Pathologies du poignet chez les cyclistes – Prévention et prise en charge

Le cyclisme, une activité exigeante pour de nombreuses parties du corps, peut entraîner des douleurs et des traumatismes, particulièrement au niveau des points de contact entre le cycliste et son vélo.

Les poignets, sollicités à chaque sortie, sont souvent victimes de pathologies dues à la combinaison de la pression corporelle, des vibrations et des chocs transmis par la route. Les mains et les poignets, en première ligne, jouent un rôle essentiel dans l’absorption de ces impacts.

Cependant, cette répétition peut entraîner des troubles spécifiques, en particulier la compression des nerfs ulnaire et médian, couramment observée chez les cyclistes.

Le syndrome de compression du nerf ulnaire : le mal du cycliste peu expérimenté


Le nerf ulnaire, anciennement appelé nerf cubital, est un nerf vulnérable chez les cyclistes. Il passe dans une zone physiologiquement étroite appelée loge de Guyon, située au niveau du poignet. En cas de compression, notamment après de longues heures passées sur le vélo, ce nerf peut provoquer des douleurs et des dysfonctionnements moteurs et sensitifs dans la main.
 

Témoignages

Nicole, 35 ans
Nicole a commencé à ressentir des fourmillements dans ses deux derniers doigts après chaque sortie à vélo. Après une longue randonnée, elle a développé une rétraction des deux derniers doigts de sa main gauche. Le diagnostic a révélé une atteinte du nerf ulnaire, et bien que les symptômes se soient atténués après quelques jours, la gêne motrice a persisté pendant plusieurs semaines malgré l’arrêt du vélo.

Louis, 65 ans
Louis, après avoir repris le vélo pour une randonnée de 700 km, a ressenti des paresthésies dans ses deux mains, avec des troubles moteurs marqués à gauche. Bien qu’il ait terminé son périple en utilisant une protection en mousse sous la paume, il a fallu plus d’un mois pour retrouver une pleine fonctionnalité, avec une sensibilité qui persistait dans la main gauche.

Ces exemples illustrent bien les symptômes progressifs de la compression du nerf ulnaire. Les signes avant-coureurs incluent des fourmillements et une gêne dans les deux derniers doigts, souvent accompagnés d’une douleur irradiant dans l’avant-bras. Si la compression persiste, une paralysie motrice peut survenir, provoquant une rétraction des doigts ou une faiblesse de la pince pouce-index.

Causes de la compression du nerf ulnaire

  1. Manque d’entraînement : un cycliste peu expérimenté, mal préparé physiquement et techniquement, est plus susceptible d’adopter une mauvaise position sur le vélo.

  2. Mauvais réglage du vélo : une selle mal positionnée ou un guidon inadapté peuvent augmenter la pression sur les poignets.

  3. Qualité de la route : les routes irrégulières ou les chemins de VTT augmentent les vibrations, mettant à rude épreuve les poignets.

  4. Charge du vélo : transporter des charges lourdes à l’avant du vélo augmente la pression sur les poignets et exacerbe la crispation des mains.

Bien que la paralysie cubitale reste un phénomène rare, elle peut révéler une anatomie particulière ou des problèmes circulatoires préexistants. En cas de compression nerveuse, la récupération peut être longue, surtout pour les atteintes motrices, nécessitant parfois plusieurs mois de repos.

Compression du nerf médian : la pathologie du cycliste expérimenté


Les cyclistes expérimentés peuvent également souffrir de compressions nerveuses, notamment au niveau du nerf médian. Ce nerf, situé dans le canal carpien, innerve le pouce, l’index, le majeur et la moitié de l’annulaire.
 
La compression de ce nerf survient souvent chez des cyclistes qui effectuent de longues sorties, où les mains sont continuellement sollicitées sur le cintre.

Les premiers signes incluent des fourmillements et des engourdissements dans les trois premiers doigts, accompagnés de sensations de brûlure ou de picotements. Bien que ces symptômes soient généralement transitoires et disparaissent rapidement après une pause, ils peuvent parfois persister après la sortie, voire apparaître de manière plus marquée la nuit, causant des troubles du sommeil.

La persistance des symptômes, notamment en dehors des périodes de vélo, peut indiquer une compression préexistante, souvent liée à un canal carpien étroit ou un épaississement du ligament annulaire du carpe. Dans ce cas, un traitement chirurgical pourrait être nécessaire pour libérer le canal et soulager la pression sur le nerf.

Prévention et solutions pour éviter les pathologies du poignet

  1. Un bon réglage du vélo : assurez-vous que la hauteur de la selle et la position du guidon soient correctement ajustées pour limiter l’appui excessif sur les poignets.

  2. Utilisation de poignées ergonomiques et de gants amortisseurs : ces équipements peuvent aider à répartir la pression et absorber les vibrations.

  3. Varier les positions : changez régulièrement la position des mains sur le guidon pour éviter une pression constante sur les mêmes zones.

  4. Éviter les crispations : lors d’efforts soutenus, notamment en côte ou contre le vent, il est essentiel de relâcher la prise sur le guidon.

Si des symptômes apparaissent, il est conseillé de faire une pause et de consulter un médecin en cas de persistance des douleurs. L’électromyogramme est l’examen de référence pour diagnostiquer les compressions nerveuses.

 
Texte : Docteur Patrice Delga et Daniel Jacob instructeur fédéral remanié par Jean-Pierre Giorgi pour Cyclomag – Photos : Jean-Luc Armand
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