« Accordez vos vélos », festival de musique itinérante
« Accordez vos vélos c’est une magnifique expérience » , s’exclame Pervenche Berès, présidente de l’orchestre « Les Forces Majeures ».
Voilà un beau résumé de ce que les franciliens ont pu découvrir le samedi 2 octobre 2021 lors de ce premier événement réunissant un orchestre professionnel, des dizaines de musiciens amateurs, des collégiens-choristes ainsi que des clubs et associations cyclistes, pour proposer ensemble un festival itinérant où artistes et public se déplacent à vélo !
Les Forces Majeures, est un collectif de chambristes ! Par cette appellation, il faut comprendre, des musiciens qui « pratiquent » la musique de chambre.
Revivre cet événement en vidéo !
Rejoignez le cortège !
Durant plusieurs semaines, des élèves des classes des collèges Gustave Courbet à Pierrefitte, Suzanne Lacore à Paris et Pierre Sémard à Bobigny ont préparé l’enregistrement sonore et vidéo de deux pièces vocales ayant pour thèmes le vélo et la nature, arrangées spécialement pour l’occasion.
Dans ce cadre, des musiciens amateurs ont rejoint l’orchestre pour se produire avec les professionnels. Les concerts symphoniques ont été reliés par un itinéraire cycliste de 18 km encadré par des bénévoles de la Fédération française de cyclotourisme qui soutient depuis le début ce projet.
« Ce n’est pas vraiment du militantisme, c’est de l’expérience »
Questions à Robin Ducancel, directeur général du collectif « Les Forces Majeures »
Samedi 2 octobre a eu lieu la première édition d’« Accordez vos vélos ». Comment s’est passé l’événement dans le contexte sanitaire ?
L’événement avait déjà été reporté une première fois, de mai à octobre, et le projet – qui ne se résume pas à une seule journée – avait été pensé dès le début pour être « confinement-compatible », je parle essentiellement de la phase de préparation des chœurs issus d’une dizaine de classes de collèges franciliens.
Nous avions prévu de préparer les chœurs dans ce contexte et d’enregistrer l’orchestre à distance pour monter deux vidéos réunissant virtuellement tout le monde.
Difficile cependant d’accepter cette contrainte de travailler sans certitudes, d’accepter l’idée qu’il faudra peut-être renoncer à la dernière minute a un projet représentant plus d’un an de travail…
Il y a également eu des difficultés à expliquer ce projet atypique aux préfectures de police dont certaines nous ont imposés des règles absurdes trois jours avant l’événement. Puis nous avons fait face à une alerte de tempête annoncée pour la fin de journée du 2 octobre à l’heure même où devait avoir lieu le bouquet final sur la place de la basilique de Saint-Denis.
Nous avons dû renoncer à deux haltes musicales et ainsi modifier le parcours en temps réel pour arriver plus tôt à Saint-Denis. Nous avons également opté pour un lieu de concert abrité, plan B qui s’est révélé très convivial !
Comment est née cette idée un peu folle d’allier musique classique et vélo ?
D’un naturel à marier les genres, d’un refus de voir une folie dans ce qui est simplement une tentative de trouver un format rassembleur, du souhait de faire se rencontrer public et artistes par le prétexte d’une balade cycliste, d’un goût pour les contraintes créatives et enfin d’une précieuse rencontre avec le génial Raphaël Merlin, fondateur des « Forces Majeures », musicien aux multiples talents qui avait déjà emmené l’orchestre à vélo il y a quelques années.
Quel est votre rapport au vélo ?
J’avais 15 ans le jour où mon oncle m’a offert un vélo de course. Quelques mois plus tard ma mère m’encourageait à m’inscrire à la course cycliste de ma ville, Longjumeau. Ayant gagné au sprint j’ai décidé de m’inscrire en club, le VCBS à Chilly-Mazarin (91), aujourd’hui partenaire de la première édition d’« Accordez vos vélos ». J’ai poursuivi en Auvergne, entraîné par deux amis très bons rouleurs, et remporté un titre départemental.
Mais le déclic fondateur aura été cette traversée Paris–Clermont-Ferrand avec mon père et mon frère alors que j’avais 14 ans. J’en ai gardé le goût de l’aventure à vélo, le plaisir de découvrir les campagnes et montagnes avec un vélo équipé de sacoches mais aussi de participer régulièrement à des sorties cyclos avec mon père avec qui l’ont se réjouit de pédaler sans souci du chrono mais dans l’attente toujours impatiente de la bière à l’arrivée !
Quelle fut l’adhésion du public de voir de la musique classique au cœur des villes ?
De la surprise je crois de voir cet orchestre symphonique sous la Canopée des Halles ! Beaucoup ont adoré l’ambiance intimiste et chaleureuse des deux concerts en petit effectif donnés dans la cour de l’école maternelle Tandou (Paris 19e). J’ai également constaté que le public avait beaucoup apprécié le dernier concert donné à Saint-Denis (93), les pieds dans l’eau mais plein de joie de réentendre le programme symphonique donné le matin.
Avez-vous déjà en tête la seconde édition ? Sera-t-elle sur le même parcours ? Pouvons-nous imaginer une délocalisation en province ?
Je pense déjà à ce que pourrait être la seconde édition. Les paramètres et contraintes sont très nombreux, c’est donc un vrai casse-tête (présence de voies cyclables, de lieux de concerts avec solutions de repli en cas de pluie, distance totale parcourue et parcours accessible à tous, partenaires capables d’accueillir du public et pour certains l’orchestre en grande formation, soutiens financiers…).
Ayant grandi en Île-de-France j’aimerais beaucoup que le parcours traverse l’Essonne ou la Seine-et-Marne. J’aimerais également que l’on consolide ce qui a été lancé cette année et qui repose sur des partenariats précieux : Maison des Pratiques artistiques amateurs, Fédération française de cyclotourisme, ville de Saint-Denis…
Pour l’heure nous nous concentrons sur le prochain projet, une folie pour laquelle nous recherchons activement des sponsors : une tournée de 15 jours entre Grenoble et Genève. Ce sera avec l’orchestre (17 musiciens), en avril et toujours à vélo !
Pour conclure, votre plus beau souvenir à vélo ?
La rencontre d’un restaurateur dans un petit hôtel des Cévennes où j’étais le seul à dormir. Il m’avait proposé à dîner une truite qu’il venait de pêcher, accompagnée de tagliatelles pour mon étape du lendemain…
J’ai eu plusieurs fois de grands frissons à monter de hauts cols en plein été ou à venir à bout d’une très longue étape ; la souffrance extrême est parfois voisines d’une grande émotion…