La vitamine D, entre soleil et alimentation

Historiquement reconnue comme anti-rachitique, la vitamine D est, comme toutes les vitamines, une substance indispensable à la vie, mais en quantité infime seulement.

Il existe plusieurs déclinaisons biochimiques de la vitamine D. La forme active est la D3 dont le nom scientifique est cholécalciférol. Elle fait partie de la famille des stérols et est liposoluble (soluble uniquement dans les graisses).

Notons au passage que les lipides ne sont pas seulement ces vilains graisseux qui nous enveloppent un peu trop généreusement, pensons-nous, et qui seraient donc seuls responsables de la modestie de notre vitesse ascensionnelle.

Il n’en est rien. Il faut réhabiliter les lipides, ces mal-aimés !

Quel est le mécanisme d’action de la vitamine D ?


Sa fonction essentielle est de favoriser l’absorption du calcium et du phosphore par les intestins, ainsi que leur réabsorption par les reins. Les fonctions de maintien d’un taux fixe de calcium dans le sang et de régulation du processus de construction/destruction du squelette sont également de la plus haute importance.

Longtemps cantonnée à son rôle dans le métabolisme phosphocalcique, la vitamine D apparaît aussi comme étant impliquée dans bien d’autres processus physiologiques. D’où son intérêt dans de nombreux domaines, parfois inattendus, ceci s’expliquant par l’influence exercée sur plus de 200 de nos gènes.

 

Comment mesure-t-on la concentration en vitamine D ?


Les doses sont données en unités internationales (UI) ou en microgrammes (µg), selon l’équivalence suivante : 1 UI = 0,025 µg de calciférol ou encore 1 µg = 40 UI. Dans le sérum, on mesure la vitamine D en nano grammes par millilitre (ng/ml)).

Le taux de 30 ng/ml est retenu comme une limite inférieure. Un taux sanguin inférieur à 30 ng/ml témoignant d’une carence. Le rachitisme ou l’ostéomalacie se manifestent pour un taux très bas, inférieur à 10 ng/ml. Un consensus s’est établi pour retenir comme souhaitable des taux de 30 à 80 ng/ml).

Combien de vitamine D par jour ?

L’insuffisance en vitamine D est très fréquente en France métropolitaine, surtout en fin d’hiver et au début du printemps. Selon une étude nationale, 80 % des Français seraient concernés. Les déficits sévères sont cependant rares (environ 5 %). 

Les ANC (apports nutritionnels conseillés) quotidiens en vitamine D sont de : > 400 unités par jour (soit 10 µg/j) pour les enfants de moins de 3 ans, les personnes âgées et femmes enceintes. > 200 UI (5 µg/j) pour les enfants à partir de 4 ans jusqu’à l’âge adulte. Ces chiffres, basés sur de très anciennes études et entachés d’une marge de sécurité démesurée (10 fois !), ne peuvent plus être retenus.

Le chiffre admis comme excluant toute toxicité est de 10 000 UI/j. Les études montrant des effets toxiques, comme l’hypercalcémie, source de néphropathies graves ont toutes analysé les effets de doses de vitamine D au moins égales à 50 000 UI/jour.

On recommande un apport complémentaire en calciférol (entre 800 et 1 000 UI par jour), en particulier chez les personnes de plus de 60 ans, chez lesquelles la capacité de l’organisme à absorber ou à synthétiser la vitamine D sous l’effet du soleil est diminuée.

Cette supplémentation peut être journalière, mensuelle ou trimestrielle, orale ou en injection, médicamenteuse ou naturelle (huile de foie de morue). La vitamine D en excès est stockée dans les graisses. Retenons que l’apport alimentaire habituel, d’un très faible apport, et l’exposition au soleil le plus souvent réduite sont loin de pouvoir fournir régulièrement quantité de calciférol adéquate.

D’où provient la vitamine D ?

Une partie de la vitamine D est exogène, c’est-à-dire qu’elle provient d’une source extérieure en l’occurrence notre alimentation. Une autre partie est endogène, c’est-à-dire produite par notre propre corps, au niveau de la peau grâce à l’action des rayons ultraviolets du soleil sur un précurseur du cholestérol.

En effet, la vitamine D est certes retrouvée dans l’alimentation, mais de façon très restrictive. Les plus anciens d’entre nous gardent le souvenir de l’huile de foie de morue qu’il fallait prendre chaque jour. Parfaitement justifié ! L’huile de foie de morue est fortement pourvue de ce fameux cholécalciférol. Hareng, sardines, saumon sont aussi des pourvoyeurs plus modestes.

Gélules de foie de morue.

La vitamine D a, c’est bien connu, la particularité de pouvoir être synthétisée, au niveau de la peau, à partir d’un précurseur du cholestérol sous l’effet des rayonnements de courte longueur d’onde dénommés rayons UVB. Ces rayons nous parviennent du soleil. Ils ne donnent pas de sensation de chaleur. La synthèse sous l’effet des UV solaires ne peut donner lieu à évaluation chiffrée précise. Elle est quasi nulle en hiver, dans nos pays bien entendu. D’où la recommandation de prise de calciférol quand notre peau se trouve non exposée au bienfaisant rayonnement solaire.

Une exposition importante, à la limite du coup de soleil, équivaut à 15 000 à 20 000 UI de vitamine D. On estime qu’une simple exposition au soleil l’été (sans écran solaire) d’une grande surface de peau, pendant 1/2 heure au moins entre 11 h et 14 h, trois fois par semaine, suffit à assurer un apport suffisant pour un adulte. Pour nous qui caracolons en petite tenue du lever du soleil jusqu’à son coucher nous n’avons pas d’inquiétude à avoir… durant la belle saison.

Cependant, restons prudents. Il convient de rester alerté vis-à-vis des risques d’une exposition exagérée, sans protection, aux rayonnements du soleil, surtout en été, quand le soleil est haut. Carcinomes et mélanomes ne sont pas à prendre à la légère. Comme toujours, pas d’excès. Sauf pour faire du cyclotourisme ; cela va de soi…

En conclusion

La vitamine D nous est donc indispensable pour construire et entretenir notre squelette. Mais pas seulement. Cette vitamine a également un rôle positif de protection et de prévention : contre le cancer, les infections saisonnières comme la grippe, certaines affections cardiovasculaires et même neuropsychiques. Il ne faut quand même pas arriver au surdosage. Prudence également concernant l’exposition exagérée au soleil en été. Il est facile d’éviter la carence quasi constante dans notre société.

Exposons-nous au soleil – facile pour nous cyclos – supplémentons raisonnablement en hiver en nous appuyant sur le dosage sanguin. Des mesures simples et peu coûteuses pour préserver notre bonne santé. On ne va pas s’en priver évidement.

Article complet à retrouver dans la revue Cyclotourisme de mars 2018.

Retrouvez chaque mois des conseils Santé dans la revue Cyclotourisme, la revue officielle de la Fédération française de cyclotourisme.

 

Texte : Dr Yves Yau – Photos : Yves Yau et DR
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