Raid VTT AURA – Une aventure au bout du chemin 

Cette année, le point de ralliement des 22 raiders et 4 « monos » encadrants est à Sarcey, porte sud du Beaujolais, où avant-guerre le « claque-pan » des métiers à tisser des canuts résonnait dans chaque demeure.  

La pierre dorée s’illustre dès notre départ vers le nord. LeBeaujolais des Pierres Dorées, « la Petite Toscane », est remarqué aussitôt sur les murs des maisons paysannes, châteaux, murets, lavoirs et églises ! Le grès pierre dorée si spécial, une géologie en or, est fait de calcaire qui se teinte avec des oxydes de fer, prend cette couleur ocre jaune, teinte chaude révélée au soleil dans les villages de caractère. 

16 juin – Sarcey, au Pays des Pierres Dorées


L’échauffement est rapide dans les montées du GR du Pays des Pierres Dorées, au cœur de la forêt de la Flachère, en Val d’Oingt. Ce printemps copieusement arrosé est superbement fleuri, le chemin bordé de haies de coquelicots et autres essences colorées.  

La « Voie du Tacot », exploitée de 1901 à 1935, de chemin de fer du Beaujolais est devenue piste de randonnée sur l’incontournable route des vins et le vignoble du Beaujolais. Première halte touristique et belle ascension pour la chapelle néo-gothique Notre-Dame de l’Immaculée Conception à Saint-Laurent-d’Oingt sur le mont Joli (436 m), construite en un hiver en 1859  !  

Oingt mérite une pause. Le village médiéval est un joyau perché, fleuron des pierres dorées, porte fortifiée de Nizy en ultime vestige des fortifications du XIIIe siècle, rues médiévales imagées de Tyre-laine, Coupe-jarret ou Traine-cul, tour du donjon (XIIIe) pour percevoir les impôts. Col du Chêne (704 m) sur le GR76 entre vignobles et bois, avec de larges panoramas sur la vallée de la Saône et les Alpes par temps clair. Une balade en forme de montagnes russes pour mériter la pause à Saint-Cyr-le-Chatoux et prendre le café au Parasoir, avec une vue plongeante sur le vignoble et le Jura au loin.

Le pneu arrière de Philou explose, trop fragile pour ce terrain plein de caillasses ou de quignons de racines. L’assistance le prend en charge, un pneu neuf à monter à l’escale du soir. 

Vaux-en-Beaujolais – Clochemerle  


Un synonyme de « querelles villageoises burlesques ou querelles de clocher » et des « histoires à la Dubout » ! Le village complètement imprégné du roman Clochemerle de Gabriel Chevallier, paru en 1934, a choisi d’en rire. Pittoresque et coloré, ce livre est une comédie satirique succulente et truculente sur la société dans son ensemble. L’ouvrage est paru ensuite en édition illustrée par Albert Dubout (1905-1976), génial magicien de l’humour, traduit dans vingt-six langues et prix Courteline de l’humour du cinéma ! Il évoque l’histoire de querelles autour de la construction d’une pissotière, un succès mondial soudain et jamais démenti, à lui le bon-vivant. 

 Le parcours s’articule entre les rangs de vigne et la vallée de la Vauxonne, jusqu’au gîte du domaine des Hauts Buyon à Saint-Étienne-des-Oullières. Un gîte pour vendangeurs avec un site de 10 000 ceps à l’hectare (seulement 5 000 pour parcelles mécanisées) et une récolte ici qui se fait encore à la main. Christophe Paris et sa femme Pascale offrent une dégustation commentée de leurs vins produits avec rigueur et excellence, accompagnée du saucisson de Bobosse et de fromage du terroir, en appellations « Beaujolais » et « Beaujolais Villages ». Une fierté du pays !  

Le gamay noir à jus blanc, cépage incontournable du Beaujolais, sert à la production des vins rouges et des vins rosés. Le chardonnay s’épanouit lui aussi sur les terres beaujolaises calcaires pour produire de grands vins blancs. Il existe en tout douze appellations, dont dix crus. 

17 juin – Des crus et des châteaux


Il pleuviote et ce n’est pas bon pour la vigne qui ne demande pas d’eau. Le mildiou menace, les traitements s’additionnent. Les coteaux de Charentay sont parsemés de châteaux : Néty, Nervers, Pierreux, en perspective dans le crachin, parmi les vignes. 

Ardue est la côte de Brouilly, emblème du territoire, parmi les coquelicots et les virages en épingle, les charrois entre les vignes mènent à son sommet, loti de la chapelle Notre-Dame des Raisins ou Notre-Dame des Vendanges (1857), entièrement dédiée au culte du vin : « À Marie, protectrice du Beaujolais » ! Et l’affluence du 8 septembre pour son pèlerinage. Les matinées cyclistes du mont libèrent le col de toute circulation, trois fois par an. La descente est longue vers Saint-Lager, rude pour les poignets, et son château d’eau à contourner avant Cercié au Val d’Ardières. 

Beaujeu, non loin de notre rando, était capitale historique du Beaujolais (supplanté par Villefranche-sur-Saône depuis 1540). Sa fête des Sarmentelles en novembre honore le beaujolais nouveau, autour de valeurs de partage et de convivialité. À Régnié-Durette, la grange Charton est en legs aux hospices de Beaujeu depuis 1806. D’une architecture remarquable et classée, le logement collectif de vignerons pourrait devenir un centre de formation depuis son rachat par la communauté de communes Saône-Beaujolais. Notre pause matinale dans sa grande cour permet d’apprécier le lieu. 

Les cols se succèdent et les dénivelés positifs s’additionnent : Durbize, Labourons… parmi les coteaux des crus : Villié-Morgon, Chiroubles, Fleurie, Chénas, Moulin à Vent, Juliénas où le chaud soleil se montre pour le déjeuner. Il est ici question de « Beaujolez-vous » ou de « Rosé Nuits d’été » pour la danse et les marchés nocturnes d’été.  

Traversée par les sentiers de Saint-Jacques-de-Compostelle (Cluny-Le Puy-en-Velay), le chemin de paix d’Assise (Vézelay – Assise en Italie 1500 km), le GR76 en traversée des monts du Beaujolais (180 Km), la Grande Traversée du Rhône (GTR 230 km – 6500 m en D+) et la Grande Traversée des monts du Lyonnais (180 km), l’itinérance a une place de choix en Beaujolais. Au nord, les sentiers Victor (100 km) et Estelle (80 km) parcourent les crus et les crêtes du Haut Beaujolais. Au Sud, les 110 km du tour du Beaujolais des Pierres Dorées sillonnent les villages de caractère. 

Comment nos organisateurs ont-ils trouvé ces passages invisibles, parmi les herbes folles, cachés derrière les maisons ? Et ce chemin devenu très boueux des pluies tombées les jours précédents, sans adhérence pour nos pneus pourtant crantés. Jullié affiche en contrebas l’imposant château de La Roche, juste restauré (XIVe), en limite des collines vineuses et des forêts de résineux, entre Rhône et Saône-et-Loire. 

À Ouroux, une dernière montée retrouve le GR76, le gîte au château de Gros Bois (XIXe) est atteint ! Les vélos méritent quelques soins pour la boue accumulée et repartir propres le lendemain… 

18 juin – Dans le Beaujolais vert 

Le Beaujolais vert abandonne les vignes, de coteaux en vallons, en terres plus sauvages et plus rudes, couvertes de forêts de Douglas ou pins d’Orégon. La forêt de Ranchal est plantée d’épicéas, douglas verts et sapins. Sitôt une coupe rase de la forêt, plusieurs coupes traversées, les digitales pourpres (gant du renard – toxique en digitaline et médicale en régulation du cœur) prennent place partout sur nos randos. Elles forment d’élégantes tiges en fusée qui fleurissent de bas en haut.  

À peine 50 m pour s’échauffer depuis le château-gîte relais de chasse de Jean-Robert Mavet et une montée engagée s’étale sur 13 km de chemins forestiers, pour le col de Crie et son grand vélo au carrefour, la tour d’observation sur le mont Saint-Rigaud à Monsols (1 009 m), pour tutoyer le ciel, le toit du Rhône. Un site clunisien bientôt classé à l’Unesco ! À l’entour, une forêt mixte de type frênaie-charmais primaire qui nous cache les horizons…  

Le chemin des crêtes et ses cols emprunte souvent le GR7 avant l’interminable descente au lac des Sapins. Une occasion à mi-parcours de s’arrêter au camp allemand de Kahummhuber-Ranchal ou Bernhardiner (Saint-Bernard) et sa station aux deux radars, pour une détection des raids de bombardiers anglais entre 1943 et 1944. Un point stratégique sur le GR7 d’aujourd’hui et sa ligne de partage des eaux, bassins versants de « Méditerranée-Atlantique », Azergues-Saône-Rhône à gauche, Reins-Loire à droite. 

Enfin, Cublize et son lac des Sapins (443 m) : un tout nouveau parc multi-activités au bord du lac, sa piste cyclable sur tout le tour, une digue crée le lac et mène au centre d’hébergement de groupe Jean Recorbet, une belle ferme en pierres au bord du lac, où nous allons loger et passer une soirée convial avec les spécialités apportées par chacun. 

19 juin – Une tradition textile bien ancrée


Amplepuis, une ville très attachée l’industrie textile en tissage de chanvre et de coton et où fut inventé le métier à coudre de Barthélémy Thimonnier en 1829, abrite dans l’ancien hôpital le musée des machines à coudre et une collection de cycles depuis la draisienne de 1818 de Karl Drais von Sauerbronn. Cycles et machines à coudre ont de nombreux points communs : objet manufacturé, mêmes constructeurs (Libérator, Triumph, Oméga, Peugeot, Opel…) et aussi même mécanique (une pédale qui entraîne une roue). De quoi en découdre sur le chemin des crêtes ! 

La commune de Fourneaux était aussi dans le textile (mousseline, plumetis, tergal, broderie). Tarare juste à côté, est « cité des mousselines » de Georges-Antoine Simonet, puis capitale du rideau en tergal. Chirassimont où la présence de tixiers remonte au XVIe, Stevtiss y fabrique de nos jours ses tissus techniques. Saint-Cyr-de-Valorges fait valoir les monts du Forez au loin. Montée ardue dans la pierraille, pause méritée et très salutaire au bord d’un étang.  

Quelle descente sur Joux ! Attention aux ronces qui se cramponnent à tout (le nez, le maillot, les gants…). Descentes techniques dans les cailloux où nos deux féminines excellent. À pleine vitesse, elles survolent grosses pierres et racines. Gare à la chute ! Il manque une dent sur un plateau… une pierre cognée sans doute !  

Nous continuons notre chemin et arrivons au barrage réservoir de Joux (1901-1904) sur la Turdine, réputée pour son eau sans calcaire (blanchiment et teinture des tissus) est à l’origine de l’activité textile de Tarare. L’ascension du mont Chevrier (735 m) parachève cette journée tout en reliefs. Le village Les Sauvages est juché tout-la-haut où le gîte des Sylvageois nous attend. La Rotonde abritera les vélos. 

20 juin – Cap sur les monts du Lyonnais

Le col du Pin Bouchain (758 m) coupe la N7, route impériale Lyon-Roanne ; GR7 et GRP Terre des Tisseurs en Forez se rejoignent.  

Violay (Loire), teinté de délicatesse inspirée de la violette, au cœur des monts du Lyonnais, vante son escale possible au col de la Croix Casard, juste avant la montée au mont Boussuivre-Forez (1 004 m). La tour Matagrin (édifiée en 1876), est sur le point culminant des monts du Lyonnais dans la forêt de Douglas, panorama sur quatorze départements.

La borne Point Trigo Napoléonienne NOV 1812, insérée dans la construction, est un point de triangulation géodésique de la France (814 triangles). Villechenève où la Madone de la vierge à l’enfant sur le mont Rampeau, est devenue symbole de la ville, la tour serait une construction en 1869 des soldats revenus des guerres sous Napoléon. Le chemin des Crêtes et le panorama au belvédère du mont Popey clôturent le raid avant l’arrivée à Sarcey.  

Une belle épopée, conduite par nos experts cyclotouristes, bien dans la tradition de Michel Plas : beaux parcours en découvertes de l’Auvergne-Rhône-Alpes sur 245 km et 6 720 m de dénivelé positif. 
 

Texte et photos : Gérard Fresser 
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