Saint-Loup > Mâcon // 76 km soit 8 heures dont 4 h 45 à vélo
À Marnay, nous hésitons sur le pont entre rive droite et rive gauche. Finalement, ce sera rive droite sur la petite départementale D271 jusqu’à Venière. Là, un peu perdu, je rentre dans une abbaye où une religieuse bénédictine me renseigne aimablement sur les petites routes à suivre pour rejoindre Tournus. Nous nous écartons de notre route afin de visiter cette ville et l’abbaye Saint-Philibert ainsi que ses pittoresques rues piétonnières. Sur le port, de gros bateaux de croisière sont accostés. Les voyageurs découvrent la Saône avec un autre point de vue que le nôtre. Nous mangeons non loin du panneau annonçant la confluence à 100 km.
Nous poursuivons rive droite par 30 km de Voie bleue pour joindre Mâcon. La piste est belle, nous roulons à une bonne allure toujours sous un soleil de plomb et toujours à la recherche d’eau. Une légère brise fait onduler les roseaux sur lesquels, à notre grande surprise, grimpent des lianes volubiles de houblon sauvage terminées par une myriade de cônes parfumés. Au loin, nous commençons à apercevoir les vignobles du mâconnais. Là, j’oublie le manque d’eau et me viennent des idées de dégustation. Ce qui fut fait le soir même avec un bon Saint-Vérand.
Arrivés à Mâcon, nous traversons le pont afin de joindre le quartier St-Laurent et le département de l’Ain. Nous sommes samedi soir, nous supposions avoir des difficultés pour trouver un hébergement, mais la réalité a dépassé notre imagination ! Après vingt appels téléphoniques qui se soldent tous par des refus, nous décidons de changer notre fusil d’épaule : notre prochaine nuit se passera au Campanile de Mâcon sud, au pied de la Roche de Solutré. Et pour la première fois, nos vélos ont « dormi » avec nous dans la chambre.
Mâcon > Lyon // 86 km soit 7 h 30 dont 5 h 30 à vélo
Le journal météo télévisé de hier soir est pessimiste : « Orages en milieu de journée » Ce sera donc réveil à 7 h pour un départ à 7 h 30. Les panneaux routiers que nous croisons laissent rêveur : Juliénas, St-Amour, Pouilly, Vinzelles … Nous avons quelques difficultés à trouver la piste. Sur le pont de la D51A, j’interpelle deux cyclistes (routiers) mais ils ne connaissent pas trop l’itinéraire. Avec l’aide de Google Maps, nous prenons à droite le « chemin du brouillard ». Nous trouvons rapidement deux pêcheurs qui nous confirment que nous sommes sur la bonne piste, mais qu’elle n’est pas goudronnée !
Parlons-en des pêcheurs, tout au long de la Saône depuis Port/Saône, il y en a partout. Certainement la faune la plus représentée le long de la rivière. Des vieux, des jeunes, des hommes des femmes et de toutes nationalités. Ceux de ce matin sont bien ventrus, bien joufflus, avec une barbe rousse de huit jours, la cafetière italienne sur le réchaud à gaz. Ils sentent bon le saucisson, le camembert et le petit rosé tenu bien au frais dans la tambote (panier à poisson vosgien). À les voir, on devine tout de suite que leur « sport » préféré est prétexte à des retrouvailles, des amitiés et des libations bien franchouillardes. Après un petit sondage, ils ne sont pas d’accord entre eux sur la qualité de l’eau et en conséquence des poissons, surtout ceux de fond : c’est la foi qui sauve.
Et ils avaient raison nos amis pêcheurs, devant nous environ 70 km de piste en terre battue. Je suis content de ne pas l’avoir su plus tôt ! Je roule à plus de 20 km/heure, j’ai la sensation que plus je vais vite et plus je « vole » sur la difficulté. Le pire c’est pour les vélos. Ils sont vite dans un état déplorable. Arrivés à Jassans, nous devons passer légèrement en ville car le passage sous le pont est impraticable. Par chance, à Trévoux, nous allons pouvoir reposer nos fessiers ; c’est jour de brocante sur les quais de Saône, c’est donc sur nos jambes que nous gagnerons le port. Chemin faisant, nous sommes interpelés par une famille de Jarménil (88) en villégiature dans la région et qui a remarqué que nous étions également vosgiens. Nous conversons quelques instants : l’éloignement rapproche.
Aujourd’hui, c’est dimanche, nous déjeunerons dans une guinguette typique en bord de Saône mais rapidement car les météorologues ne se sont pas trompés et le ciel est toujours menaçant. Enfin, nous retrouvons une route plus praticable toujours rive gauche, jusqu’à Lyon. Nous accélérons l’allure. Nous sommes maintenant en agglomération. À notre droite, l’île Barbe et son cadre calme et verdoyant. Nous nous rapprochons du but mais je suis impatient, la route semble s’étendre devant ma roue, les feux tricolores sont innombrables et toujours (ou presque) au rouge. À chaque courbe, je cherche les tours de Fourvière, à chaque courbe, elles se dérobent. Nous sommes accompagnés par des bus à impérial, spécial touristes, donc nous nous rapprochons. Certainement plus de dix kilomètres en agglomération. La Saône ne peut pas s’allonger au fur et à mesure de notre progression, non ce n’est pas possible, et d’un coup en point de mire, l’imposant musée des Confluences, nous sommes donc arrivés après 461 km le long de cette majestueuse rivière.
Contents, mais presque déçus que ce soit fini. Sur le parvis du musée, à la recherche de notre itinéraire afin de regagner l’hôtel, un cycliste nous accoste et nous conseille : « Traversez le pont Raymond Barre, prenez la première à droite, et remontez le Rhône rive gauche, jusqu’à Part-Dieu ». Le conseil est pertinent !
Le retour
Hier soir, nous sommes allés à la gare de Lyon Part-Dieu afin de nous renseigner sur les possibilités de retour, acheter des billets et reconnaître les lieux. Avant de partir, je m’étais renseigné sur la possibilité de louer un véhicule afin d’effectuer le voyage retour. Peu de loueurs permettent de prendre et de restituer le véhicule dans deux agences différentes. De plus, le coût était d’environ 350 €. Nous rentrerons donc en train.
À savoir : la SNCF autorise les vélos dans les TGV seulement s’ils sont démontés et rangés dans une housse et dans les TER, la remorque est tolérée ! L’agent SNCF, fort aimable, nous conseille l’itinéraire suivant : Lyon/Dijon/Culmont-Chalindrey/Lure/Aivillers et fin de parcours en vélo jusqu’au domicile. Affaire conclue pour 115 € les deux billets. Départ à 6 h 16 pour une arrivée prévue à Aivillers à 12 h. C’était sans compter les aléas de la régie ferroviaire : à Dijon, cinq minutes de retard à l’arrivée. Pour changer de train, donc de quai, rien n’est prévu pour les cyclistes donc c’est escaliers à la descente et escaliers à la montée avec deux vélos (dont un VAE de 27 kg) et une remorque de 20 kg. Le train nous attend mais il cumule les cinq minutes de retard qui se retrouvent à Culmont et donc…. On a juste vu les feux rouges du train qui partait au moment où on arrivait…
De nouveau, un chef de gare bien aimable, nous trouve une solution : vous attendez ici pendant 2 h 30, vous prenez le Culmont/Nancy, de nouveau attente puis le Nancy/Remiremont. La fin du parcours se fera à vélo comme prévu initialement. Le retour a presque été plus compliqué que l’aller !
Le bilan
– 7 jours de voyage sans une goutte de pluie, sans crevaison, sans problème majeur.
– Un total de 530 km dont 461 le long de la Saône traversant les Vosges, la Haute-Saône, la Côte d’Or, la Saône et Loire, l’Ain et le Rhône.
– Un dénivelé de 287 m, de la source à la confluence.
– Ne pas se fier aux kilométrages donnés par Google Maps car la Saône fait des méandres qui rallongent les distances considérablement.
– Ne partez pas sans carte routière (Internet c’est très bien mais pas toujours suffisant). On ne trouve pas de carte spécifique au parcours de cette rivière. Pour ma part, j’ai déchiré les pages utiles dans un vieil atlas routier, je les ai assemblées au ruban adhésif, j’ai redécoupé uniquement la partie utile puis je l’ai plié en accordéon aux dimensions de la sacoche du guidon.
– Avec l’expérience, on s’aperçoit que la remorque peut créer des problèmes : avec trois roues, c’est un risque de plus de crevaison et une petite roue, c’est une chambre à air de plus à emporter. C’est une seule personne qui tracte tous les bagages. Quand il faut manœuvrer, c’est plus encombrant. Dans les escaliers, c’est très compliqué. A l’avenir, nous envisageons de nous équiper de quatre sacoches, ce qui résoudra pas mal de problèmes.
– De nombreuses et belles rencontres lors des hébergements ou le long du parcours.
– Voyager à vélo facilite les contacts ; les autres cyclistes nous abordent et les automobilistes sont plutôt bienveillants.
– Si vous souhaitez des déplacements en train, soyez musclés, prévoyez un emploi du temps large et attendez-vous aux événements les plus imprévisibles.
– À notre grande surprise, nous avons remarqué que c’est un parcours peu fréquenté par d’autres cyclistes ou des marcheurs.
– À vélo on va moins loin, moins vite mais on profite beaucoup plus de tout.
– La « souffrance » n’est que passagère et le jeu en vaut la chandelle.
Nous avons raconté cette histoire dans le seul but de venir en aide aux cyclistes (ou marcheurs) qui projettent de nous imiter, car avant notre départ nous n’avions rien trouvé sur Internet qui aurait pu nous aider.
Retrouvez l’épisode 1 de leurs aventures en cliquant ici