À Vélo… Tout simplement – Botswana : Windoeck – Kasane
Soixantième épisode. *À suivre
L’interminable ligne droite qui nous mène au Botswana est tout, sauf intéressante. Du bush à perte de vue, peu d’animaux, si ce n’est quelques phacochères qui détalent à notre approche et du vent de face bien évidement.
Par contre, nous faisons encore de belles rencontres. Réunion d’agriculteurs nous faisant goûter un peu à leur bétail sous forme de steaks bien épais, ou encore ce couple, 170 ans à eux 2, qui nous accueille dans leur ferme, nous offrant gîte et couvert. Lui est né dans la ferme, épousant la voisine, regroupant ainsi terres et bêtes. Aujourd’hui, se faisant vieux, ils n’ont plus que 13 000 hectares, 800 vaches et une société de transport (de bétail) pour s’occuper… Nous passons une bonne soirée à écouter leur version sur l’évolution du pays. Un gouvernent qui prend les terres aux blancs à hauteur de 35 % pour les donner aux noirs. La recrudescence du racisme anti-blanc leur faisant entrevoir un nouveau Zimbabwe…
Tchao pantin…
Trois jours plus tard, nous sommes à la frontière du Botswana.
Pendant que nous profitons d’un accès Wifi offert par le petit shop frontalier, notre compagnon file, tout excité, vers ce nouveau pays et le village attenant.
Un peu moins d’espace sur notre passeport, deux tampons supplémentaires (1 sortie, 1 entrée), une autorisation de « tourismer » pour 90 jours et nous sommes de l’autre côté. Par chance, le douanier ne nous réclame pas la toute nouvelle taxe (applicable depuis le 1er juin 2017) de 30 euros par personne pour développer le tourisme national.
Manque d’habitude ou information non encore parvenue au poste frontière du trans-Kalahari ? Nous ne cherchons pas à savoir et filons au village changer nos derniers dollars Namibiens en Pulas (la monnaie du Botswana).
Nous y retrouvons notre jeune ami complètement effondré. Pensant qu’une météorite s’est abattue sur l’Afrique du Sud, nous le questionnons. En fait, c’est bien pire que cela. Le village ne vend pas de carte SIM. Il faut attendre et atteindre la prochaine ville, soit 4 jours en roulant bien.
Persuadé que ce n’est pas vraiment un problème, vu que ses parents peuvent suivre son évolution par tranches de 10 minutes via une balise satellite fixée au guidon, nous le charrions gentiment.
Mais apparement l’addiction est bien plus grave, puisqu’il décide d’abandonner son voyage et de retourner dans un pays civilisé…
Dommage. Mais peut-être pas plus mal. D’autant plus que dans sa précipitation de passer la frontière, il n’a pas vérifié la durée autorisée de son séjour : 15 jours. Durée officielle si l’on ne réclame pas un peu plus.
Partie de chasse.
Deux nuits plus tard, après avoir demandé et obtenu la permission de planter notre tente devant une ferme, les propriétaires nous posent les questions habituelles.
– D’où venez-vous, où allez-vous, combien de jours depuis la France, combien d’enfants, etc..
Puis viennent les questions plus précises :
– Que mangez-vous, avez-vous peur des lions….
– Des lions. Nous n’en avons jamais vu de notre vie.
– Quoi ? jamais vu de lions ?
Le son est monté d’une octave, comme si un savoyard n’avait jamais vu la neige ou un Ardéchois un Hollandais….
Peu importe, car cette énorme lacune allait être comblée dès le lendemain. Nos 2 comparses, après s’être bien moqués de nous, ont décidé de combler ce manque dès le jour suivant. Ils auraient bien réglé cela immédiatement, mais la nuit étant tombée, il faut partir à la chasse….
Chasse qui consiste à se rendre en voiture un peu plus loin que les habitations voisines et d’attendre qu’un animal passe à portée de canon.
C’est à ce moment que nous comprenons pourquoi nous voyons si peu d’animaux au Bostwana. Car tout le monde prélève directement sa nourriture animal dans le bush.
King lion
Dès potron-minet nos comparses, fermiers, avocats, copains du vice-président et occasionnellement travaillant pour l’usine de pommes de terre voisine. Usine qui la veille, par l’intermédiaire de son boss nous avait ravitaillée en patates, sorte de dédommagement devant l’impossibilité de nous autoriser à planter notre tente. Nos comparses avaient donc tenu promesse. Nous allions voir les rois de la jungle. Tout à côté.
Nous reprenons donc place dans la Toyota, évitant de s’assoir sur la tâche de sang encore fraiche des exploits nocturnes pour couvrir les 3 kilomètres qui se sont rapidement transformés en 30, nous laissant ainsi profiter des amortisseurs en fin de vie et du moteur encore vert vu la vitesse à laquelle défilent les bornes kilométriques.
Après quelques chemins terreux, nous sommes arrivés dans une espèce de refuge pour fauves délinquants, où 11 magnifiques lions et lionnes étaient en train de manger.
Ces animaux, encore sauvage, sont capturés quand ils s’approchent un peu trop prêt des villages et des villageois. Ici, ils sont rendus plus domestiques, car dépendant de l’homme pour leur nourriture. Un régime basé uniquement sur de la viande d’âne. (2 par semaine pour être précis), tués et dépecés sur place par 2 gardiens-bouchers qui semblaient voir d’un mauvais oeil l’arrivée de touristes dans ce lieu à l’écart de tout. Problème rapidement réglé, car nos 2 comparses semblaient également bien connaitre le grand chef. C’est ainsi que nous avons pu approcher ces grands fauves, seulement protégés par un grillage semblant un peu fluet.
Ces animaux sont vraiment impressionnants. Impressionnante, la force de la lionne qui retourne sa carcasse ânes que d’un seul coup de patte.
Impressionnant l’agilité et la rapidité du lion qui, semblant dormir, se jette sur le grillage, qui à bien résisté, avec l’intention non dissimulé de nous croquer.
L’avenir de ces lions me direz-vous ? Et bien ils sont revendus à des propriétaires fermiers qui veulent créer une « game », ou à d’autres qui apprécient la compagnie des fauves. Comme le propriétaire de cette immense bâtisse, connaissance de nos 2 guides, qui à construit une (très grande) cage accueillant 2 lions, juste devant sa terrasse.
En prenant la route retour, nous avons croisé le semi-remorque amenant les ânes, encore vivant, vers leur sinistre destin. Un âne coûte environ 300 pulas (30 euros). L’idée d’avoir notre propre baudet, pour porter notre bardas, nous a effleuré l’esprit.
Orange télécom.
De retour à notre campement, nous avons démonté notre tente, remercié nos hôtes, guides, chauffeurs et avons repris la route.
Arrivés à la « grande » ville, nous avons trouvé supermarchés, stations-services et vendeurs de téléphone tous les 3 mètres. Notre ami Derek aurait dû être plus patient, car nous pouvions en plus lui garantir le sérieux de l’opérateur national, très connu de nos compatriotes. Un peu de chauvinisme ne faisant pas de mal.
Pachyderme que ça….
Jusqu’à Maun, prononcez Ma-oun, 5ème ville du pays, rien de bien excitant. Ligne droite, bush et c’est tout. Par contre, après la ville, cela devient un peu plus intéressant. Rien ne change au niveau de la route qui reste désespérément plate, rectiligne, avec le vent de face, mais les parcs nationaux se succèdent et nous pouvons voir à loisir zèbres, girafes et éléphants.
Evidemment, il est déconseillé de camper dans les parcs nationaux. Mais il est également impossible de les traverser dans la journée.
Ce soir-là, nous sommes obligés de planter la tente dans le bush. Des traces d’éléphants partout. Nous trouvons un emplacement un peu éloigné, ou les bouses semblent les moins fraîches. Persuadés également que ces braves bêtes font comme nous la nuit. C’est à dire dorment.
Que nenni. Un éléphant ça bouge énormément. C’est ainsi qu’en pleine nuit, nous sommes réveillés par un bruit de branchages inquiétant.
Ils sont à 20 mètres de nous, quand, courageux que nous sommes, décidons de plier le camp en vitesse. Poussant les vélos, transportant la tente, vers un lieu plus rassurant. En l’occurence, le bord de la route.
Le lendemain, après une nuit sans sommeil, je retourne sur les lieux de notre bivouac pour voir 2 magnifiques empreintes exactement à l’emplacement de notre tente… Il devait être comique de nous voir nous débiner en pleine nuit. Surtout, que renseignements pris, les éléphants auraient évité la tente (et ses occupants) si elle était restée en place.
Licence to kill
C’est donc après cette expérience, prouvant notre degré de trouillardise, que nous avons décidé de passer nos nuits en compagnie d’autres humains ou en tout cas, dans des lieux plus sécurisés. Ce qui nous a permis de partager un moment d’existence avec des gardiens d’antenne satellite, des policiers, des villageois…
Nous avons même passé une nuit à plus de 20 mètres de haut, réfugiés sur une plateforme abandonnée en plein milieu du bush, située à la borne 105 entre Nata et Pandamatenga. (Merci à Aurélien pour l’info). Superbe point d’observation d’où nous n’avons pas vu âme qui bouge….
En plusieurs endroit du territoire, il y a des vet fences (barrières vétérinaires) gardées par des policiers. Le principe. Faire passer les véhicules, vélos compris, dans une mare remplie d’eau légèrement salée et demander aux passagers de nettoyer toutes leurs semelles, chaussures complémentaires cachées que fond de la valise comprises, sur un tapis enduit du même liquide que pour les pneus.
En plus de trouver un campement, de l’eau, des WC, une douche et des vendeurs de cafés, bonbons et autres babioles en plastique, cela permet de partager un peu avec les représentants de l’ordre.
Ils sont ici pour contrôler le trafic routier et le trafic en général. Ivoire, voitures volées, bijoux…..
C’est donc ainsi qu’ils nous apprennent que beaucoup de trafiquants d’ivoire, venant principalement du pays voisin, le Zimbabwe, viennent s’approvisionner sur les éléphants du Botswana. Par contre, tous les trafiquants, quels qu’ils soient, locaux ou étrangers subissent le même sort, s’ils sont attrapés. Pas de demi-mesure. Ils sont abattus sur le champ.
Daktari.
Au village de Pandamatenga, qui ne semble vivre que autour de la station-service et de l’immense silo à grains, nous décidons de planter notre tente sous le auvent du petit shop. Mais à peine avons-nous déballé les affaires qu’un client du magasin se propose de nous héberger. Toujours avide d’expériences, de rencontres, d’une bonne douche et d’un bon lit, nous acceptons.
Après un petit moment d’inquiétude, car nous avons roulé pendant 20 minutes uniquement au milieu du bush, incapable de nous repérer et, en cas d’abandon prémédité, de retrouver notre traces si les lions nous en laissaient la chance, nous sommes arrivés à la ferme de Edward. Une fois de plus, super accueil. Nourris, logés, douchés, nous avons pu profiter de nos hôtes. Partis d’Afrique du Sud il y à 5 ans (trop de violence) ils sont venus s’installer ici pour cultiver du soja.
La ferme est énorme, au milieu de nulle part, à la frontière du Zimbabwe. Protégée des animaux sauvages (éléphants, lions, guépards, léopards) par une clôture électrifiée. Tous ces animaux que nous entendons rugir, barrir dans la nuit….
Le lendemain sur leur invitation, nous restons à la ferme pour profiter du confort de la machine à laver et de la Wifi (entre autre). L’après-midi, nous allons, dans un antique Land Rover, chasser des images. Les seuls fauves que nous verrons sont ceux-là… En tout cas, nous avons apprécié la virée dans le bush.
Chobe national park.
Le lendemain, nous effectuons les 120 kilomètres nous séparant de Kasane en moins de 2 heures. Pas que pédalons vite, mais parce que notre hôte doit se rendre à la ville pour récupérer le curé à l’aéroport. Le curé vient, en avion, d’Afrique du sud pour prêcher dans les églises du coin, 1 fois par mois… C’est ainsi que, grâce à dieu, nous pouvons profiter du pick up. Surement que nous loupons quelques visions furtives de girafes, éléphants… Mais évitons surtout la ligne droite et le vent.
A midi nous sommes donc confortablement installé dans un camping en bordure du Zambèze. Il faut juste que nous fassions attention aux hippos, aux crocos et aux singes….
Le camping est bondé. Nous sommes en bordure du parc national de Chobe. Haut lieu pour admirer la faune sauvage.
Demain nous quittons le Bostwana, qui nous a ravi. Direction les chutes Victoria. Zimbabwe ou Zambie, rien n’est encore décidé. Cela se fera à la courte paille. Je voudrais suivre le lac Kariba par son coté Zimbabwe. Pistes infâmes et isolées. Patricia préfère opter pour le coté Zambie. Route goudronnée et village tous les 50 km…