Tanguy Clairec fait escale à New Delhi, capitale de l’Inde !

Notre lauréat de la Bourse jeune voyageur international à vélo est toujours sur la route. Il change de continent direction l’Inde et nous livre ses impressions sur la mégalopole de New Delhi.

Je suis arrivé en Inde et vous donne des nouvelles fraîches depuis New Delhi, capitale de l’Inde, dix-septième pays du voyage, deuxième pays le plus peuplé du monde avec 1,4 milliard d’habitants soit vingt-trois fois la population française sur un territoire qui en fait six fois la taille.

Obtenir un euro de la part de tous les habitants du pays me placerait au 79e rang des fortunes françaises et au 1 990e rang des fortunes mondiales. Avec cela je réserve le stade de France pour ma fête de retour et vous rince tous avec un open-bar burger et cheesecakes.

Bon sachant que presque 70 % de la population indienne vit avec moins de 2 €/jour ça peut être compliqué de leur demander de m’en donner un…

Je suis hyper content d’être ici et tout excité à l’idée des trois prochains mois à la découverte du pays ! Hâte de vivre ça avec vous.

Du peu que j’ai vu aujourd’hui cela s’annonce sacrément intense. C’était absolument chaotique mais cela titille ma fibre anarchiste et je sens un bon potentiel de « kiffance » par ici. 

Mais avant ça il y a la fin de l’Asie centrale et la visite de Samarcande et Boukhara en Ouzbékistan pour occuper ma semaine d’attente avant mon vol pour New Delhi.

 

Que dire que dire…


Je suis embêté parce que je pense que cette semaine j’avais déjà la tête en Inde et me conditionnais pour la suite de mon voyage dans ce pays continent. Je n’étais donc pas dans le bon « mood » pour profiter au maximum de Samarcande et Boukhara, villes majeures de la Route de la Soie réputées pour leur beauté.

Globalement j’ai trouvé les bâtiments historiques très beaux mais n’ai pas ressenti le poids de l’histoire en les visitant. Ça peut être dû au fait qu’ils ont été refaits à neuf durant le XXe siècle, ou au manque de panneaux explicatifs ou encore aux multiples échoppes pour touristes qui sont situées à l’intérieur et autour des bâtiments historiques.

Je reste un peu sur ma faim et mes photos ainsi que la lecture du livre « sovietistan » d’Erika Fatland vous feront économiser un voyage dans ces villes, je vous en mets un passage concernant la culture du coton en Ouzbékistan, un délire :

« Entre 1965 et 1985 le nombre d’hectares de terre cultivables en Ouzbékistan fut doublé. Des rivières entières furent détournées vers les plantations de coton, faisant remonter de sous la terre les importantes réserves de sel. Pour maintenir la production on ne lésina pas sur les fertilisants et insecticides. Des avions et des hélicoptères passaient au dessus des villages, des potagers et des cours de récréation. En moyenne c’était entre 20 et 25 kg de pesticides par hectares, 7 fois plus que la moyenne en Union soviétique et 50 fois plus que toléré par les plants de coton. […] L’emploi irraisonné d’insecticides et d’engrais associé à une culture unique a causé une chute régulière de la production par hectare, et beaucoup de plants de coton sont malades. Pourtant l’Ouzbékistan est à ce jour le 6èm exportateur mondial. »

Je vous mets aussi une photo du minaret de Kalyan ou « tour de la mort ». C’est la tour à côté du bâtiment carré. Elle servait à l’exécution des peines capitales, les condamnés étaient jetés du haut de ses 45m les jours de marché. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’en 1920.

Cette excursion m’aura au moins permis de tester le voyage « sac au dos » et de constater que c’est moins confortable et plus onéreux que le voyage à vélo. A pied on est tributaire des transports qu’il faut réserver, payer, attendre, et subir lorsqu’on se fait bringuebaler à l’arrière d’un taxi surchargé ou lorsque mon train pour Boukhara me fait arriver à 1h30 du matin dans la gare située à 14km du centre-ville… 

Les logements aussi sont payants vu que j’étais dans des villes, et il faut constamment négocier les prix pour tout. 

La partie que j’ai préférée de mon excursion c’est l’aller-retour en stop Dushanbé-Samarcande. Le stop c’est vraiment trop bien, beaucoup plus confortable que les taxis partagés qui sont tout le temps blindés, presque aussi rapide et puis c’est rigolo. Je rencontre des gens différents, du pharmacien qui entretient ses deux femmes à l’éleveur de cheval qui travaille à Moscou, roule en gros 4×4 Lexus et m’offre une paire de samosas pour le déjeuner pour finir dans le camion de chantier qui transporte ses 19 tonnes de charbon pour alimenter la centrale de Dushanbe. Les banquettes arrières libres m’ont permis d’apprécier les paysages et les montagnes qui commencent à s’enneiger.

Je crois quand même que je préfère le voyage à vélo

Et puis j’ai recroisé au milieu de Samarcande Nathaly, une cycliste allemande que j’avais rencontré dans le Pamir. On a testé un bon burger. Je me suis forcé à quitter Dushanbé pour occuper au mieux ma semaine d’attente, ce n’était pas transcendant mais je suis content d’avoir fait l’effort. Et j’en arrive au point de bascule de mon voyage, moment que je redoutais depuis que je suis parti, devoir prendre un avion pour poursuivre ma route..

Impossible de continuer à vélo, Afghanistan, Chine et Turkménistan étant tous les 3 fermés aux touristes. Plus de retour en arrière possible non plus depuis la mobilisation partielle en Russie. Premier avion que je prends depuis 5 ans, la dernière fois étant pour retrouver celle que je pensais être l’amour de ma vie, et finalement c’est de cette expérience qu’a découlé mon premier voyage à vélo, 5 jours le long de la côte finistèrienne pour me changer les idées après un retour précipité.

Cette fois j’ai pris le vol le plus court possible, un direct Dushanbé – New Delhi, 2h20 de vol.

J’ai regardé le bilan carbone de ce vol sur différents calculateurs : 260kg de Co2. En comparaison la moyenne d’un français est de 7 tonnes (11 tonnes en prenant en compte les émissions dans d’autres pays pour les biens consommés en France). Et il faut qu’on atteigne tous 1-2 tonnes en moyenne par an pour atteindre la neutralité carbone en 2050 (qui sont naturellement absorbées par les puits de carbone comme l’océan, les sols ou les forêts). Merci Mathou pour les données.

Si vous êtes curieux sur votre bilan carbone vous pouvez vous renseigner ici : https://www.myco2.fr/particuliers

Prendre cet avion va aussi bousculer la dynamique de mon voyage, me propulsant violemment dans un tout nouvel environnement. Ça vient également écorner ma crédibilité et tous les podcasts et messages écolos que je vous ai passés au travers de cette mailing list. Bref ça me fait vraiment très chier mais j’ai pas le choix si je veux continuer ma route vers la Nouvelle-Calédonie. Déso pour mon cortex singulaire antérieur et ses signaux d’erreurs.. Dissonance quand tu nous tiens!

Ne voulant pas rester sans rien faire devant ce triste constat j’ai payé une compensation carbone de 23€ auprès de myclimate.org, une ONG Suisse de compensation d’émissions de Co2. Alors oui je sais que c’est pas la solution mais c’est la seule action que j’ai trouvée pour sauvegarder une certaine cohérence dans mon voyage. Mais bon rien que la « contribution à la protection du climat » en intitulé de leur mail est déjà en soi hors de propos.

L’aventure continue…

Texte et photos : Tanguy Clairec
 
 
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