Rétro : Paris-Pékin à vélo 2008, la croisière verte (épisode 18)

En 2008, 118 cyclistes s’élancent de la capitale pour rejoindre Pékin à vélo. Nous revenons sur cette odyssée épique dont le but est de promouvoir les valeurs intrinsèques du cyclotourisme.

Cette fois, nous sommes certains d’entrer en chine ! Depuis le passage de la frontière, la différence entre le Kazakhstan et la Chine saute aux yeux, d’une façon vraiment surprenante. Rien que le poste de douane est déjà à l’image de ce que souhaite démontrer cet immense pays.

A la découverte de la Chine 

Etape 85 : Shihézi – Urumqï

Dimanche 22 Juin 2008
156 km
Départ : 7h30 – Arrivée : 18h30
CHINE

Côté jardin et côté cité !

Cette longue étape, réalisée sous une chaleur de 39°, s’est déroulée en deux parties très distinctes. La première très agréable, sur une route nationale peu fréquentée et au milieu de cultures nombreuses et variées. Cela ressemble un peu à la vallée du Rhône, mais en 20 fois plus grand ! Les contacts avec les paysans sont hélas quasiment impossibles, à cause de la « muraille » de la langue, mais les Chinois nous manifestent une grande sympathie, par de grands gestes ou des coups d’avertisseurs !
Un petit loupé pour le pique-nique du midi, car notre camion frigo est arrivé avec deux heures de retard au point de rendez-vous. Il faut dire que les conditions d’organisation sont très différentes en Chine. La deuxième moins poétique car nous devons rouler toujours en convoi, non pas à la demande des autorités – Nous n’avons plus aucun policier pour nous encadrer – mais pour suivre la voiture pilote conduite par un Chinois. Nous sommes malheureusement incapables de nous diriger seuls. Notre guide s’étant trompé de route, nous l’avons aveuglément suivi et avons du parcourir une trentaine de kilomètres supplémentaires, après avoir attendu les cyclos dans une station où en réalité ils ne sont jamais passés !!
Ce retard imprévu, nous a fait terminer l’étape difficilement, sous la forte chaleur et dans les faubourgs de l’agglomération d’Urumqï où la circulation d’un groupe de 100 cyclos dans une ville de plus de 2 millions d’habitants n’est pas si simple.
Heureusement des cyclistes locaux, venus à notre rencontre, nous ont permis de regagner notre hôtel, où nous allons bénéficier de 48 heures d’un repos bien mérité. Nous prendrons en effet le train pour Dunang situé à 1 000 km au sud d’Urumqï, le mardi 24 juin à 20h40 (locale). En revanche, grosse déception, nous ne verrons pas le passage de la flamme olympique!

Notre témoin du jour :
Robert Dervaux de l’amicale des diagonalistes de France, demeurant à Romilly sur Seine dans l’Aube (10).

Mon premier souci est de savoir, chaque matin l’heure du départ, le kilométrage, l’heure du pique nique et le nombre de Km restant après ce dernier. Je souhaite en effet faire le plus grand nombre de Km le matin, pour éviter la chaleur de l’après midi et j’aime connaître ces prévisions pour me préparer mentalement.
Mon sentiment sur le Paris Pékin est que c’est une très grosse organisation et que cette vie de groupe ne permet hélas pas un contact permanent avec les populations. Par contre les rapports avec l’encadrement sont bons.
Je suis déjà passé à Urumqi il y a 8 ans, lors d’un voyage en Chine, en Inde et au Pakistan. La taille immense de la ville ne m’a donc pas surpris.
Pour parler de la Chine, cette visite me confirme que ce pays se développe très rapidement et je souhaite que tout le monde profite de cette évolution, car nous voyons des disparités importantes entre la campagne et les villes. Depuis le départ de Paris, je constate que, hormis la Chine, hors norme, la richesse des pays semblaient diminuer au fur et à mesure que nous allions vers l’est. Très attaché à l’environnement, je souhaite également que ce souci soit pris en compte par les pays émergents.
En tout état de cause, mon souhait est d’arriver à Pékin en bonne santé car je pense que cette extraordinaire aventure est probablement pour moi, la fin de mes grandes randonnées. Je continuerai le cyclotourisme, mais plus sur de telles distances ni en cyclo-camping. Il faut savoir tourner la page !

Etape 84 : Kuytün – Shihézi

Samedi 21 Juin n2008
100 km – Dénivelé : 198 mètres
Départ : 7h45 – Arrivée : 15h00
CHINE

Richesse ignorée !

Tout revient en ordre dans notre fonctionnement et chacun a repris sa place dans la logistique.
L’étape du jour s’est déroulée dans une très vaste plaine, à l’évidence riche, grâce à une double activité.
Une très forte production agricole, avec en particulier la culture du coton, qui draine, à l’époque de la récolte plus de deux millions de saisonniers. Et pourtant cette plante herbacée qui demande chaleur et humidité se situe dans une région sèche. Ce sont des générations d’agriculteurs et d’ingénieurs qui ont, au fil du temps, perfectionnés au plus haut point des réseaux d’irrigation, permettant une telle production. Il est vrai que nous sommes au pied du château d’eau de l’Asie et que les rivières, asséchées, à cette époque, doivent débiter au printemps des millions de mètres cubes d’eau. L’autre richesse est l’industrie lourde et au milieu des champs, d’immenses hauts fourneaux produisent, certainement de l’acier.
Etonnement également, tous les panneaux routiers sont rédigés en Chinois et en Arabe. Ceci confirme que nous sommes en pleine région musulmane. Nous découvrons des villages et surtout des villes, aux constructions récentes, les avenues sont bordées par de nombreux arbres, des parterres de pots de fleurs égaient le modernisme des villes, tout est splendide dans cette région, rarement visitée par des touristes locaux, jamais par des touristes Français. Ce soir encore un grand hôtel nous reçoit, avant le retour aux bivouacs, dans les prochains jours.

Quelques lignes encore pour en terminer sur nos 4 jours d’isolement et d’incertitude. Il faut préciser que si le but : Entrer en Chine avec nos véhicules a été atteint, c’est notamment grâce aux services de l’Etat français, de la Fédération et de l’Etat Chinois. Nous sommes en effet les seuls étrangers à pouvoir bénéficier d’une telle faveur. En effet, les J.O. proches ne permettent plus l’entrée de véhicules étrangers. Toutefois, les obstacles ont été nombreux à franchir. Nos 7 véhicules ont du, en tout premier lieu, passer un contrôle technique, l’équivalent de nos services des mines. Dans un bâtiment ultra moderne, sur deux chaînes parallèles, les véhicules sont vérifiés, auscultés, contrôlés. Nous n’en menions pas très large car ceux-ci ont déjà beaucoup souffert au Kazakhstan en particulier. Au bout de 15 minutes, le contrôleur tout sourire a donné un avis favorable ! Nous allions donc pouvoir être immatriculés, dans la mesure ou le conducteur obtenait le permis de conduire Chinois !!
Et pour valider ce permis de conduire, il a été nécessaire de passer le code, mais personne ne savait lire les idéogrammes Chinois. Une solution nous a été proposée : lire des signes en forme de trident et indiquer les sens des dents. A gauche, à droite, en bas ou en haut. Avec l’appui du groupe de souffleurs et la bonne volonté évidente de la contrôleuse, nous avons tous eu notre certificat de bonne vision, même Jean-Claude le cuisinier, qui ne voit que d’un œil !
Nous avons donc en main, le sésame magique : le permis de conduire les véhicules en Chine. Sauf les poids lourds, interdit aux chauffeurs de plus de 60 ans. Problème pour nous car nos trois titulaires ont tous cet âge. En toute hâte, pour dénouer une situation inextricable, Enrique et Clément les ostéopathes, Ermina notre infirmière ont du passer…le permis poids lourd Chinois. Epreuve de conduite en ville avec inspecteur dans la cabine. Sans problème le permis a été délivré à nos trois candidats, félicitations. Il faut dire qu’ils avaient été préparés à cette épreuve, durant au moins une demie heure sur le parking voisin. Munis de nos précieux documents et sans nous poser de questions, nous avons rapidement quitté notre résidence forcée, pour rejoindre, 465 km plus à l’ouest les cyclos.

Le témoin du jour est :
Jean-Pierre Decouty du club de S.A.G.Cestas en Gironde (33).
Pour mes 70 ans, je me suis offert, cette balade de Paris à Pékin, peut être en guise de conclusion de ma vie de cyclotouriste, déjà bien remplie.
Tout me confirme que visiter le monde, est une source d’enrichissement et de connaissance, pas seulement avec les habitants rencontrés, qui nous étonnent et nous surprennent toujours, mais aussi avec nous-même. Nous rencontrons d’autres cultures, d’autres modes de vie, d’autres habitats, toujours différents de nos repères. Je me demande comment les populations rurales, peuvent vivrent sans ce que nous considérons comme le minimum : l’eau et l’électricité. Et cependant les gens semblent heureux, sobrement et proprement habillés. Souvent les enfants sont en costume d’écolier et les femmes en particulier en Ukraine et en Russie sont très coquettes.
Je trouve la vie de groupe, assez difficile et je m’efforce de m’adapter. Globalement cette expédition me confirme que dans un groupe on trouve des gens avec qui je souhaiterais repartir et d’autres…non.
Je me sens désormais très à l’aise dans ce Paris Pékin et mes inquiétudes avant le départ, au sujet de mon âge, de la très longue distance à parcourir, des différences de climat et autres craintes se sont envolées au fil des kilomètres. Le maillot de Cestas, devra rejoindre la Muraille de Chine dans une quarantaine de jours.

L’entrée dans l’empire du milieu

Ces quatre premières étapes parcourues en territoire Chinois, ont été, pour les cyclos et pour la logistique, réalisées séparément.
En ce qui concerne les « pédalants », ces étapes ont constitué le véritable premier contact avec la Chine et nous devons dire que cette entrée en matière est prometteuse d’un séjour exceptionnel.

Etape 83 : Jinghe – Kuytün


Vendredi 20 Juin 2008
Distance : 186 km
CHINE

Les retrouvailles

Cette dernière étape, très longue, mais avec des hommes et femmes en super forme s’est déroulée sans histoire. L’hôtel Oriental International, haut de 22 étages, nous reçoit, avec professionnalisme. Ici encore à 4 000 km de Shanghai, nous découvrons une ville ultra moderne avec buildings, parcs, fleurs, bâtiments publics superbes qui font réfléchir vraiment sur le réveil de la Chine !
A 22h00, nos 7 véhicules, ornées de plaques d’immatriculations chinoises, pilotés par des chauffeurs avec permis de conduire chinois ! rejoignent les cyclotouristes pour la plus grande satisfaction de tous : cyclotouristes et encadrants. Les retrouvailles ont du bon !

Journée de repos à Jinghe

Jeudi 19 Juin 2008
CHINE

La journée de repos dans un hôtel très confortable, permet à tous de faire des emplettes et de l’apprentissage du Yuan et des étiquettes incompréhensibles pour nous. La conversion est facile : 10Yuans=1€. La vie ne nous paraît pas chère, pour les achats courants.

Etape 82 : Bord du lac – Jinghe

Mercredi 18 Juin 2008
Distance : 140 km
CHINE

Rouler sur l’autoroute !

Notre troisième étape chinoise donne l’occasion de retrouver l’autoroute, cette fois achevée et c’est sur la bande d’arrêt d’urgence, avec un terrain favorable, en légère pente descendante que nous rejoindrons Jinghe pour notre première journée de repos. en territoire chinois. A droite, les contreforts de l’Himalaya, attirent nos photographes et provoquent notre admiration.

Etape 81 : Quingshuihézi – Bord du lac

Mardi 17 Juin 2008
Distance : 90 km
CHINE

Un chantier spectaculaire

La seconde étape chinoise sera bien différente quant au relief. Il nous faut en effet gravir un col à plus de 2000m. Ce n’est pas la pente qui nous pose problème mais un gigantesque chantier, permanent du pied jusqu’au sommet du col. Et un chantier Chinois, c’est vraiment un spectacle. Ici, rien n’est construit « petit bras ». A travers une gorge, traversée par un torrent, des milliers d’hommes et d’engins construisent une autoroute deux fois deux voies, sans interrompre un intense trafic de poids lourds et de véhicules 4×4. Inutile de préciser que le passage durant deux heures d’une caravane de cyclotouristes, a assuré le spectacle, les hommes du chantier en parleront encore dans 50 ans. Impossible de tout voir et il faut être vigilant pour ne pas oublier le dromadaire à côté du scraper, ou le pilier de 50 mètres de haut, au pied d’une chaîne d’hommes, remontant les pierres de la rivière pour réaliser des gabions.
Au col, pas de pancarte mais un panorama reposant avec un grand lac, d’une vingtaine de Km de long sur cinq de large. C’est au bord de ce lac, que nous passerons la nuit, sous des yourtes dernières générations, posées ici pour les touristes locaux, forts nombreux.

Côté logistique

Nous avions déjà adopté l’heure Chinoise. (Midi en Chine – six heure du matin en France). Au petit matin déjà chaud, nous attendons. La frontière est fermée chaque jour de 18h à 8h du matin. Sous les yeux ahuris des personnels civils et militaires de service, nous installons tables et tabourets et faisons chauffer le café. Il est très tôt et déjà le téléphone de Jean-François est en action. Notre situation est expliquée. Nous savons que toute la nuit, l’Ambassade de Chine en France, celle de France en Chine, le Ministère de la santé de la jeunesse et des sports, monsieur Lin et le siège fédéral font l’impossible pour « arracher » une décision favorable à notre entrée en Chine.
Malgré tout, notre moral est excellent. Nous savons que les cyclos continuent de progresser, sans assistance. Par chance, ils ont dormis en hôtel lundi, avant de regagner un camp de yourtes, mardi soir.
Chacun s’organise. Le camion frigo est branché dans le poste des maîtres chiens. Un tournoi de belote interne débute. Il faut attendre, encore attendre. Midi : rations de survie et vodka, avec toast portés à nos secouristes.
16 heures, tout le monde somnole. Un ordre arrive du camion de commandement. En cinq minutes montre en main, le camp est plié, rangé, nettoyé. Encore une dernière péripétie pour récupérer les passeports auprès du chef de la sécurité qui traîne les pieds. Nous repartons en convoi vers la Chine promise. Trop pressés, nous franchissons une ligne de stop. Nous devons reculer. Il faut faire vite car la frontière ferme inexorablement à 18h. Le feu vert est donné et avec circonspection nous avançons. Cette fois la procédure enclenchée semble irréversible. Les véhicules passent sous la douche et sont radiographiés. Encore quelques vérifications sur ordinateur, dans un poste de douane flambant neuf et rationnel. La diplomatie a joué son rôle.

CETTE FOIS, NOUS SOMMES CERTAINS D’ENTRER EN CHINE.

Etape 80 : Jarkent – Quingshuihézi (Chine)

Lundi 16 Juin 2008
Distance : 69 km
KAZAKHSTAN – CHINE

Changer de monde

Depuis le passage de la frontière, la différence entre le Kazakhstan et la Chine saute aux yeux, d’une façon vraiment surprenante. Rien que le poste de douane est déjà à l’image de ce que souhaite démontrer cet immense pays. Des douaniers et des policiers courtois, souriants et efficaces. Nous avons même la possibilité de noter, sur un boîtier électronique, la qualité du service du préposé au contrôle des passeports ! Les visas sont méticuleusement vérifiés et en quelques minutes, si tout est conforme, les piétons ou cyclistes peuvent passer.
Nous changeons de monde. Arrivant d’un monde rural, nous sommes plongés dans un espace urbanisé, une ville neuve et moderne. Des centaines de grues de chantier, dénotent une activité fourmillante. L’organisation méthodique de toutes les activités humaines saute aux yeux. En un instant nous avons changé de monde.
Il faut cependant pédaler et notre première étape chinoise après un passage à la frontière sans difficulté, sera finalisée par une réception officielle, avec discours, musique et danse.
Notre premier hôtel Chinois : nous avions oublié le confort de l’eau chaude et du service

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Texte et photos : Henri Dusseau
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