtaine de kilomètres nous entrons dans un secteur autorisé et là nous avons la possibilité de nous regrouper en toute légalité cette fois et effectuer notre progression régulière dans un paysage montagneux. Notre premier étonnement est la jonction avec les cyclotouristes du groupe Xi’an Pékin : ils nous accueillent par une haie d’honneur et nous effectuons le final, Président en tête, par une forte montée de 4 km qui débouche sur une grande plateforme où les organisateurs Chinois nous accueillent en « héros ».
En musique, sous les ovations de 500 personnes environ, dont les familles de quelques uns, dans des moments inoubliables où les rires se mêlent aux larmes où les congratulations effacent sur le champ fatigue et mauvais souvenirs, chacun savoure la fin de son périple. Instants exceptionnels, explosion de joie, tout le monde prend part, avec une satisfaction profonde et unique à sa portion d’une gloire éphémère et relative. Les héros du jour bloquent leur compteur officiellement sur le kilomètre 12 663.
Sur l’estrade dressée, d’éminentes personnalités chinoises et françaises viennent exprimer leur satisfaction pour la réussite de cette expédition exceptionnelle, l’audace de la Fédération, et le courage des 115 arrivants sur (119 partants !). La contribution de l’amitié entre les peuples et l’esprit de l’olympisme sont valorisés.
Nous retiendrons en particulier les paroles de son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur de France, Hervé Ladsous, de Monsieur Lin, organisateur Chinois, celles de Dominique Lamouller notre président et Jean-François Derégnaucourt, représentant l’ensemble des participants à ce fabuleux défi de Paris à Pékin, en passant par Xi’an.
Pendant près de deux heures, rires, larmes, photos, interviews, se succèdent sur la Muraille.
Les moments de bonheur ayant hélas une fin, il nous faut après avoir mis les vélos dans les camions, repartir pour trois de heures de bus, afin de rejoindre notre hôtel.
Pour ce déplacement nous avons du obtenir une autorisation quasi miraculeuse afin de rouler en convoi sur les autoroutes intra muros de Beijing : quatre bus et nos 7 véhicules alors que Pékin n’autorise pas l’entrée de camions dans la ville, sauf la nuit, et que nous sommes les seuls véhicules étrangers à avoir pu pénétrer en Chine.
Au cours du dîner, les 300 participants, réunis dans une même salle, recevront dans la joie, l’émotion et la bonne humeur un souvenir des organisateurs Chinois et un hommage appuyé du Président fédéral à l’ensemble des cyclotouristes des deux parcours, à leur encadrement et à tous ceux qui, de près ou de loin, ont travaillé à la réalisation de ce projet fou, unique et exceptionnel. Mention spéciale pour le personnel du siège fédéral et des autorités administratives Françaises.
Notre témoin du jour est : Jean-François Derégnaucourt, chef de l’expédition.
L’aventure vélo est finie. Après quelques jours de vacances avec Brigitte, mon épouse, dans le cadre du séjour touristique prévu pour tous, nous entamerons une nouvelle aventure, avant de revenir en France, en effectuant le parcours retour Pékin Paris avec les véhicules et le matériel.
Quel sentiment vous assaille aujourd’hui face à la Muraille de Chine objectif de votre mission ?
03 août 2008, combien de fois j’ai tapé cette date sur différents documents, sur diverses demandes en pensant que cela était pour beaucoup plus tard. Maintenant que nous y sommes je suis surpris de la mélancolie qui me gagne, de cette émotion qui m’étreint comme pour l’ensemble des participants. Quel bonheur de voir, au pied de cette muraille tant espérée, toute l’équipe, participants et logistique, s’embrasser, se féliciter et n’essayant même plus de cacher ses larmes. Il y a des moments où le temps devrait s’arrêter.
105 cyclos au départ du Trocadéro, 102 à la Grande Muraille, toutes les féminines présentes, bilan très satisfaisant. Pour la logistique 14 au départ, 13 à l’arrivée. Les abandons étant liés à des raisons médicales.
Alors on pourrait penser que cela était facile, on aurait tort, je peux témoigner que nos cyclotouristes ont été formidables de courage, de ténacité, d’abnégation, de solidarité et se sont soutenus dans les moments difficiles constituant une véritable chaîne où chaque maillon devenait indispensable.
Ils ont tout connu :
– la panoplie complète de la météo, passant de la neige, aux orages, à la canicule sans oublier le vent,
– Pour les routes, ils ont eu droit en plus des routes goudronnées, à des pistes cyclables, des pistes plus ou moins défoncées, du sable, de la boue et des nids de poule ou plutôt aux nids d’autruche, à des ornières béantes,
– Des hébergements passant de l’hôtel au gymnase ou dans des classes scolaires ou sous la tente à la belle étoile dans le cadre des bivouacs,
– Des conditions sanitaires qu’ils n’avaient jamais imaginées,
– Des repas parfois surprenant, parfois répétitifs et parfois sommaires,
– la variété des paysages qui leur a permis de contempler la montagne européenne, les plaines d’Ukraine et de Russie, la steppe, les déserts et les montagnes féeriques du Kirghizistan sans oublier les terrasses chinoises utilisées pour ne pas perdre de terres fertiles.
Qu’ils soient honorés comme des aventuriers qui ont osé, qui ont souffert et qui ont réussi à se surpasser en s’étonnant de leurs nouvelles limites.
Pour cette réalisation il a fallu des gens pour y croire mais également des gens pour le faire. Il a fallu des gens de l’ombre pour travailler, de ceux qui ne sont jamais cités et qui répondent toujours présents. Quant à l’équipe logistique, composée d’hommes et de femmes qui étaient toujours disponibles, elle était indispensable à la réussite de cette expédition. Je tiens à remercier Henri, mon fidèle et loyal adjoint ainsi que l’ensemble des membres de la logistique, sans oublier Brigitte, ma chère épouse qui m’accompagne depuis 2 ans dans tous ces préparatifs.
Ce sera bientôt le moment de faire les bilans. Mais dès à présent je tiens à crier au monde entier que, certes je suis fier d’avoir été choisi pour être le chef de l’expédition « Paris-Pékin à vélo 2008 » et de la confiance qui m’a été accordée mais je suis très fier d’avoir vécu ces derniers mois avec des gens qui ont fait preuve d’une très grande force morale et qui sont des véritables ambassadeurs du cyclotourisme.
Non seulement ils ont démontré que 2008 était, par leurs actions auprès des différents pays, une année interculturelle où la Fédération aura mis son empreinte mais ils ont écrit une des plus pages de l’histoire de la Fédération française de cyclotourisme et ce qui est encore plus fort, c’est qu’ils sont les artisans d’un cyclotourisme international qui, avec l’arrivée de la Chine, prend maintenant une nouvelle dimension et un élan que nos responsables devront exploiter.
Depuis le 16 mars 2008
Départ de Paris : 12 623 km
Dénivelé : 54 141 mètres
Nombre d’heures de pédalage : 662 heures et 51 minutes
Ces chiffres officiels, sont ceux proposés depuis le départ par le cyclo Pierre-Marie Werlen, équipé d’un compteur avec GPS.
Merci à Pierre-Marie pour ce travail quotidien.
Cette 118e étape marque la fin de l’expédition Paris-Beijing à vélo 2008. Ipso facto elle marque aussi la dernière page de la rubrique qui m’avait été confiée. Je remercie en particulier : Jean-François Derégnaucourt et Dominique Lamouller, qui ne sont jamais intervenus pour modifier où orienter les termes de cette rubrique quotidienne, Adrien et Julien, qui souvent dans des conditions difficiles l’ont transmise à Ivry et les gens du siège fédéral qui l’a corrigée, relue et mise en ligne sur le site de parispékinavelo.com
Merci enfin à ceux qui ont bien voulu me lire et notamment, ceux qui m’ont envoyé des messages d’encouragement.
Etape 117 : Baoding – Gaopedian
Samedi 2 août 2008
63 km – Dénivelé : 30 mètres
Départ : 7 h – Arrivée : 11 h
CHINE
Demain nous terminerons officiellement la partie vélo du Paris-Pékin 2008. Avant que des torrents d’éloges, des ruisseaux de critiques, des récupérations de tous ordres, en particulier des ouvriers de la 25e heure, irriguent notre milieu et probablement bien au-delà de notre petit cercle habituel, je souhaite simplement, en tant qu’accompagnateur et témoin, donner mon point de vue à chaud et en toute subjectivité sur cette extraordinaire randonnée.
Disons le franchement : l’idée audacieuse du président Dominique Lamouller, approuvée par la majorité du comité directeur fédéral actuel, a été géniale. Par cette témérité, les pionniers de cette expédition ont marqué définitivement l’histoire déjà longue et remarquable de la Fédération française de cyclotourisme.
N’oublions pas en effet que pour la première fois dans l’histoire mondiale du cyclotourisme, une Fédération, la nôtre, s’est donné les moyens matériels et humains, politiques et techniques de proposer à un groupe de 115 personnes – dont 20 étrangers – de se rendre, à vélo, avec une assistance logistique, de Paris à Pékin, sur plus de douze mille kilomètres pendant 5 mois.
Dans la réalisation il y a beaucoup à dire en bien et en moins bien et ceux qui ont œuvré pour cette réussite, y compris et en priorité les cyclotouristes, ont le droit et même le devoir de donner leur sentiment par écrit. Ceux-ci seront lus, analysés et il serait souhaitable que l’ensemble de ces commentaires soit regroupé par thème, pour une diffusion, auprès du comité directeur fédéral.
Le résultat global pour la Fédération est incontestablement un franc succès. Succès collectif grâce aux participants qui, à leur manière, ont permis ce résultat final. Sans leur opiniâtreté, leur courage quotidien, leur participation financière, l’idée fédérale aurait avorté.
Succès collectif également grâce aux centaines d’hommes et de femmes connues ou anonymes, modestes ou puissants qui ont, à un moment donné, contribué à poser leur pierre à l’édifice. En particulier le siège fédéral qui, dans l’ombre, a su redresser des situations, parfois critiques, dans la préparation, la réalisation et la progression du Paris Pékin. Là encore la solidarité a joué pleinement son rôle.
Un clin d’œil reconnaissant enfin pour celle ou celui qui a accepté de laisser partir son homme ou sa femme, pour une absence de plusieurs mois. Mais sachez que pour la plupart d’entre nous cette expédition nous aura changés.
Pour le parcours de cette dernière étape, dans la grande banlieue de Pékin où les contraintes de circulation sont très difficiles à gérer, nous avons du l’écourter pour ne pédaler que 60 km, ensuite est venu le temps de charger nos vélos dans les camions pour rejoindre en bus et en convoi notre hôtel situé dans la périphérie de Beijing. Trois heures de route ont été nécessaires.
Demain matin sera l’ultime étape à vélo de notre périple.
Etape 116 : Dingzhou – Baoding
Vendredi 1er août 2008
75 km – Dénivelé : 18 mètres
Départ : 7 h 40 – Arrivée : 12 h
CHINE
À deux jours du bonheur !
À tout petit pas, nous approchons du but final : Pékin et la Muraille de Chine. Nous ne pédalons plus que le matin et restons en groupe sous escorte policière du départ à l’arrivée. Le parcours plat, ultra plat n’a que peu d’intérêt et notre seule préoccupation est de ne pas se perdre dans les dédales de villes interminables, de ce fait notre escorte reste la bienvenue.
Il faut dire que depuis le 16 juin date de notre entrée en Chine, nous n’avions vu nulle part une présence policière et que depuis deux jours, à l’approche de la capitale, les contrôles sur la route pour nos véhicules, la présence visible de policiers et de militaires en tenue dans les villes, aux abords de nos hôtels, la fermeture du fonctionnement d’Internet dans les cybercafés modifient totalement le climat de liberté totale que nous avions connu et apprécié.
Cela ne nous empêche pas de profiter de ces derniers jours pour prendre des photos et se balader très librement dans les villes. Pour préparer la fin de l’expédition et trouver une solution aux contraintes de la circulation des camions – Interdiction a tous les véhicules de plus de 3T5 d’entrer dans Beijing le jour et seulement de minuit à 6 h du matin – nos deux gros camions pilotés par Jean-François et Claude Galvaing nous ont quittés pour assurer le transport des vélos du Xi’an et demain du Paris-Pékin. Nous ne pouvons en effet pas rouler en peloton dans la province de Pékin, il faut donc que les cyclos circulent en bus et livrer les vélos dans des lieux autorisés. Tout cela est un peu compliqué à gérer, et contraingnant mais ce ne sont pas ces dernières péripéties qui vont nous empêcher de progresser !
Notre témoin du jour est :
Claude Morel du club cyclo l’Abeille de Rueil Malmaison dans les Hauts-de-Seine (92).
Une étape de 75 km plate, un excellent revêtement, une escorte policière discrète en voiture, beaucoup de spectateurs très amicaux au bord de la route, incontestablement informés de notre passage, restera la photo de cette journée.
Par ailleurs nous avons beaucoup moins souffert que les jours précédents des effets de la pollution. Le ciel étant dégagé et clair. Nous logeons ce soir dans un grand hôtel d’excellente qualité.
L’expédition touche à sa fin et je suis heureux de la terminer, mission accomplie. J’en retiens plusieurs éléments : la Chine en tout premier lieu où j’ai rencontré une population qui manifestement semble heureuse, et toujours très souriante, même si le niveau de vie est visiblement inférieur au nôtre. J’ai également rencontré des paysages variés et une agriculture riche, grâce à un climat et une irrigation très maîtrisée qui permet toujours deux, quelquefois trois récoltes pas an ! Une autre surprise vient de la taille des cités. Un village compte un million d’habitants, une ville moyenne 5 millions.
La traversée des autres pays a été aussi pour moi, d’un grand intérêt, notamment le Khirghizistan – dont j’ignorais l’existence même avant mon départ ! – avec ses paysages de hautes montagnes magnifiques et son niveau de vie très modeste et le Kazakhstan, avec ses plaines immenses, ses chevaux sauvages, ses habitants accueillants et ses routes à faire frémir les ingénieurs de notre D.D.E. !
Pour terminer réellement ce voyage au très long court, il me faudra plusieurs mois, avec l’appui de plus de 1 500 photos que j’ai prises pendant cinq mois. Cela me permettra d’établir un bilan définitif en me remémorant tout ce que j’ai pu voir et ressentir dans ce film incroyable et inoubliable.
Épisode 1 : Cliquez ici
Épisode 2 : Cliquez ici
Épisode 3 : Cliquez ici
Épisode 4 : Cliquez ici
Épisode 5 : Cliquez ici
Épisode 6 : Cliquez ici
Épisode 7 : Cliquez ici
Épisode 8 : Cliquez ici
Épisode 9 : Cliquez ici
Épisode 10 : Cliquez ici
Épisode 11 : Cliquez ici
Épisode 12 : Cliquez ici
Épisode 13 : Cliquez ici
Épisode 14 : Cliquez ici
Épisode 15 : Cliquez ici
Épisode 16 : Cliquez ici
Épisode 17 : Cliquez ici
Épisode 18 : Cliquez ici
Épisode 19 : Cliquez ici
Épisode 20 : Cliquez ici
Épisode 21 : Cliquez ici
Épisode 22 : Cliquez ici
Épisode 23 : Cliquez ici
Épisode 24 : Cliquez ici
Toutes les infos sur www.parispekinavelo.com