Mécanique : le mono-plateau à la loupe !

Comme tous les éléments du vélo, la transmission a connu ces dernières années une évolution importante tendant à plus de simplicité. Après les pédaliers compacts, voici venu le temps du plateau unique, ou single track  ! Pur produit marketing pour les uns, progrès et simplification pour les autres, le débat est ouvert chacun voyant midi à sa porte ou appréciant les pentes à la mesure de ses mollets. 

Pourquoi le mono-plateau ?


Cette nouvelle façon de voir la transmission prend place dans une démarche globale de simplification tout en gardant la possibilité d’une gamme de rapports la plus large possible et propre à satisfaire un maximum d’utilisateurs.

Par le passé, l’adjonction d’un troisième plateau a permis l’extension de la gamme de rapports vers le plus petits, de l’ordre du tour de rouevoire moins. Or, pour les constructeurs, la combinaison trois-plateaux présentait des inconvénients comme la nécessité de disposer de pédaliers et axes de pédaliers spécifiques ainsi que de dérailleurs avant à la course latérale suffisamment importante ou des commandes gauches adaptées.

Enfin, il faut évoquer également la redondance de certains rapports qui fait que, par exemple, 3×10 ne font pas 30 mais de 12 à 15… développements différents.

Composants de la transmission mono-plateau 


Utiliser un seul plateau ne revient pas simplement à supprimer le ou les deux autres. Cette nouvelle façon de concevoir la transmission a eu un impact sur tous ses composants qui ont été revus.  

Le plateau 


Ce type de transmission simplifié propose autant de rapports que de pignons à la roue libre avec pour effet un désalignement important des pignons extrêmes par rapport au plateau unique. Ici, le risque mécanique principal est le saut de chaîne. Dans un premier temps, les vélos étaient équipés d’un système anti-déraillement, censé empêcher la chaîne de quitter le plateau, puis ces derniers ont été repensés et proposent maintenant des dents à profil alterné : une dent étroite, une dent large (technologie narrow-wide) correspondant aux maillons de la chaîne qui présente la même particularité (un maillon étroit et un maillon large). Corollaire arithmétique : les mono-plateaux sont proposés avec un nombre pair de dents. Corollaire mécanique : il faut s’en souvenir au moment de mettre la chaîne en place sur le plateau ! 

 

Le pédalier


Pour un fonctionnement optimal, la ligne de chaîne est obtenue en alignant le plateau unique avec le milieu de la roue libre soit le sixième pignon pour une roue libre qui en comprend onze. Cette position correspond à quelques millimètres près au milieu de l’intervalle entre deux plateaux pour les pédaliers double. Le mono-plateau ne nécessite donc pas de longueur d’axe particulière et l’étoile de fixation du plateau tient compte de cette petite différence permettant d’établir la ligne de chaîne optimale. Certains constructeurs proposent des plateaux utilisables sur des étoiles de pédalier double ou triple. L’alignement est alors réalisé avec des rondelles de compensation. (cf. Plateau one, Spécialités TA) 

La cassette


C’est la pièce maîtresse du dispositif destiné à pallier l’absence du troisième voire du deuxième plateau pour composer la gamme des développements. Elle est le plus souvent dotée de onze pignons, à épaisseurs et intervalles réduits pour disposer d’une roue libre à l’encombrement identique à celui des cassettes 10 ou 9 pignons. La gamme des pignons va de 11 dents à 42 ou 44 dents, voire plus pour certains modèles conçus pour le VTT mono-plateau et les grands pignons sont souvent associés à plusieurs pour plus de rigidité. Les cassettes sont donc devenues gigantesques… et sans doute un peu lourdes, ce qui ne semble pas effrayer les tenants du léger à tout prix. 

Le dérailleur arrière


Son rôle étant de piloter la chaîne sur l’ensemble des pignons, pour certains à fort diamètre comme nous venons de le voir, il doit être capable de positionner le galet supérieur exactement sous chacun des pignons et avoir la capacité de tendre la chaîne à chaque combinaison plateau/pignon. Pour y parvenir, les parallélogrammes et ses articulations ont été modifiés afin que le dérailleur « enveloppe » les pignons de la cassette. Les dérailleurs route sont souvent proposés avec deux longueurs de la chape (distance séparant les galets) afin de garder la chaîne tendue en toutes circonstances. De façon plus générale, la rigidité d’ensemble des dérailleurs a été optimisée. Ces dérailleurs sont dits « 11 vitesses » et diffèrent donc des modèles précédents 9 ou 10 vitesses. 

 

 

Les commandes


La commande du dérailleur arrière est bien entendu spécifique à la roue libre 10 ou 11 vitesses. Elle peut avoir subi quelques modifications destinées à rendre le passage des vitesses plus fluides, mais en général, elle ne diffère pas beaucoup des précédentes dans sa conception. La commande du dérailleur avant a naturellement disparu. 

La chaîne


Élément unificateur de l’ensemble, elle doit être compatible avec tous les éléments de la transmission et est donc spécialisée 10 ou 11 pignons. Notons qu’il n’existe pas de chaîne spécialisée mono-plateau. Elle est soumise à des efforts de torsion assez importants et sa durée de vie est sans doute réduite. D’où la nécessité de la vérifier souvent ! 

De la mécanique à la pratique


Telle que décrite ci-dessus, la transmission mono-plateau est d’une utilisation simple et qui a naturellement séduit les pratiquants du VTT. Pour les routiers, les choses sont moins simples et certains la qualifieront de simpliste. En effet, son principal défaut est de proposer une gamme de développements réduite, avec des écarts assez importants et mal étagés, défaut qui avait valu de recourir au triple-plateau. 

Concrètement, un cycliste utilisant un mono-plateau doit faire un choix : privilégier les grands développements, auquel cas il choisira un plateau adapté, ou privilégier les petits développements avec un plateau plus petit.
Ceci suppose qu’il connaît bien le terrain sur lequel il va évoluer et qu’il ne craint pas d’affronter des pentes sérieuses même si ses développements sont un peu justes.

En d’autres termes, le mono-plateau est plutôt réservé à une pratique sportive, ce qui n’a rien de péjoratif, mais laisse de côté une foule de pratiquants disons, plus contemplatifs ce qui n’est pas non plus péjoratif. 

 

Article issu de la revue Cyclotourisme de juillet-août 2018 – n°681.
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Texte : Bernard Lescudé – Photos : Fabricants et Bernard Lescudé
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2 commentaires

  • Harabald says:

    Faut vendre, et rendre obsolet ce qui était le top hier, à savoir:
    1-le dérailleur à câble, fiable durant 100ans, remplacé par l’électrique: plus cher, plus lourd, dépendant d’une batterie. Aucun gain sur la performance du cycliste.
    2-le monoplateau, certes plus simple d’utilisation, mais on remet derrière en poids ce qu’on enlève devant, le croisement de chaine honni hier devient fun (au détriment du rendement mécanique, ce qui pénalise le cycliste).
    3- les pneus en 29  » ça roule mieux sur sol irrégulier, du fait du rayon, mais pourquoi diable faire des pneus taille tracteur? On augmente la masse, le couple nécessaire au pédalage (d’où les pignons taille assiette à fromage) et la résistance au roulement, au détriment du cycliste. Tout ça vaut aussi pour les gravel et route. Après ça on trouve que le VAE est plus fun…€€€€€ !

    • RICHARD says:

      Tout a fait d’accord avec les points de vue d’Harabal.
      Le marketing nous fait gober n’importe quoi. La trouvaille du gravel en est une bonne illustration… Pas plus adapté à la route qu’au véritable tout terrain.

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