Rétro : Paris-Pékin à vélo 2008, la croisière verte (épisode 5)

En 2008, 118 cyclistes s’élancent de la capitale pour rejoindre Pékin à vélo. Nous revenons sur cette odyssée épique dont le but est de promouvoir les valeurs intrinsèques du cyclotourisme.

Cette aventure humaine et sportive, n’en reste pas moins une affaire de machines. Le matériel utilisé sur l’expédition a réclamé une très grande attention de la part des organisateurs, nous vous dévoilons le choix opéré pour l’aventure.

 

Des randonneuses identiques pour tous les participants


Pour des raisons techniques liées à la fiabilité et la maintenance, les vélos de Paris-Pékin à vélo 2008 étaient identiques pour tous les participants. Chaque cadre était sur mesures, aux mensurations de l’utilisateur.

  • Les cadres ont été construits par la société française CYFAC.
  • Les pneumatiques donnés par HUTCHINSON en partenariat.
  • Les sacoches fournies par l’allemand ORTLIEB en partenariat.
  • Une partie des accessoires provenait de SHIMANO France.
  • Le bilan a été réalisé sur 101 vélos et deux tandems.

Les cadres


Conçus pour des roues de 26’’ en acier Zona (soudé TIG) avec fixations de garde-boue et porte-bagages, les cadres on été construits par la société Cyfac.

La fourche est en acier avec un pivot de 1’’1/8 avec tasseaux brasés et fixations porte-bagages surbaissés.

Les cadres ont donné entière satisfaction. Trois qualités, indispensables pour ce type de périple, ont été relevées par les participants :

  • Une bonne tenue de route,
  • Un réel confort,
  • Une grande solidité.

Problème rencontré : il est dû principalement au fait que lorsque le vélo était posé sur sa béquille, le poids des sacoches provoquait le braquage brutal de la roue avant.

Le câble tendu du frein avant entrait en contact avec la gaine du dérailleur provoquant rapidement le bris de l’embout de gaine au niveau de l’arrêt de gaine. Sur 80 % des vélos, les embouts ont été changés, au moins une fois et pour certain plusieurs fois.

Comme les embouts d’origine étaient en plastique nous avons pensé les renforcer avec des embouts métalliques. Ce n’était pas la solution car cela provoquait la rupture de la gaine.

Suggestion : afin de donner plus de souplesse à la gaine, les arrêts de gaine auraient du être soudés sur le tube diagonal à au moins 5 cm de l’axe du tube de direction.

Les roues


Shimano M 565 26’’: option excellente quant à la rigidité et la solidité (Axes, jantes et rayons). Sur les 118 étapes, il a été procédé au remplacement de 10 roues arrière.

Deux causes principales : d’une part la déformation des jantes due aux passages sur de très mauvaises routes dans certaines étapes. Changement effectué pour la plupart sur des vélos dont les utilisateurs avaient une forte corpulence.
D’autre part le changement du à l’usure des flans de la jante, conséquence du freinage avec apport de sable sur les pistes boueuses notamment au Kazakhstan.

Deux roues avant ont été changées suite à des passages dans des tunnels mal éclairés. Notons que nous n’avons connu aucun problème de rayonnage.

Le Groupe


Shimano Tiagra+ montage mixte. D’un bon rapport qualité prix, Les composants ont donné satisfaction tout au long du parcours.

Jeu de direction aheadset : sur 20 vélos, seul le roulement inférieur a été endommagé du fait, semble-t-il, du chargement du vélo à l’avant (sacoches latérales et sac de guidon). Les 15 jeux de roulements prévus en maintenance ont été utilisés.

Levier de freins avec passage de vitesse intégré STI. Excellent fonctionnement. Seulement 3 leviers ont été remplacés sur le parcours (casse de ressort interne)

Dérailleur avant triple : aucun problème constaté.

Dérailleur arrière à grande chape : très bonne tenue, aucune usure dans les axes. Constat: à cause des conditions difficiles du au kilométrage important (12680 km) les galets étaient tous à changer à l’arrivée.

Cassette Ultégra : 9 pignons (12-27). Toutes les cassettes ont tenu sur la totalité du parcours. Aucune d’entre elles n’as été changée. Ce constat provient du fait que les chaines ont été changées régulièrement avant qu’elles ne détériorent les pignons et les plateaux.

Chaînes Ultégra : elles ont été remplacées en totalité pour la première fois entre 5000 et 6000 km. Il a été nécessaire d’effectuer un deuxième changement sur 1/3 des vélos entre Xi’an et Pékin soit entre 10500 km et 12000 km.

Roulements de pédaliers Tiagra : un réel problème mécanique constaté. Bien que l’expédition ait subi de mauvaises conditions météorologiques (neige, pluie, boue, vent de sable) il paraît anormal que 70% des roulements aient été détériorés. Le premier remplacement a du être effectué après 5000 km.

Pédales mixte : Shimano A530. Bon concept pour ce genre d’expédition. 4 paires ont du être remplacées (bruit et jeu dans l’axe.)

Étriers de frein : 50 % Shimano R550 et 50% marque Tektro du fait de la rupture de stock et la non livraison de Shimano France. Aucune défaillance constatée sur les ressorts de tension ni sur les étriers.

Patins de frein : usure normale, accentuée sur les pistes boueuses par le sable. Les patins ont été remplacés à 2 reprises.

Cintre Easton EA30 : 3 positions (montage d’un guidon plat à la demande) Bon choix de ce guidon anatomique. Aucune rupture constatée.

Potence Easton EA30 à 4vis : rien à signaler.

Tige de selle Easton : bris de 4 vis de serrage constaté.

Porte-bidon TA : très solide, aucune casse à déplorer.

 

Les accessoires

Sacoches Ortlieb : les sacoches latérales ont donné entière satisfaction quant à leur très grande étancheïté. Aucun défaut n’est à signaler.

Sac fixé sur le porte-sac arrière : fragilité du tissu servant de couvercle. Vingt-deux sacs ont été déchirés.Douze ont été remplacés,  dix non changés par manque de stock.

Selle Sportourer gel flow : toutes les selles se sont décollées au bec. Un produit mal conçu surtout au niveau du collage du bec de selle. (Voir photo ci-contre). Inadmissible !

Garde-boue SKS : bonne résistance dans l’ensemble. Remplacement d’une dizaine de garde boue pour raisons diverses (branches, coupures…).

Éclairage Jos Spanninga : petits boîtiers à piles alcalines. Éclairage très efficace mais ayant peu servi. Rien à signaler. 

Béquilles BBB : matériel fragile par rapport au poids du vélo. Quinze béquilles ont du être remplacées et  dix vélos ont terminé sans béquilles.

Pompe : mini pompe BBB, pratique mai peu efficace.

Compteur Cyclosport : solide et fiable. 

NB : chaque participant avait la possibilité d’utiliser sa selle et ses pédales personnelles. Trente-cinq cyclotouristes ont choisi cette option et dix-neuf ont choisi l’option d’un guidon plat.

Les tandems


Les deux  tandems (Cannondale Touring) dont un avec un passager non-voyant (Gérard Muller) étaient bien adaptés pour ce type de périple.
Les chaînes ont été changées une fois comme pour les vélos. Le problème majeur est venu des jantes des roues arrière (Mavic) beaucoup trop fragiles (deux changements de jantes effectués).

La tension des rayons perforait la jante au niveau des œillets. Un apport de nouvelles jantes plus solides nous a permis de rayonner quatre roues et permettre la progression des tandems.

Au total : environ 250 heures de maintenance par Claude Galvaing et 25 heures supplémentaires par Gil de Guglielmi + assistance des groupes sur le parcours.

 

Bilan des pneumatiques

Deux modèles ont été choisis : City slick en première monte puis Acrobat 1’35’’.

Dès le début de l’expédition, les crevaisons ont été nombreuses. Tous les participants s’accordent à reconnaître que le fait de rouler en peloton avec des vélos équipés de sacoches ne facilite pas le choix de sa trajectoire.

En conséquence, il n’était pas aisé d’éviter les trous ou les débris de verre.

Les pneus City-slick


Après 2000 km parcourus, les randonneurs signalent l’apparition de hernies, nécessitant le remplacement du pneu.

Il s’est avéré que (peut-être par crainte) tous les pneus étaient trop gonflés (5 bars). La consigne fut donnée de réduire la pression en argumentant que si nous avions conseillé ce genre de pneu, c’était dans un souci de confort et qu’il ne servait à rien d’essayer d’obtenir un meilleur rendement avec ce genre d’enveloppe.

Cette consigne suivie par un certain nombre de cyclotouriste a réduit l’apparition de hernies et limité par la suite les crevaisons.

Malgré cette précaution, la mise au rebus de pneus déformés dont la bande de roulement était presque intacte a continué. Précisons que malgré ces problèmes, trois pneus de ce type ont parcouru les 12 600 km.

La longévité

  • 25 % des pneumatiques ont fait entre 2 000 km et 3 500 km,
  • 50  % entre 35 00 km et 6 000 km,
  • 25 % des participants ont dépassé les 6 000 km,
  • 3 pneus ont parcouru 12 600 km.

En collaboration avec quelques cyclotouristes, nous avons essayé, au vu de pneus mis au rebu, de déterminer l’origine de la formation des hernies : 

Premier constat : à l’intérieur du pneu 3 ou 4 fils étaient coupés et permettaient ainsi à l’hernie de se former. Ces coupures étaient souvent dues aux crevaisons par morceaux de verre. Nous avons pensé, peut être à tort, qu’avec une pression réduite les fils auraient résisté. Ce fut certainement le cas pour les 25 % qui ont dépassé les 6 000 km.

Deuxième constat : à l’intérieur de certains pneus, les fils étaient désolidarisés de leur tissage comme s’il y avait eu une réaction chimique de décomposition due au produit injecté dans les chambres à air. Ce phénomène de fils décollés s’est aussi produit avec la seconde série de pneumatiques (3 pneus).

Troisième constat : dès le départ, des chambres à air exemptes de produit auraient été préférables à celles fournies avec le produit. Nous avons constaté que lors d’une crevaison (apparition du produit bleu) il ne fallait pas changer systématiquement de chambre à air mais regonfler (à condition que la crevaison ne soit pas trop importante). C’est le seul intérêt de ce produit, lequel n’était adapté aux protagonistes de Paris-Pékin. Dès que ceux-ci étaient victimes d’une crevaison, ils réparaient en changeant la chambre à air.

Les pneus Acrobat 1’35’’ (de plus petite section)

Cette série conçue pour le VTT est beaucoup plus robuste que les « city slick ». Aucun problème à signaler si ce n’est l’usure normale. Seulement trois pneus se sont déchirés sur le flanc.

Tous les autres ont roulé de 5 à 7 000 km. Ce modèle de pneus est à conseiller aux grands randonneurs et autres aventuriers à vélo.

Bilan des crevaisons 

14 % des participants ont crevé moins de 5 fois, 73 % des participants ont crevé entre 5 et 10 fois, 11 % des participants ont crevé entre 11 et 15 fois, 2 % des participants ont crevé plus de 15 fois.

Le matériel de bivouac

Un très grand merci à TIPI et Anthony Damaisin qui nous a fourni gratuitement le matériel de camping pour les 120 participants : tables en aluminium, lits pliants, couverts, jerrican souple 15 l, douches solaires avec douchette, pochettes étanches, draps, couvertures de survie, matelas mousse, lampes frontales, lanternes, sacs couchage duvet, et tentes 6 personnes. Ainsi que 120 sac à dos eau de 2 l.

 

Revivez de l’intérieur cette fabuleuse épopée à vélo à travers les différents épisodes que nous vous proposons sur Cylomag.

Épisode 1 : Cliquez ici
Épisode 2 : Cliquez ici
Épisode 3 : Cliquez ici
Épisode 4 : Cliquez ici

Toutes les infos sur www.parispekinavelo.com

Texte et photos : Henri Dusseau
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