Santé : L’endofibrose de l’artère iliaque

C’est une pathologie rare vu la pratique moyenne au sein de notre Fédération mais il est bon de connaître son existence pour son information personnelle.

Elle concerne presque exclusivement le cycliste et très exceptionnellement le coureur de fond. Tous les cyclistes ne seront pas concernés. Elle requiert une pratique intense et depuis longtemps (plus de 100 000 km au compteur).

Ce sont de jeunes sportifs, de haut niveau, professionnels ou amateurs habitués à des efforts très intenses. L’âge moyen se situe autour de 27 ans. Hommes et femmes sont probablement concernés de la même manière. Pourtant cette pathologie recrute plus chez les hommes. 

Comment se révèle-t-elle ?

Au détours des compétitions successives auquel le cycliste participe, il vit mal ses contre-performances qui se succèdent, sans véritable explication. Malgré un entraînement rigoureux correctement mené, une attention de tous les instants, à conserver un poids de forme, il n’arrive plus à répondre en deuxième partie de la course aux différentes accélérations des autres participants, et, encore moins à prendre part au sprint final.

 
En dehors, de cette défaillance, bien classique, pour beaucoup de cyclistes, les véritables signes physiques sont lents à se révéler. Progressivement il s’interrogera sur une sensation d’asymétrie de sa puissance musculaire ou plutôt la perception d’une faiblesse au niveau d’une cuisse. L’engourdissement de la jambe, le sentiment d’un cuissard beaucoup trop serré d’un côté pendant l’effort est déconcertant.
 
Enfin, au décours d’une accélération brutale du peloton, une douleur fulgurante à type de crampe, au niveau de la cuisse, de la jambe, voire irradiant jusqu’au pied, oblige cette fois à stopper net son effort pour mettre pied à terre. Au repos tout disparaît, il est en pleine forme, c’est à n’y rien comprendre ! 

Cette description est pourtant quasi pathognomonique d’une souffrance d’origine artérielle. L’examen clinique vérifie une éventuelle asymétrie des différents pouls artériels de chaque membre. La mesure du tour de cuisse pourra typiquement se révéler asymétrique, témoignant d’une souffrance déjà chronique avec un début d’amyotrophie. 

Le diagnostic


Le diagnostic sera fait par la réalisation d’un doppler artériel, au repos ou mieux juste après l’effort, il sera confirmé systématiquement par l’artériographie. 

La physiopathologie de cette sténose artérielle trouve son explication par la conjoncture de deux éléments, une situation anatomique particulière, chez un cycliste présentant une capacité cardiovasculaire hors norme :  

  • Le pédalage induit des flexions répétées de la cuisse sur la hanche (90 par minute au moins, vitesse moyenne de pédalage), responsable d’autant de plicatures sur ce segment de l’artère iliaque externe. Progressivement elle va se déformer et s’étirer. On retrouve en effet à ce niveau un excès de longueur avec une flexuosité anormale de l’artère. 
  • La pratique intensive du vélo, chez ce cycliste confirmé, lui a permis d’acquérir des compétences cardio-vasculaires exceptionnelles. Le débit artériel, lors de gros efforts, pourrait être considéré comme « supranormal », la violence de l’éjection sanguine traumatise l’artère par voie interne. La paroi de cette artère réagit au choc sanguin en s’épaississant. Elle va alors perdre de sa souplesse et sténoser progressivement sa lumière. 

Le traitement

Le traitement ne peut être que chirurgical, visant à lever la sténose, simple ablation de la portion pathologique, avec la possibilité d’une résection partielle de l’artère plus ou moins étendue. La pose d’un greffon, préalablement prélevé est parfois nécessaire. En général, ce greffon est d’origine veineuse, le plus souvent au niveau d’une veine saphène de la jambe. 

La récupération est d’autant plus spectaculaire qu’il s’agit de sujet jeune en pleine santé, motivé pour reprendre la compétition.


Retrouvez tous les mois des articles Santé dans la revue Cyclotourisme, la revue officielle de la Fédération française de cyclotourisme.

Cet article est à retrouver dans la revue Cyclotourisme du mois de décembre 2021

 
Texte : Dr Patrice Delga, médecin fédéral – Photo : Jean-Luc Armand
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2 commentaires

  • Pierre says:

    Comment évolue une endofibrose après l’arrêt du sport ? Est ce que l’artère retrouve du débit avec le temps.
    Merci.
    Personnellement depuis des années je ressentais de légers engourdissements que j’attribuais à une mauvaise position, j’ai toujours eu mal au postérieur. Et 6mois avant mon accident d’EAIE j’avais l’impression que je perdais de la force dans la jambe gauche. A la fin d’une sortie çà m’a pris soudainement, plus de force du tout dans la jambe. Plusieurs semaines à peiner à marcher sans crampes. çà fait plus de 6mois maintenant çà va un peu mieux. J’ai fait beaucoup de marche à cause du boulot et j’ai arrêté le vtt. Mais je ne peux pas courir longtemps et je dois pédaler doucement.
    Il y a surement beaucoup plus de gens atteints qu’on ne le pense, çà évolue sans symptômes remarquables pour les amateurs comme moi, et comme pour moi çà peut vous tomber dessus soudainement comme un AVC et on reste handicapé.
    Il faudrait que l’état fasse plus de prévention.

    • Pierre says:

      Je me suis acheté un tapis de marche peu de temps après. J’en fais 1h par jour. J’essaie de fractionner. Au début je faisais 4x15min, c’était difficile de trottiner plus longtemps à cause de la douleur et l’engourdissement. J’ai commencé à 8kmh c’est la limite entre marche rapide et trottinement. Quand çà devient trop douloureux je marche pour récupérer un peu et je peux ensuite me remettre à trottiner. Puis 3x20min. Maintenant j’arrive à courir 1h sans m’arrêter, sans m’essouffler, et sans souffrir. J’ai toujours un engourdissement dans le pied, je peux accélérer un peu mais l’engourdissement puis la douleur arrivent. J’ai couru 2h dehors il y a quelques jours, c’était prématuré, gros engourdissement, j’ai claudiqué pas mal pour finir, et 2 jours de grosses courbatures aux jambes, mollet c’était ok, le terrain n’était pas uniforme j’ai du forcer plus sur les jambes pour ne pas m’entraver. Je peux refaire du sport mais je ne sais pas si je récupère mon artère, je ne peux pas mesurer le déséquilibre entre les 2 jambes, c’est peut être simplement mon endurance générale qui s’améliore.

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