Cycle to Recycle : après l’Afrique, l’Asie

Il y a un mois de cela, nous relations les aventures de deux cousins de 23 ans, Matthieu et Quentin Witvoet, qui se sont lancés dans un tour du monde à vélo original ayant pour but de recenser les initiatives de recyclage des plastiques. Leur voyage d’une année se poursuit et après le sol africain, place à la découverte de l’Asie avec de belles rencontres et de très prometteuses réalisations. Bienvenus dans le monde de Cycle to Recycle !

Après l’Afrique, place pour une nouvelle étape: l’Iran. C’est l’un des pays les plus isolés de la communauté internationale, tel un îlot insulaire vivant coupé du monde. Pendant un mois sur les routes du Sud au Nord, les yeux de nos aventuriers scrutent le désert à la recherche d’une lueur, d’une âme, d’un repas. L’accueil des iraniens est aussi chaleureux que l’hiver y est glacial. Une fois l’Iran traversé, direction Mumbai en février. Effluves de curry, fumées d’encens, chiens errants, symphonies de klaxons, soleil luisant, nos deux cousins prennent l’Inde  de plein fouet. Heureusement Dimitri, un ami d’ami les accueille. Ils redécouvrent avec plaisir les dîners de famille réunis autour de la table. La veille de leur départ, Dimitri leur partage sa vision et leur confie: “vous êtes la première génération qui devra répondre unanimement à des problématiques mondiales concernant la gestion des ressources, bon courage”.

Diane la petite sœur de Quentin en échange universitaire en Asie les rejoint pour les dix prochains jours. Matthieu et Quentin partent au cœur du problème, sur la plus grande décharge du monde et découvrent une vision d’horreur, un enfer urbain dans lequel les femmes trient, les enfants jouent et les animaux se nourrissent. L’odeur est toxique, le ballet des camions poubelles incessant et la taille vertigineuse : plus de 300 terrains de football sur 55 mètres de hauteur. Nos trois jeunes échangent avec des femmes qui survivent chaque jour dans cet environnement et leur témoignent leur détresse. Très vite, un attroupement se forme autour de nos aventuriers qui semblent leur déclamer : « drôles de visiteurs qui viennent découvrir les abysses de la misère humaine ».
En Inde c’est plus de 100 millions de femmes qui travaillent dans ces conditions et moins de la moitié dépasse la quarantaine ! Et pourtant ces “wastepickers” sont les héros invisibles du recyclage. Certaines villes ont des taux de recyclage supérieur à la France. Ces petites mains pas chères cherchent, soulèvent, trient et portent les matières qui ont de la valeur. L’association Stree Muk Sanghatana (SMS) milite pour leur offrir de meilleures conditions d’hygiène et redonne confiance à ces femmes pour les sortir de l’engrenage vicieux de la mafia locale. C’est aussi le combat de Deepesh qui après des études de designer, a rejoint Plastic Maker Hub pour former ces femmes à l’artisanat recyclé.

C’est le cœur lourd que notre trio de jeunes entame sa route direction Cochin puis longent la côte paradisiaque de l’océan indien, paisible et verdoyante. Les plantations de thé émeraudes recouvrent les montagnes de leur velours verdoyant. Après une interminable descente, les aventuriers filent vers Bangalore et enchaînent un marathon de rencontres : routes en plastique recyclés, équipe environnement de Décathlon Inde, boîte de Conseil en économie circulaire etc. Ils prennent conscience de l’impact de ces jeunes indiens éduqués, inventifs et soucieux de leur environnement.

C’est à Hyderabad que Matthieu, Quentin et Diane ont un coup de cœur pour les cuillères comestibles. Ils sont ensuite invités à présenter leur aventure dans une école, accueillis par un cortège de policiers et une vingtaine de pancartes aux couleurs de leur aventure Cycle to Recycle. Une centaine de jeunes filles voilées et de jeunes lycéens aux chapeaux blancs, regroupés dans la salle de sport, écoutent attentivement leur récit d’aventure. 

Cette expérience surprenante et inattendue, rappelle à nos trois jeunes l’importance du rôle de la sensibilisation mais également de la responsabilité qui en découle. Ils quittent la fournaise d’Hyderabad en direction du Sikkim, un ancien royaume indépendant, perché dans l’Himalaya au Nord-Est de l’Inde. Ce joyau préservé du tourisme de masse abrite de nombreux temples bouddhistes, des paysages de montagnes lunaires et des peuples ancestraux. Les routes y sont escarpées et abruptes, nos mollets chauffent mais les yeux de nos amis se régalent du spectacle des cimes enneigées au fond des vallées. Ils profitent de l’air frais des montagnes avant de rejoindre Calcutta, la capitale du West-Bengale et ligne d’arrivée de leur étape indienne. 

Nos ambassadeurs de Cycle To Recycle emportent avec eux le souvenir d’un vaste pays contrasté. Les religions occupent une place omniprésente dans la vie quotidienne mais divisent la population en communautés. De plus l’héritage du système de castes maintient un fort clivage social. La croissance spectaculaire de l’Inde tant économique que démographique place le pays dans une situation environnementale inédite. En effet, l’Inde est une “décharge à ciel ouvert” et il est impossible d’ignorer l’impact sur la santé qui en découle et le danger pour l’avenir du pays. La jeunesse éduquée et créative que nos amis ont rencontrée témoigne du potentiel de l’Inde à relever ce défi si elle réussit à dépasser les bêtes noires que sont la corruption et la division.

 
Texte : Matthieu et Quentin Witvoet, Philippe Palleron
Photos : Matthieu et Quentin Witvoet
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