La Fédération interpelle le gouvernement pour la reprise des manifestations sportives

 
Le 16 mars dernier, Martine Cano, présidente de la Fédération française de cyclotourisme envoyait une lettre ouverte au Premier ministre, Jean Castex, pour la reprise des activités de plein-air dans le respect strict des gestes barrières.

Un courrier fut envoyé le 16 mars dernier aux instances gouvernementales :

Premier Ministre, ministre de l’Éducation nationale, ministre déléguée aux Sports et président du CNOSF pour créer les conditions permettant, dans un délai le plus rapide possible, la reprise des manifestations sportives compétitives et non compétitives de vélo pour tous les publics, au-delà des seuls actuellement prioritaires.

Ce courrier est co-signé par les quatre fédérations vélo suivantes :

  • Michel Callot, président de la Fédération française de cyclisme
  • Martine Cano, présidente de la Fédération française de cyclotourisme
  • Emmanuelle Bonnet Oulaldj et Gérard dizet, co-présidents de la FSGT
  • Arnaud Jean, président de l’UFOLEP

Pour lire la lettre cliquez ici : Courrier commun PM activités vélo

À lire, le précédent article sur la lettre commune aux quatre fédérations :  https://cyclotourisme-mag.com/2021/03/22/martine-cano-interpelle-le-premier-ministre-pour-la-reprise-des-rassemblements-de-velo-amateur/

Questions à Martine Cano, présidente de la Fédération française de cyclotourisme

Nous venons de passer cette année sous pandémie, jamais l’humanité n’avait vécu un tel phénomène planétaire. Quelle furent les premières mesures prises par la Fédération française de cyclotourisme ?

Comme tous nos concitoyens nous avons été frappés par cette situation inédite et douloureuse. Nous nous sommes efforcés de relayer les recommandations qui nous parvenaient (et nous parviennent encore) de notre ministère de tutelle. Une des difficultés était que ces informations ne nous arrivaient bien souvent que tardivement et étaient, du moins au début, souvent sujettes à interprétation et suscitaient donc de multiples questions, voire de l’incompréhension. Il ne nous était pas possible de diffuser des informations que nous n’avions pas reçues et encore moins de nous substituer aux autorités.

 

La Fédération française de cyclotourisme a fait preuve d’une grande adaptabilité en proposant très vite un programme « Vélomaison » et des mesures strictes pour les sorties clubs. Que demandez-vous aujourd’hui ?

Ce que nous demandons, comme toutes les fédérations, c’est la possibilité de reprendre nos activités. Nous avons la chance de pratiquer en plein-air et ne sommes pas statiques ; les risques sont donc moindres. De plus, les associations ont appris à respecter les règles de distanciation lors des arrêts. Il est reconnu que l’activité sportive est bénéfique pour la santé, physique et mentale, nous attendons une reprise complète de nos randonnées.

 

Pensez-vous que l’inactivité et le manque de perspectives puisse nuire à nos adhérents ?

Bien entendu. Entre ceux, assez rares, qui bravent les consignes, et ceux, plus nombreux, qui sont très anxieux et ne sortent plus ou uniquement en solitaire, il y a beaucoup de lassitude. Le manque de relations sociales est ce qui pèse le plus.

 

Nous le savons aujourd’hui, les femmes et les enfants sont principalement concernés par cette baisse de pratique, comment l’expliquez-vous ?

Les femmes sont effectivement souvent confrontées à un surcroît de tâches liées au confinement, au télétravail, et parfois au fait de devoir encore plus s’occuper des enfants.

En revanche, les jeunes seniors roulent beaucoup, la perspective de « Toutes à vélo » est une excellente motivation.

Les enfants qui sont dans des écoles de vélo ont la chance de pouvoir continuer leurs activités. Mais ce qui leur manque ce sont les rassemblements si agréables avec les jeunes d’autres clubs, d’autres régions.  Ce sont ceux qui pratiquent des activités en salle qui sont très pénalisés même si les choses commencent enfin un peu à bouger.

 

Quelles sont les propositions conjointes que vous proposez avec les trois autres fédérations ?

Nous sommes bien conscients qu’il faut encore prendre des précautions, se montrer prudents face à la pandémie. Ce que nous attendons, c’est que nos manifestations puissent reprendre, quitte à rester encore en petit groupes, mais que les gens puissent se voir, partager. Des randonnées, des brevets ont eu lieu, se sont parfaitement déroulés, avec un protocole sanitaire satisfaisant. Certaines préfectures interdisent aujourd’hui des manifestations prévues dans trois mois ; cela nous semble injustifié et est très démoralisant.

 

Pour les départements concernés par le confinement, une restriction de 10 kilomètres est mise en place autour du domicile. Comment jugez-vous cette restriction pour la pratique du vélo ?

Cela est très pénalisant pour les habitant des métropoles. En 10 km, on ne peut pas toujours sortir de la ville et donc pratiquer une activité de pleine nature ; les Parisiens sont les plus concernés, mais pas uniquement. Tourner en rond autour de chez soi, ce n’est pas vraiment pratiquer et génère beaucoup de frustration. Nous avons attiré l’attention de nos ministères sur ce sujet.

 

Nous avons coutume de dire à la Fédération qu’à vélo tout est plus beau, pensez-vous que le vélo peut aider le monde à sortir de cette crise sanitaire ?

Le vélo, comme toute activité de plein-air, est facteur de bien-être. En plus des loisirs, son usage au quotidien augmente et cela ne peut être que bénéfique sur le plan environnemental. Il faut donc en faciliter l’usage en continuant à développer les aménagements utiles aux cyclistes.

 

Une conclusion pour cette période si particulière ?

Nous avons le sentiment que ces périodes de frustration génèrent un besoin de défoulement de certains automobilistes dont les incivilités se multiplient, parfois génératrices d’accidents mortels dans toutes nos régions.

Cela est intolérable. Le respect des distances de sécurité lors d’un dépassement est primordial. Nous souhaitons non pas une multiplication des obstacles de style chicanes, générateurs de nouveaux dangers, mais que le respect des cyclistes soit vraiment inculqué aux jeunes conducteurs pour éviter l’hécatombe que nous constatons.

La nature est belle, particulièrement au printemps, il faut que chacun puisse en profiter sereinement.

 

Texte et interview : Jean-Pierre Giorgi – Photo : Jean-Armand
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