Rétro : Paris-Pékin à vélo 2008, la croisière verte (épisode 22)
Notre expérience, et peu de gens auront parcouru près de 4 000 km en Chine en vélo, nous permet de dire que si ce pays étonne c’est aussi par la quantité de travail fournit et en même temps par la gentillesse de ses habitants. Nous avons fait des milliers de rencontres, jamais nous n’avons trouvé un Chinois ou une Chinoise désagréable !
Etape 105 : Xian – Weinan
Samedi 19 juillet 2008
77 km – Dénivelé : 464 mètres
Départ : 8 h – Arrivée : 14 h
CHINE
Dans les traces du Xi’an Pékin
C’est ce matin que nous entamons la deuxième partie de notre Paris Pékin, nettement plus courte. Les « Xi’an » comme on les appelle dorénavant, ont une avance de 24 heures « chrono », ils nous ouvrent la route. Quant à notre groupe, nous sommes accompagnés par une centaine de cyclos Chinois, qui vont également à Pékin. Nous ferons route commune encore demain. Désormais un bus nous accompagne parallèlement, son but faire visiter le pays à une quinzaine de d’épouses ou de compagnes venues nous rejoindre pour effectuer la fin de parcours. Tous les rouages et les mécanismes de la « machine » semblent n’avoir subi aucun problème particulier !
Notre témoin du jour est : François Hennebert du Cyclo Sport Provencal, d’Aix en Provence dans les Bouches du Rhône (13).
J’ai passé aujourd’hui un excellent anniversaire – 62 ans – sur une route de rêve pour un cyclotouriste. Nous avons traversé 5 ou 6 villages, ou les villageois, notamment, font battre leur blé par les véhicules qui traversent le bourg.
J’ai pu mettre, comme chaque jour, en application un premier principe qui m’est cher dans cette expédition : toujours lever la tête et ouvrir les yeux. Le second principe appliqué, est : tout ce qui m’est arrivé ou tout ce qui m’arrive en positif ou en négatif est mille fois mieux que d’être dans mon fauteuil, en train de regarder la télévision.
Pour moi ce très long passage en Chine est le cerisier sur l’énorme gâteau de mon plaisir, en particulier notre traversée du Kazakhstan et du Kirghizistan.
En effet le contact avec la quasi-totalité de la population est facile, chaleureux, décontracté et simple. En croisant n’importe qui, un simple un sourire, celui-ci vous est immédiatement et systématiquement rendu. Ce matin, une mère de famille a glissé son enfant dans mes bras pour qu’il soit photographié avec moi ! Cela donne une impression de confiance totale entre humains ! Après une surveillance (protection) policière dans certains pays de l’ex URSS, nous pouvons, en Chine pratiquer le cyclotourisme et la visite des villes, en totale et entière liberté, jour et nuit.
Je ne souhaite pas terminer ce témoignage sans dire que si « mon » Paris Pékin s’est très bien passé, je le dois aussi à toute l’équipe de la logistique qui nous entoure : sur le terrain et à Paris. Pour partager mes émotions et mes impressions plus compètes sur cette histoire incroyable, vous pouvez me retrouver sur :
http://velo.hennebert.fr
Journée de repos à Xi’an
Vendredi 18 juillet 2008
CHINE
Bis repetita encore une journée de repos !
Nous n’avions jamais eu depuis notre départ de Paris le 16 mars dernier, deux jours consécutifs de repos. Nous avons donc profité de cette véritable coupure pour satisfaire à diverses occupations. Les chauffeurs des véhicules Ivéco ont, quant à eux, profité de cette aubaine pour rendre visite au concessionnaire du même nom, pour l’entretien de leurs véhicules qui ont beaucoup souffert.
Le soir, la grande majorité du groupe, s’est rendue à l’opéra pour assister à un spectacle ou l’Art Chinois, sa poésie, sa sensibilité et sa richesse ont été démontrés avec talent, grâce et émotion.
Notre témoin du jour est :
Bernard Monnin du club Les cyclos de Chartreuse de Saint Laurent du Pont dans l’Isère (38).
Cette deuxième journée de repos à Xi’an a été la bienvenue car les visites de la veille ont été, pour moi, assez fatigantes. Visites que j’ai beaucoup appréciées, et dont je n’ai pas à faire l’éloge ce jour.
Aujourd’hui donc, je me suis vraiment reposé et j’ai pris du temps pour être avec ma fille, arrivée la veille à Xi’an, pour participer au séjour touristique de Xi’an à Pékin. Nous avons flâné dans la vieille ville et fait quelques achats dans les échoppes de souvenirs pièges à touristes !
Après le repas pris en dehors de l’hôtel nous hébergeant, nous avons assisté à une soirée à l’opéra de Xi’an. Spectacle court -1h15- et d’une qualité exceptionnelle, tant pour les costumes, que pour les décors et les artistes. De la danse, des ballets, présentant des costumes et des instruments de musiques anciens et traditionnels en Chine sont venus nous charmer avec un spectacle très poétique.
J’ai apprécié en particulier une séquence mettant en scène 6 musiciens, qui avec des instruments à percussion et des cymbales, se sont lancés dans un numéro ou chaque musicien donnait un rythme différent en une sorte de dialogue plein d’humour avec l’un ou avec les autres.
Tous les participants de Paris-Pékin, qu’ils soient sur le vélo ou dans l’accompagnement sont les pièces d’un puzzle, pièces disparates, qui n’ont qu’un point commun : la passion du vélo. Reste à savoir quelle sera l’image de ce puzzle reconstitué à l’arrivée ? J’espère que cette image du cyclotourisme, de notre Fédération et de la France, transportée à l’autre bout du monde, sera belle et restera gravée dans la mémoire de tous ceux qui s’y sont intéressée.
Je souhaiterai que cet itinéraire de Paris-Pékin, tracé et bientôt terminé, soit un fil d’Ariane d’union et de paix entre les pays traversés et les peuples rencontrés. Je voudrais que toutes les routes qui finalement ne mènent pas toujours qu’à Rome, soient pour tous les baroudeurs de tous les pays du monde un trait d’union et d’amitié.
Journée de repos à Xi’an
Jeudi 17 juillet 2008
CHINE
Une journée gigXIANtesque !
Le voyageur qui vient de si loin ne peut être qu’un ami !
Confucius
Nous attendions tous Xi’an, car nous savions que nous finissions la première partie de l’expédition et que ces deux jours de repos seraient différents. Rencontre avec nos cadets de «Xi’an Pékin», l’arrivée d’une dizaine d’épouses ou de compagnes, deux jours de repos consécutifs dans la même ville, visites et festivités diverses.
Tout a été différent en effet. Dès 9h trois cars ont été mis à notre disposition pour la journée. Première visite de la ville de Xi’an (8 millions d’habitants), à la pagode des oies sauvages. Lieu de repos, de détente, de calme et de silence. Notre guide nous explique, en Français, ce qui peut être considéré comme une façon de vivre pour la plupart des chinois : arriver à l’équilibre entre le Yang et le Yin, vivre Zen, suivre la philosophie Bouddhiste, qui n’est pas d’origine Chinoise, mais qui est reconnue et très respectée.
Deuxième visite, permettant à l’Etat de nous présenter dans un show room impressionnant la fabrication et la vente de superbes articles en Jade.
Puis direction vers le site de l’armée enterrée, à 45 km de notre hôtel. Découvert par hasard en 1974 par un paysan qui creusait un puit, ce site aménagé, comme savent le faire les Chinois, permet de recevoir une douzaine de millions de visiteur par an.
Les aménagements sont plus fonctionnels qu’esthétiques. En revanche, l’objet de la visite est vraiment extraordinaire et mérite le voyage. 3 heures sont nécessaire pour admirer et tenter de comprendre la mégalomanie ou le génie de l’empereur Tchin Shu Ruangdi, qui a enterré des milliers de statues de soldats, en tenue de combat, au IIIe siècle avant Jésus Christ !
Chaque fois qu’une salle était terminée et recouverte d’un plafond, lui-même couvert de terre, il faisait entrer tous les artisans ayant participé à cette œuvre, et fermait la salle définitivement, pour éloigner tous témoins de cette croyance en l’éternité !
Le Président Chirac, nous a-t-on dit plusieurs fois, considérait à cette découverte comme la 8ème merveille du monde.
Les fouilles continues et il est probable que lors de notre prochaine visite, dans une vingtaine d’années, beaucoup de questions qui se posent encore aux archéologues seront résolues.
Notre journée s’est terminée en apothéose par un dîner officiel et par une cérémonie sur les remparts de la ville ou le Maire de Xi’an a remis au Président Dominique Lamouller les clés de la ville et à Jean-François Dérégnaucourt, chef de l’expédition un parchemin. Le tout, en musique, avec danse et spectacle. Longtemps après minuit, nous étions encore sous le charme de cette surprenante journée.
Notre témoin du jour est : Lionel Barbotin du club : La roue Marquettonne de Marquette en Ostrevant dans le Nord (59).
Je participe à une magnifique expédition, certes nous avons eu rencontré beaucoup de difficultés : neige, pluie, froid, chaleur, bivouacs improvisés, ce qui m’a occasionné quelquefois un peu de nostalgie quant à ma famille. C’est normal, mais l’ambiance qui s’est créée au fil du le temps, nous a fait oublier toutes ces contraintes et le franchissement de cols à plus de 3 000 mètres a été pour moi un moment merveilleux.
Aujourd’hui nous sommes à Xi’an, là où la découverte des soldats enterrés est impressionnante. Les vacances commencent il ne nous reste plus que 1 200 km à parcourir. Les jeunes et les nouveaux arrivants, partageront un peu de notre expérience, mais je crains qu’ils ne profitent pas comme nous, de nos merveilleux contacts et l’ambiance trouvés lors de nos traversées des 14 pays différents.
Mon souhait le plus fort est que nous arrivions tous ensemble à Pékin, pour verser des larmes de bonheur et d’émotion sur la Grande muraille. Si c’était à refaire, je le referais comme cyclo ou comme encadrant bénévole, pour faire bénéficier à d’autres de cette unique et extraordinaire expérience.
Le témoin du jour :
Dominique Lamouller, président de la Fédération
Pour la première fois, les 262 cyclotouristes sont réunis à 21 h ou trois représentants de la FFCT sont pris en charge par la ville de Xi’An. Tous les cyclotouristes suivirent dans 7 bus et furent amenés à la porte principale de la ville. Face à des remparts majestueux qui entourent cette ville impériale sur 14 km, nous sommes tous accueillis par une cérémonie majestueuse. Sous des flots de musique et de lumière, de nombreux soldats de l’empire et de nombreux princes et princesses nous reçoivent avec le faste de l’empire. C’est l’émotion et l’émerveillement pour tous. Le président de la FFCT reçut alors les clefs de la ville de Xi’An. Jean-François Derégnaucourt reçut le visa impérial. Paris-Pékin est ainsi devenu Paris-Xi’An-Pékin.
Nous pouvons alors pénétrer sur un large tapis rouge et sous une haie d’honneur les larges fortifications et la porte de la ville. Tout se termine dans la cour impériale du palais des ‘Cloches’ sous le grondement des tambours.
Tous les cyclotouristes sont devenus des citoyens de fait de la ville de Xi’An. Nous avons eu ici une belle cérémonie d’ouverture confirmant l’amitié entre les peuples.
Etape 104 : Fufeng – Xi’An
Mercredi 16 juillet 2008
109 km – Dénivelé : 282 mètres
Départ : 9 h – Arrivée : 17 h
CHINE
La rencontre avec les Xi’an Pékin !
Avant le départ, nous avons commencé notre matinée par une séance photo. Vue d’ensemble, de chaque groupe, de l’équipe cuisine, de ceux qui chargent et déchargent les camions et de l’équipe de la logistique. Ces prises de vues ne sont pas faciles à organiser car nous avons besoin de la présence de tous et de grandes surfaces au sol pour pourvoir organiser le déploiement de 120 personnes et sept véhicules.
Tout le monde se souviendra longtemps du dernier bivouac, excellent dîner, projection des vidéos de notre expédition, feu d’artifice et feux de camp.
A noter hier après midi, un léger accrochage entre le 20 T de Jean-François et une voiture, qui est venue, en manoeuvrant à reculons s’écraser contre le pneu arrière droit du camion ! Cet incident a bloqué pendant cinq heures JFD, Brigitte, Enrique, co-pilote et notre traductrice, car il a fallu se rendre au commissariat de police, pour régler le constat, les problèmes d’assurance et attendre le verdict de la police, qui a prononcé officiellement la totale responsabilité du chauffeur Chinois. Il faut dire que la circulation devient de plus en plus intense, nous roulons désormais dans des zones péri urbaines ou villages, petites et grandes villes se succèdent. Les piétons, les tricycles, les vélos et tout ce qui roule, ayant des logiques de circulation assez incompréhensibles pour les chauffeurs. Nous redoublons d’attention et roulons très lentement.
Notre arrivée à Xi’an sonne la fin de la première partie de « notre » périple Paris-Pékin. Dès ce soir, de nouvelles personnes vont se joindre à nous jusqu’à Pékin (pour nous, ce sera deux cyclotouristes et une dizaine d’épouses ou de compagnes), et surtout un groupe important de plus de 150 participants, dont une trentaine de jeunes adolescents de toutes les régions de l’Hexagone et de l’île de la Réunion qui vont prendre la route en vélo pour certains ou en car pour d’autres, nous précédant de 24 heures, pour rejoindre Pékin. Nous sommes persuadés que ces nouveaux venus apporteront une sensation nouvelle en fraîcheur et en esprit, bénéfique pour les deux groupes.
Notre témoin du jour est :
Jean-Jacques Skubiszewski du Club Cyclo de Ensisheim dans le Haut-Rhin (68).
Cette étape suit le dernier bivouac, qui s’est très bien passé, et selon moi a été fort réussi en particulier le dîner, puis la présentation des vidéos par l’équipe de reportages, le feu d’artifice et un feu de camps pour clôturer. Soirée trop courte hélas, mais nécessité oblige, ce matin nous devions pédaler nos kilomètres quotidiens.
Etape classique, très peu vallonnée, ce qui est une bonne surprise par rapport aux deux précédentes. Le temps est gris et nous ne voyons plus le soleil depuis quelques jours. Nous avons traversé de très nombreux villages, très animés avec des gens qui vivent dehors et qui sont curieux de tout et très bon public. Un bain de foule permanent qui nous a réjouis. Etape importante également car nous réalisons la jonction avec le groupe Xi’an-Pékin, ce qui pour moi est particulier car je devais être participant à ce dernier en lieu et place de Paris Pékin.
La chance m’a permis de réaliser cet exploit que je jugeais impossible. Et je prends conscience de ce que j’ai appris, pendant ces 4 mois : gestion de la pratique du cyclotourisme, de la vie en groupe, de mon organisation personnelle et des contraintes d’un effort répété, par tous les temps et dans toutes les conditions.
Inscrit dans cette expédition, un peu pour faire plaisir à mon président de club, je n’ai pas trop réfléchi pour donner mon accord. Je me rends compte maintenant que j’ai pris cette décision peut être inconsciemment pour relever un défi et il me faudra probablement plusieurs semaines pour réaliser que moi, modeste cyclotouriste, j’ai pu participer à la plus grande randonnée de tous les temps.
J’ai du aussi prendre sur moi, un bonheur et une catastrophe, la naissance et le décès de mon petit fils. Cette tragédie personnelle, m’a donné la volonté et l’énergie de participer et je l’espère d’arriver. Je devais cela à ma famille, à mon club, à mon village, à mon département et à ma chère Alsace.
Un seul regret, notre difficulté pour coopérer avec les capitaines de route, car nous aurions du pouvoir vraiment devenir des amis et des complices et malheureusement ce ne sera pas le cas.
Une bonne surprise : la qualité et la fiabilité de notre vélo qui a beaucoup souffert.
NDLR : « Paris Pékin est un enjeu majeur pour la FFCT et pour ses participants. Le but pour nous étant de conduire 115 personnes à bon port dans les conditions les meilleures. Tous les moyens mis en œuvre ont été choisis pour la sécurité et le confort de chacun qu’ils soient humain ou matériel. Chaque participant a signé avec moi un contrat de moralité qui s’appuyait sur ces contraintes « fortes » caractérisant l’expédition. Tout le monde a été prévenu de ce contexte et de son organisation. Il ne fallait donc pas oublier cela en cours de route. Certains, dès le départ, n’avaient pas intégrer ces conditions et nous savions qu’il en serait ainsi. Le rôle des participants, des responsables sur la route, de la logistique, des travailleurs de l’ombre, a été clairement défini avec la complexité qui accompagne une telle organisation. Pour que cela fonctionne chacun se devait de partager et d’accepter les missions et les responsabilités des autres.
Il est évident qu’en ne faisant pas cette démarche l’un vers l’autre de ce partage, il y ait des écarts anormaux et des problèmes relationnels. Cette situation qui tient du domaine de la psychologie était inévitable. Nous devons donc accepter la responsabilité commune de cette situation avec les capitaines de route et cesser ce harcèlement moral stérile. Ceci ne m’empêchera pas de dire que cette situation a contribué à la réussite d’un rêve individuel pour les cyclotouristes, d’un rêve collectif pour tous ceux qui se sont «décarcasser» bénévolement pendant 2,5 ans et veiller au bon fonctionnement, ainsi que pour tous ceux qui ont rêvé en lisant vos aventures sur le NET.
Avec toutes mes amitiés et mes félicitations aux 101 cyclotouristes qui sont aux portes de Pékin sur la route de la soie pour notre plus grand bonheur à Tous. Mes encouragements à l’équipe d’encadrement pour toutes les missions lourdes qu’elle devra assurer durant les 2 prochains mois. »
Dominique Lamouller, président de la Fédération française de cyclotourisme
Etape 103 : Longxian – Fufeng
Mardi 15 juillet 2008
95 km – Dénivelé : 852 mètres
Départ : 7 h 45 – Arrivée : 16 h 45
CHINE
De l’improbable et l’incroyable peut surgir une nouvelle vie impensable et inattendue
Amandine de Bournes
Une excellente occasion de mettre à l’honneur aujourd’hui ceux qui dans l’ombre depuis le 16 mars assurent la préparation, la réalisation et le service lors des bivouacs, les petits déjeuners, les dîners et quelquefois la confection et le service du pique nique ou du repas de midi : le chef cuisinier officiel, traiteur de son métier : Jean-Claude Marendon et une équipe de cyclos volontaires extêmement dévouée, compétente, énergique et dynamique sous la houlette de Barbotin Lionel (Traiteur) et composée de : Arpin André (assureur), Bacho Paul (Physiothérapeute), Giroux André (Informaticien), Tisserand Serge (Retraité EDF) et Wuyts Marc (Vétérinaire) qui, dès l’arrivée à l’étape, alors que les autres se reposent, prennent en main la préparation des repas.
Ce soir pour terminer en beauté ils ont acheté des moutons, les ont découpés, préparés, mis en brochette, et serviront un dîner de gala avec feu d’artifice et projection des vidéos de Paris Pékin, par Julien et Adrien.
Un feu de camp avec chants et histoires terminera notre première partie de Paris Pékin. Dès demain en effet les compagnes de cyclos viendront se joindre à nous chaque soir et l’ambiance sera certainement bien différente.
Pourquoi pas encore mieux ?
Notre témoin du jour est :
Martine Gothon du Vélo-club d’Annecy en Haute-Savoie (74).
Nous sommes partis ce matin sous un ciel gris et chargé, avec une humidité importante. Rapidement, après quelques kilomètres, la route qui longe le lac nous plonge dans une atmosphère calme et reposante. Nous remarquons des cultures maraîchères sur de minuscules lopins de terre, et un important transport de briques dans des charrettes bondées.
Puis, une côte sévère d’environ 4 km, entre 10% et 13%, nous rappelle que nous sommes dans une région montagneuse. Une vue superbe sur les alentours nous rassure : « ça va encore grimper entre les cultures en terrasses verdoyantes ».
La deuxième partie de l’étape nous fait traverser des villages où les marchés attirent une foule grouillante et colorée. Nous nous faufilons dangereusement au milieu d’un concert de klaxons et d’une circulation dans tous les sens.
Sur la route, j’ai remarqué de nombreux mûriers, j’espère que nous allons enfin voir de la soie !
À l’arrivée, grosses caisses, scènes de costumes traditionnels nous accueillent sous un soleil radieux.
Et pour notre dernier bivouac, les organisateurs nous préparent une soirée spéciale
« inoubliable »!
Pour moi, la route vers le Soleil Levant est longue, mais aujourd’hui j’entrevoie enfin la lumière.
Etape 102 : Pien Lang – Qian Yang
Lundi 14 juillet 2008
150 km – Dénivelé : 56 mètres
Départ : 8 h – Arrivée : 17 h 30
CHINE
Liberté, Egalité, Fraternité
La devise de la République Française
Une journée difficile et superbe !
Tout avait bien commencé. Quelques minutes avant le départ, évocation simple et pédagogique du mot Liberté, par Jean-François, à l’occasion de notre fête nationale, ponctuée par une Marseillaise chantée à l’unisson.
Ensuite sur la route se sont enchaînés les péripéties, cols inattendus, piste encore moins attendue, et indications kilométriques transmises par le responsable Chinois, complètement fantaisistes.
Il n’y a rien de plus agaçant pour un cyclotouriste de ne pas savoir où il va, combien il doit faire et combien il lui reste de kilomètres à parcourir.
En réalité cette l’étape n’avait jamais été reconnue, au point que le ville étape a été changée à la dernière minute, et est devenue la pose du repas de midi. Certains souhaitaient proposer un carton « jaune » à nos encadrants Chinois.
Heureusement, cet « énervement » a été compensé par un paysage et la vision d’un type de vie très nouveau pour nous. Nous sommes en pleine terre musulmane, (135 millions de musulmans recensés en Chine) dans une région autonome (il y en a cinq dans le pays) qui s’ouvre à l’étranger depuis très peu de temps. Ici encore l’étonnement est partout. Notre invitée relate d’ailleurs très bien cette journée, ce qui me permet de la laisser s’exprimer.
Malgré les aléas du quotidien, la robustesse de notre groupe vient du fait que tout le monde a compris que notre force résultait d’être ensemble.
Notre témoin du jour est :
Peretti Paule de l’amical cyclos d’Orcet dans le Puy-de-Dôme (63)
Partis à 7 h 30 sous un ciel menaçant, après avoir chanté la Marseillaise, 14 juillet oblige. Nous avons longé une route bordée de cultures d’un côté (maïs) et de l’autre une gigantesque centrale électrique au charbon d’où sortait la vapeur d’eau par quatre cheminées géantes. C’était très roulant jusqu’au moment où nous avons tourné à droite, et grimpé notre première bosse assez sévère, 200 m en quelques kilomètres.
Après avoir quitté la ville nous retrouvons une campagne bordée de maisons en briques avec une mosquée et croisons des paysans musulmans avec leur coiffe blanche pour les hommes et une petite toque pour quelques femmes. La montagne de chaque côté est couverte de feuillus. Puis la route devient de plus en plus mauvaise, nous dansons la carmagnole sur les trous, les ornières et dans la boue, cela pendant vingt kilomètres.
Dans le creux de la montagne des maisons troglodytes, dans l’une d’elle une femme fait des pâtes, son habitation consiste en deux pièces, une cuisine et une chambre, plus loin une maison abandonnée où se trouve un lit et un âtre en briques sous le lit pour chauffer.
C’est une autre Chine que nous découvrons : après les grandes villes qui évoluent très vite, des bâtiments neufs, des autoroutes, des pistes cyclables géantes, nous nous trouvons dans la Chine profonde. Les campagnes évoluent toujours lentement dans n’importe quel pays du monde. La population est curieuse mais réservée à notre encontre, car il semble que peu d’Européens viennent dans cette contrée.
Après un rassemblement nous nous retrouvons dans un village avec un grand chantier en construction et une exploitation de charbon, plus loin une exploitation de poterie.
Au sortir de ces zones industrielles nous avons du franchir un tunnel routier de plus de 2 km. Le plan sécurité C/123, ayant été appliqué à la lettre, nous n’avons eu aucun problème. Pour le second tunnel, plus court (500 mètres) nous nous sommes débrouillés seuls, et cela a été plus fun.
Nous déjeunons dans une petite auberge et continuons notre petit bonhomme de chemin. Nous repartons et en milieu de parcours nous passons devant un collège où des centaines d’enfants nous interpellent et nous applaudissent, cela nous fait chaud au cœur.
14 juillet, liberté, égalité, fraternité. La Chine pays frère, pays où je me sens bien, toutefois cette étape a été difficile, 150 km au lieu de 120, la pluie, des bosses, une piste comme route mais j’ai eu une autre approche de la Chine :
Qiu Ying : La Montée au pavillon de l’Epée
« En haut, le Soleil sur son char s’en retourne vers les sommets ;
En bas, les flots s’engouffrent dans le fleuve sinueux.
(Même) les grues en vol ne parviendraient pas à surmonter (cette passe) ;
Les singes (de nature si habiles) s’inquiéteraient pour traverser les eaux en se tenant par la main.
A Qingni, que de méandres !
Tous les cent pas neuf virages s’enroulent sur les pics escarpés.
(Les exilés) se hissent vers les astres, gorge béante ils ouvrent leurs poumons ;
(Les voyageurs) s’assoient, en se tenant la poitrine ils soupirent longuement.
Je vous demande, quand reviendrons-nous de ce voyage oriental ?
Je crains un chemin trop abrupt pour le gravir (…) »
Li Bo, De la Difficulté du chemin vers Shu »
Etape 101 : Jining – Pien Lang
Dimanche 13 juillet 2008
107 km – Dénivelé : 835 mètres
Départ : 8 h – Arrivée : 14 h
CHINE
Un dimanche ordinaire
6 h ce matin, le bivouac installé à l’intérieur d’un collège se réveille. Nous déjeunons à 6h 30 tous les matins et il y a fort à faire pour tout remettre en place. Hier soir l’équipe cuisine s’est mise en quatre pour nous servir un excellent repas.
En ce dimanche ordinaire, au même moment des élèves arrivent au collège, les professeurs aussi ! Nous croyons rêver. Nous avons appris que ce sont des élèves en difficultés, qui viennent recevoir des cours de soutien ! Un peu comme en France, je crois !
Nous prenons la route. Une montée assez sèche, sur une route en travaux est abordée tranquillement. Les ouvriers s’activent et avec peu de machines, construisent des murs de soutènement gigantesque. Murs d’une autoroute en construction à travers une vallée très secondaire. Le trafic des camions est intense, peu de voitures.
Dans les champs les paysans s’activent, dans les villages les commerces son ouverts et dans les petits bourgs traversés des dizaines de grues s’agitent, pour apporter matériel et briques aux ouvriers du chantier. Partout ce n’est qu’activité et travail. Le dimanche ne semble pas être un jour de repos les autres jours non plus d’ailleurs. Mystère de ce fascinant pays, où toutes les idées reçues volent en éclat où la théorie de la misère généralisée, sauf dans l’est, est loin d’être vérifiée.
Notre expérience, et peu de gens auront parcouru près de 4000 km en Chine en vélo, nous permet de dire que si ce pays étonne c’est aussi par la quantité de travail fournit et en même temps par la gentillesse de ses habitants. Nous avons fait des milliers de rencontres, jamais nous n’avons trouvé un Chinois ou une Chinoise désagréable ! Jamais. Hier notre ami Gérard notre non voyant, est allé au restaurant. Devant sa difficulté à déguster une fondue Chinoise, la patronne s’est spontanément mis à sa disposition, l’a accompagné et fait manger avec délicatesse et gentillesse durant tout le repas. Gérard n’avait jamais vu cela !
Notre témoin du jour est :
Patrick Rossignol du club Association de loisirs et action culturelle de Carquefou, section cyclotourisme dans la Loire-Atlantique (44).
Pour commencer, je dois dire combien je suis heureux de rouler de nouveau en vélo après trois jours de pénitence dans le camion, suite à une luxation de l’épaule, conséquence d’une chute malencontreuse au restaurant !
Au moment du départ, ce matin nous avons droit à une séance inattendue d’aérobic, dirigée par une jeune chinoise, au son de la musique diffusée dans le collège.
Le ciel est gris, le temps est brumeux, avec un brin de pollution, au sortir de la ville de Jining (1 640 mètres) Ce ne sera pas, hélas, une journée propice à la photo. Une première montée, sorte de petit col, permet aux plus véloces de se faire plaisir. En ce début d’étape, nous pouvons voir et dominer une importante briqueterie, précédée d’une cimenterie, en pleine activité. Passés ce col, nous commençons une descente dans une plaine d’altitude, aux cultures multiples et variées où l’on pratique le maraîchage sous serre. Celles-ci ne sont plus en terre et briques, mais semblables aux nôtres, avec des arceaux en bambou. Je remarque également des travaux gigantesques de consolidation de pans de montagnes, pour la construction de l’autoroute, en chantier.
Sur ce vaste plateau, la monotonie de la route, désormais légèrement montante, est compensée par les sourires et les saluts de la main des paysans et des enfants, qui répondent à nos « Nirao » (bonjour). Notre route est bordée pendant de nombreux kilomètres par une double rangée de sapins et de saules et d’une bordure de roses Trémières, splendides et de plus de un mètre de haut. Nous savons qu’au point culminant, situé à 50 km et à l’entrée d’un tunnel (col) à 2 370 m nous nous rassemblerons pour déjeuner.
La pente s’accentue et pendant 12 km un vent de travers et parfois de face, rend les efforts plus importants. Un excellent repas servi chaud, permet à tous de reprendre des forces et une longue descente de 55 km, malheureusement gâchée par une pluie incessante, permet à chacun de se rendre le plus rapidement possible à l’hôtel, où nous arrivons sales et boueux, pour découvrir que l’ascenseur est en panne et l’eau chaude encore froide. Après quelques discussions, tout rentrera dans l’ordre.
Ce Paris-Pékin est pour moi une évasion, me permettant d’oublier mes soucis et de vivre une aventure humaine personnelle et collective, partager d’autres valeurs et de découvrir d’autres modes de vie. Sur la route de la soie, je découvre aussi le chemin du bonheur.
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