Bordeaux-Sète… et retour !
Nous vous proposons de revivre cette aventure sportive et longue distance à travers le récit de Valérie alias Val Mente licenciée aux Randonneurs Autonomes Aquitains.
Pour en savoir plus sur les brevets et la préparation de Valérie, lire l’article : https://cyclotourisme-mag.com/2022/07/27/la-ronde-dalienor-daquitaine-une-aventure-autour-de-laquitaine-1-3/
Bordeaux Sète et plus si affinités
Le 17 mai 2023 c’était le retour du célèbre raid cyclo Bordeaux-Sète et notamment sa 20e édition qui a lieu une année sur deux (annulée en 2021).
Cette randonnée est organisée par le Stade bordelais cyclo. Le parcours 2023 s’est inspiré du parcours originel de 1980 mais avec une étape inédite traversant le Parc naturel régional des Grands Causses.
Et cette année ce sont 248 cyclos se sont élancés sur la route, avec 27 accompagnants inscrits, dont un club de Bilbao. L’organisation a par ailleurs assuré l’hébergement aux étapes et le transport retour de 121 cyclos.
En effet, on pouvait choisir de prendre un pack tout compris avec les dîners/nuits/petits-déjeuners et le retour en car et transport des vélos pour Bordeaux. Ce qui est vraiment pratique.
Mais j’avais une idée derrière la tête cette année : j’ai décidé au moment de l’inscription de ne pas choisir le confort et l’aspect très pratique du pack afin d’effectuer le retour de Sète à vélo et en solo ! Pour cela il fallait que je gère mes propres hébergements mes repas le soir et le matin et surtout que je transporte mes affaires dans mes sacoches pour cette grosse semaine de vélo et ce tout au long de double périple.
En tout 570 km avec 5 000 m de dénivelé
Pour ma part, après l’avoir fait avec le pack tout compris en 2019 pour ma première expérience avec autant de kilomètres chaque jour, j’avais décidé d’être plus autonome et ainsi de revenir également… à vélo ! C’est vrai que mon nouveau club s’appelle les Randonneurs autonomes aquitains.
Mais pourquoi tout ça ?
En fait je vais prendre part à une « Traversée de France » au début de cet été soit 1 650 km en solo, sans assistance, sans bases de vie et avec l’équipement que j’ai donc emmené pour me tester sur ce Bordeaux-Sète qui devient ainsi Bordeaux-Sète-Bordeaux (BSB).
C’est parti pour une belle balade !
J’en ai profité pour enrichir mon périple avec l’évocation du chemin de Compostelle. En effet, ce périple m’a permis de connecter quatre voies : celle de Tours, celle de Vézelay, celle de Rocamadour et enfin celle d’Arles.
Ayant ma crédentiale, c’était ainsi l’occasion de pointer dans Pujols, belle cité médiévale sur la voie de Rocamadour (47), Moissac (82) sur la voie du Puy et Lodève (34) sur la voie d’Arles. Ayant choisi la moitié de mes hébergements à l’aller dans les accueils pèlerins ce fut des soirées d’échanges et de partage comme seul le chemin de Compostelle peut vous apporter.
Le premier soir je dors au cœur de la cité de Pujols-le-Haut et je partage mon repas avec une pèlerine partie il y a trois semaines. Les bénévoles du Musée du jouet rustique au rez-de-chaussée de l’accueil nous font visiter le musée et nous expérimentons et testons différents jouets ! Une soirée au top !
La première journée est en terre connue pour moi, le créateur du parcours est cependant taquin nous faisant quitter les bords du canal pour grimper quelques talus et revenir sur les berges…
J’ai trouvé le deuxième jour la section Villeneuve/Lot – Albi bien rude : une longue journée bien bosselée (tout le D+ quasiment en matinée) pour 175 km au final, après les 160 km de la veille, ça a bien pesé sur les jambes.
D’autant que je suis en autonomie et que contrairement aux autres participants je porte toutes mes affaires pour l’aller et le retour. Un vélo de 18 kg en mode bikepacking, au total, avec une coquille Saint-Jacques accrochée dessus.
La section la plus belle restera celle du troisième jour : la véloroute en voie partagée de la vallée du Tarn. Des villages magnifiques de pierre rouge comme Saint-Izaire dans l’Aveyron, des châteaux puis l’arrivée à Saint-Affrique bien connue des centbornards et les cols qui s’ensuivent ! Mais l’effort vaut le coup car on aperçoit le lac Salagou au loin avant d’arrivée à Lodève.
J’en profite pour voir les copains de la randonnée qui se sont posés en terrasse et pour dîner avec deux d’entre eux.
Dans mon accueil pèlerin, je rencontre Loïc, un Breton de 78 ans qui marche sur la Voie d’Arles, et Emily et Marshall, deux jeunes texans. Mon hébergeur Christophe aura la gentillesse de monter mon vélo à l’étage. Et de le redescendre le lendemain. De belles rencontres !
Dernier jour : c’est une étape courte de 90 km heureusement car j’ai décidé cette année de passer par le mont Saint-Clair. Il est redoutable paraît-il.
Avant de descendre vers la Méditerranée on franchit le cirque de Mourèze et sa longue côte. C’est très dépaysant car minéral.
Ensuite nous arrivons dans des paysages d’oliviers et de vignes. Je m’insère dans le groupe des Espagnols qui m’y invitent gentiment pour avancer plus à l’aise. On se sépare après Pézenas. Arrivée à Marseillan, on retrouve la « civilisation » : les voitures et surtout les piétons et autres promeneurs en roller ou à vélo sur la longue piste cyclable qui longe les plages. Il faut être prudent !
Enfin il est là le mont Saint-Clair : on l’attaque par la corniche et le port. Finalement arc-boutée sur mon vélo lourdement chargé, je finis par mettre pied à terre après le troisième virage. Il n’y a pas de répit, pas de lacets, c’est un mur ! Je ne suis pas la seule à pousser le vélo. Enfin une partie un peu moins raide me permet d’enfourcher à nouveau mon vélo et c’est ainsi que je finis les quelques centaines de mètres.
L’accueil y est formidable : les autres cyclistes vous applaudissent et une table de pointage vous attend avec les bénévole. Ah que ce tampon fait plaisir ! D’ailleurs il n’y a eu que 128 cyclos qui ont passé ce pointage. Car Bordeaux-Sète sans le mont Saint-Clair n’est pas vraiment Bordeaux-Sète !
Il signe véritablement l’accomplissement de cette randonnée car l’arrivée à la salle de sport reste plus anecdotique presque sans saveur. Cette année la petite médaille ne récompensera que les participants ayant payé pour le pack. Mais quelle joie de retrouver tout le monde et de partager ce que l’on a vécu sur cette belle édition le temps du repas.
Mais l’aventure n’est pas terminée !
Dès 15 h je reprends mon vélo car il me faut retourner à Bordeaux ! Pour ce faire, je me suis tracé un parcours très différent de l’aller pour continuer à découvrir nos belles régions et cette fois je serai seule sur les routes.
Et c’est sous une bonne pluie que j’arrive dans ma première étape du soir près de Valras. J’ai emprunté l’EuroVelo 8 et la Vvoie verte du canal du Midi vers Béziers. Il y a tellement de circulation en ce samedi après-midi, ces voies cyclables sont salvatrices.
Un hébergement Cycl’Hôtes pour les licenciés de la Fédération
C’est l’occasion pour moi de profiter d’un accueil Cycl’Hôtes. En effet, quand vous êtes licencié à la Fédération française de cyclotourisme allez voir tout en haut à droite dans votre espace « licencié » l’onglet du même nom et dans chaque département vous aurez les coordonnées de personnes prêtes à vous accueillir, à vous dépanner ou à vous accompagner. Je le suis par exemple sur Bordeaux. Inscrivez-vous c’est l’occasion de belles rencontres entre passionnés et d’une jolie solidarité cyclotouriste. J’en profite pour remercier Noëlla et Pierre pour leur accueil extraordinaire.
Le lendemain il continue de pleuvoir à verse. Mes hôtes me prennent en pitié et me proposent alors de m’emmener jusqu’à mon prochain hébergement à 60 km de là. Je ne refuse pas ! J’avais prévu une journée très courte pour récupérer un peu. Ce sera donc une journée complète de récupération !
Le lendemain je pars de Bédarieux et c’est là que j’emprunte la belle Voie verte la Passa Pais. Un régal ! C’est de la grave, bien compactée, ça roule très bien en évitant le dénivelé de la montagne noire et du Caroux avec de très beaux points de vue et viaducs ainsi que de nombreux tunnels éclairés.
Je m’égare aux abords de Mazamet où j’aurais dû prendre la Voie verte de la Voie de l’Homme mais celle du Tarn à vélo me conduit tout de même jusqu’à chez mes amis près de Castres. Cette courte journée de 100 km me permettant de bien profiter de leur compagnie toute l’après-midi.
Le lendemain c’est ma plus longue étape : 185 km de Castres à Agen dont 45 km de canal à partir de Moissac. Je sais que des orages sont prévus en début de soirée. Je ne dois pas trop m’attarder en chemin.
Je découvre une nouvelle Voie verte : celle de l’arrière-pays toulousain, car oui je passe du Tarn à la Haute-Garonne. Néanmoins, il faut passer une trentaine de barrières servant de chicane et surtout je n’ai pas trouvé un seul point d’eau. Il fait plus de 30°C. Je quémande de l’eau à des habitants : sauvée !
Arrivée à Moissac, j’avoue que je trouve la véloroute du canal monotone sur la fin de ma journée. Mon hébergement se fera au Café Vélo d’Agen. Pas de cadenas pour fermer les casiers où se rangent les vélos (le Café Vélo est fermé les lundis et mardis mais en payant la réservation on a les codes pour rentrer).
Je rentre mon vélo dans le dortoir en sécurité. Deux autres voyageuses à vélo sont dans le dortoir. Elles viennent de l’Isère et font l’intégralité de la véloroute du canal des 2 mers de Royan à Sète. L’orage tonne et illumine le ciel au-dessus de nous mais pas de pluie !
Quand la pause s’impose…
Le lendemain départ 8 h depuis le beau pont-canal (j’ai emprunté celui de Moissac la veille) où je marche puisqu’il est interdit d’y passer sur le vélo. Encore la véloroute du canal de Garonne ! Je suis partie à jeun j’ai faim au bout de deux heures.
Je délaisse la véloroute pour me restaurer dans la boulangerie d’un village. Mon parcours me fait quitter enfin le canal mais pour cela il faut s’attaquer aux coteaux de Garonne entre Tonneins et Marmande. Pas grave, les paysages sont variés comme les points de vue.
J’arrive enfin en Gironde pas par la partie la plus plane puisque c’est le haut de l’Entre Deux-Mers (territoire entre le fleuve Dordogne et le fleuve Garonne).
Après quelques bonnes côtes je prends une dernière Voie verte : la piste Lapébie qui rassemble d’autres véloroutes comme l’EuroVelo 3, le Tour de Gironde et le canal des 2 Mers. J’arrive enfin à Bordeaux vers 17 h après ces derniers 165 km.
Bordeaux-Sète-Bordeaux est terminé ! 1 082 km et 7 400 m de dénivelé. À vélo c’est vrai : tout est plus beau !
7 commentaires
Bravo Valérie pour ce périple bien préparé…
D’autres bonheurs t’attendent après cette belle expédition !
Je souhaite que ton expérience donne envie à d’autres cyclos !!
Bonjour,
super récit agrémenté de photos, ça donne envie.
juste pour l’avant dernière photo de la halle ce n’est pas Saint-Gontaud de Nogaret., juste Gontaud de Nogaret
Bravo ! Quel périple ! Je suis admirative.
La pèlerine de Pujols
C’est beau de lire ce Bordeaux Sète Bordeaux. Les bonnes photos comme soutien à cet écrit L’ensemble écrit photo donne l’envie de partir. Ce genre de partage est porteur. Merci pour l’introduction de J P Giorgi et et Merci et bravo Valèrie
Excellent texte qui donne envie de découvrir la vie en vélo ! Bravo et merci
Bravo !
Quel périple !
Je suis admirative.
La pèlerine de Pujols
félicitations pour ton périple
tu es une femme de défies qui doit inspirer beaucoup d’entre nous avec l’envie de découvrir et de partager
au plaisir de te revoir sur des brevets ou longues randonnées
avec beaucoup d’anciens et de cyclotes comme toi , pas besoin d’aller chercher ses idoles
a bientot Bruno