La belle histoire des féminines de MSD Chartres

Le vélo au féminin n’a de cesse de se développer et la Fédération française de cyclotourisme ne peut que s’en réjouir. Pourtant reste encore des points de frictions que nous narre avec malice Roland Thébault, président du MSD Chartres Cyclo.

L’histoire que je viens vous raconter est une belle histoire et pourtant c’est une histoire qui a commencé comme un défi de comptoir !

La genèse d’une belle histoire


C’était en juin 2016, nous accomplissions – sous une météo dont beaucoup se souviennent – la Flèche Paris-Strasbourg pour permettre à nos féminines de rejoindre le rassemblement organisé à Strasbourg.

Un jour en pédalant nous nous sommes brusquement aperçus que trois femmes manquaient au groupe. On s’est évidemment arrêtés pour les attendre, et au bout de quelques minutes elles sont arrivées, toutes souriantes : « Ça y est on est autonomes, on a réparé un porte-bagages, on peut partir en VI entre filles ! »

En fait elles avaient simplement resserré une vis de porte-bagage qui menaçait de quitter l’aventure. Ça a suffi pour que les quolibets masculins se déchaînent.

Nous avons repris notre route mais le soir à table le sujet est revenu : « Vous ne pourrez jamais, vous ne vous rendez pas compte, si vous crevez, si vous avez un problème mécanique… ».

Le président que je suis a tenté – sans conviction – de faire autorité : « De toute façon ce n’est pas prévu par nos statuts, il faudrait une AG extraordinaire pour les modifier. Commencez déjà par faire le tour de la mare ! »

Tout ça les faisait sourire : en fait elles avaient formalisé une idée qui était déjà dans leurs têtes.

Notre voyage s’est poursuivi, nous sommes rentrés, mais la petite musique était toujours présente et le sujet revenait régulièrement.

 

Le tour d’Eure-et-Loir, un premier voyage en 2017


Hasard des calendriers, en 2017 le comité départemental a organisé un stage de mécanique destiné aux féminines : quelques-unes en ont profité et comme la petite musique était insistante, elles ont finalement préparé le Tour d’Eure-et-Loir (labellisé par notre club).

Ce projet se voulait rassurant, d’une durée raisonnable et en cas de pépin elles étaient facilement à portée de voiture. Elles ont géré magnifiquement, elles sont revenues enchantées en se promettant que ce voyage ne serait pas le dernier, et comme la date le permettait elles ont été accueillies au retour avec un brin de muguet.

 En 2018, elles ont participé au VI Féminines organisé par le comité régional.  

Le « Mur du 100 »

Mais en 2019 l’affaire s’est à nouveau corsée : une nouvelle féminine les a rejointes, remarquablement inexpérimentée mais dotée d’une bonne humeur à toute épreuve. Elles ont alors imaginé de se donner un peu plus les moyens. 

Les sorties filles du lundi ont été mises en place : parcours, allure, distance, elles maîtrisent tout, les hommes sont tolérés à condition de filer doux ! Finalement, au fil des progrès et par une belle journée de printemps, nous avons organisé pour cette nouvelle collègue ce que j’ai appelé le « Mur du 100 ». Elle était heureuse au point de s’arrêter en pleine route pour photographier son compteur affichant le nombre fatidique !

 

Améliorer ses compétences et se former


Parallèlement elles ont souhaité améliorer leurs compétences : elles nous ont demandé de leur organiser une formation mécanique plus complète. Tout y est passé de la théorie à la pratique : braquets, développements, cadence de pédalage, respect de la sacro-sainte ligne de chaîne, lecture des tailles de pneus et de chambres pour mutualiser si possible le matériel de rechange.
 
En pratique chacune a démonté et remonté une chambre, sans oublier de rechercher préalablement la cause de la crevaison. Pour le gonflage nous leur avons montré l’usage de la cartouche de CO2. Enfin chacune a appris à faire face à une chaîne cassée : utilisation du dérive-chaine et du maillon rapide.

Parallèlement elles ont structuré leurs organisations : si le parcours est tracé par l’une qui maîtrise bien l’appli, la validation des hébergements est collective, et une autre se charge de la partie touristique.

Voyage à Nantes.

 

Des voyages et séjours multiples


Fortes de leurs acquis elles ont entrepris en 2019 d’effectuer la vallée du Loir à vélo, en partant bien sûr de Saint-Éman, tout proche de Chartres. Satisfaction totale une fois de plus !

En 2020, la crise sanitaire a douché tous les projets, mais dès 2021, et malgré les restrictions, elles ont imaginé de se rendre à Cabourg où elles pouvaient être logées dans deux appartements différents. Il se murmure que le soir, celles qui devaient rejoindre leur appartement après le repas en commun ont dû se déguiser en sacs poubelles pour braver le couvre-feu !

En 2022 elles sont allées à Guérande en validant la flèche de Nantes. Et bel exemple de solidarité, elles ont fait appel à un club local pour la traversée de Nantes.

En 2023 elles ont accompli la flèche Paris – La Rochelle, avec hébergement au camping le week-end. Le seul problème est venu des moustiques qui étaient nombreux et affamés !

En 2024 ? Le choix d’un séjour fixe avec randonnées en étoile a été privilégié. Mais la chasse aux BPF a été aussi fructueuse que les années précédentes.

Des féminines qui font des émules


En vérité nous sommes très fiers de nos féminines car un tel dynamisme n’est pas si courant. D’autant qu’il est contagieux : une collègue qui n’osait plus entreprendre ce genre de voyages s’y est remise avec son VAE et ça se passe bien.
 
Ou bien l’épouse d’un collègue, non cycliste, en avait marre de les entendre raconter leurs souvenirs, alors elle a demandé l’autorisation de les accompagner en voiture et de porter les bagages !
 
 
 
Texte et photos : Roland Thébault, président du MSD Chartres Cyclo
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