Un tour de France cyclo au plus près des côtes et des frontières (2/2)
Quelques cols au programme
Nous sommes partis le 1er juin 2023. Cette date avait été choisie selon deux critères : partir plus tôt risquait de nous exposer à des cols encore fermés, partir plus tard aurait conduit à un temps sûrement plus chaud au sud et une circulation de vacanciers plus dense. J’avais fixé deux règles avant de partir : d’une part l’abandon de l’un ne devait pas empêcher l’autre de continuer, d’autre part chacun montait les cols à son rythme, on s’attendait au sommet.
Les étapes se sont déroulées dans de bonnes conditions météo sur les premiers jours. Les nuages se sont invités lors de la traversée des Pyrénées, alternant avec le soleil. Les cols pyrénéens ont été un peu difficiles car notre entraînement ne suffisait pas pour être particulièrement à l’aise. Les choses se sont améliorées d’un jour sur l’autre. Mon collègue a souffert dans cette traversée, avec une montée et une descente du col d’Aspin sous la pluie.
Lorsque nous sommes sortis de la montagne, notre hébergement se faisait chez un cyclo près de Béziers. Cela a été l’occasion pour moi de changer ma chaîne car elle avait atteint sa limite. L’accueil a été très chaleureux mais mon coéquipier ne s’est pas senti bien pour repartir.
En conséquence, j’ai entamé la neuvième étape en solitaire. Elle fût délicate car le vent était défavorable et mon GPS m’a fait visiter le centre-ville d’Arles (BCN-BPF) puis m’a envoyé vers le nord avant de me faire revenir vers le centre pour une nouvelle visite et un nouveau départ vers le nord… J’ai donc dû demander ma route pour rejoindre Istre puis Saint-Mitre-les- Remparts où j’ai pu rejoindre mon hébergement en rentrant l’adresse exacte sur le GPS. Ce soir là je suis arrivé après 21 h avec 235 km au compteur…
Longer la Méditerranée
Ensuite, longer la Méditerranée a été plutôt facile. Le temps était nuageux mais cela m’a permis de profiter d’une température tout à fait supportable. Je n’ai traversé qu’une seule grande ville : Marseille et cela sans difficulté… Par contre, le passage par le quartier du vieux port est certainement moins agréable pour les yeux que la Canebière ! Les massifs des Maures et de l’Estérel sont passés sans encombre même si j’ai eu une baisse de moral.
Les Alpes ont été plus faciles à traverser : l’entraînement à travers les Pyrénées a porté ses fruits. Par contre, la météo était médiocre : temps moyen le matin et pluie intermittente l’après-midi. Cela a gâché un peu le plaisir de la traversée et j’ai pris moins de photos. Le changement a été très net à partir de Briançon : je suis parti le matin vers le Lautaret et le Galibier sous le soleil que j’ai gardé sur le reste du parcours.
Malgré les fortes chaleurs qui venaient de sévir dans la partie Nord du pays, je n’ai pas eu d’orages à déplorer. En arrivant près de Morteau, mon pneu arrière se déformait depuis deux jours du fait de la rupture de fils de la structure interne. J’ai profité de l’absence de mon hébergeur qui est arrivé une heure plus tard pour changer le pneu et mettre une chambre neuve.
Après, la traversée de l’est du pays m’a conduit dans des petits villages que l’on aurait crû abandonnés s’il n’y avait pas eu de voitures en stationnement par-ci par-là… J’ai aussi été choqué dans les deux départements du Rhin par les arrosages en pleine journée des champs de maïs ! Contraste saisissant avec les Pyrénées-Orientales où l’eau était coupée dans les cimetières, lieu classique de ravitaillement…
Cap au nord
La remontée vers le nord a été plutôt facile en termes de conditions météo mais mon GPS m’a abandonné en pleine campagne : affichage bloqué et pas moyen de le redémarrer… Heureusement que j’avais vu un peu avant que je devais prendre à gauche à 2,7 km, ce qui m’a permis de rester sur le circuit. Par contre, aucune indication pour rejoindre Valenciennes dans le village suivant.
Le passage en bordure de Dunkerque n’a pas été la partie la plus intéressante du parcours mais il fallait bien rejoindre Boulogne-sur-Mer. Ensuite l’autre ville peu agréable à traverser à vélo : Calais… J’ai continué de longer la côte normande et j’ai été enthousiasmé par la presqu’île du Cotentin que je ne connaissais pas du tout. La fatigue n’était pas flagrante mais j’ai constaté que ma moyenne baissait depuis trois jours.
Le tournant vers les Côtes-d’Armor et le vent d’ouest risquait de rendre la suite difficile…
Complètement à l’ouest…
J’étais en contact quotidien avec mon coéquipier auquel j’avais proposé de me retrouver près du Mont-Saint-Michel (BCN-BPF) afin que nous fassions les quatre dernières étapes ensemble.
Les retrouvailles se sont faites à Roz-sur-Couësnon, sur la fin de la 26e étape. Le lendemain, nous avons dû faire face à un vent défavorable toute la journée et nous avons eu de la peine à trouver notre hébergement : nos deux GPS se sont retrouvés à cours de batterie à peu d’intervalle, sans que la durée du parcours l’explique, et le téléphone nous envoyait sur des chemins impraticables.
Nous avons fini par arriver avec des conditions d’hébergement qui nous ont fait oublier les tracas de fin de parcours : un logement indépendant de la maison des propriétaires et un grand jardin avec un kiosque couvrant une table et des chaises pour dîner… En repartant nous avons fait le tour du département du Finistère : c’est le seul jour où le départ et l’arrivée se faisaient dans le même département malgré une distance de 175 km.
Nous sommes partis avec un temps tout à fait correct mais nous n’avons pas réussi à faire mentir la réputation de Brest. En effet, nous avons commencé à rouler sous la pluie environ 30 km avant d’y arriver et il a fallu attendre 10 km supplémentaires pour retrouver un temps sec que nous avons gardé jusqu’au bout.
Nous n’avions pas assez de place pour faire le plein de douceurs au passage à Pont Aven et à Fouesnant, dommage… Le passage en bord de mer au niveau de la presqu’île du Crozon était éblouissant et le relief que nous traversions depuis les Côtes-d’Armor nous laissait le temps de profiter du paysage.
Nous nous sommes ensuite un peu éloignés du littoral pour éviter Vannes et notre dernier arrêt s’est fait à Questembert. Le lendemain, dernier jour du périple, nous avons retrouvé quelques membres de notre club juste après le pont de Saint-Nazaire et nous avons terminé la boucle en prenant le bac de Couëron pour rejoindre Orvault.
En conclusion
Au final notre voyage représente 5 066 km, 56 000 m de dénivelé positif, 30 jours de vélo consécutifs.
Quelques soucis sur la route : deux crevaisons, un changement de chaîne, un pneu neuf, un souci mécanique avec la chaîne que j’ai pu résoudre avec mon outillage.La batterie externe n’a plus rempli son rôle au bout de deux semaines car la connectique USB de sortie vers le GPS a lâché.
Sinon, j’ai eu de la chance : j’avais un bruit anormal depuis un bon moment et je n’arrivais pas à en déterminer la cause : pédalier ou cassette ? Difficile à savoir avec un cadre carbone. Le dernier jour, j’ai dû forcer deux ou trois fois car le pédalier ne tournait plus. Diagnostic de mon vélociste auquel je devais amener ma roue arrière pour changer les roulements à l’arrivée : un roulement complètement détruit. Je n’aurais pas pu aller beaucoup plus loin sans un arrêt au stand (mais encore fallait-il trouver un professionnel disposant du matériel spécifique pour démonter les roulements d’une roue Mavic Ksyrium SSC carbone).
Mon expérience : je ne peux que conseiller ce périple à ceux qui hésitent. Il n’est pas obligatoire de le faire sur un mois, mais il est important de prévoir un maximum de choses à l’avance comme les hébergements afin de limiter les problèmes de logistique en cours de parcours.
Lire également la première partie de ce voyage sur https://cyclotourisme-mag.com/voyage/un-tour-de-france-cyclo-au-plus-pres-des-cotes-et-des-frontieres-1-2/
8 commentaires
Bravo pr cette performance. Cela donne envie.
Étant également du 44, il est possible que je vs contacte.
Bonjour ,
En lisant cet article intéressant , je pense au livre de Pierre Hérant sur son tour de France le long des frontières françaises ; ouvrage qui vient de paraître chez Chamina :
https://www.chamina.com/velo/5409-9782844666192-mon-tour-de-l-hexagone-a-velo.html
Cordialement
Hervé Le Cahain
BRAVO !!!!
Merci beaucoup Hervé pour votre commentaire.
En complément de ce beau livre de photos, mon récit très détaillé du parcours au jour le jour sera publié en février 2024 en format poche de plusieurs centaines de pages par les Editions Christine Bonneton (même titre et même couverture).
Très cordialement,
Pierre Hérant
Bonjour,
Bravo pour cet exploit.
Pouvez vous communiquer la trace gpx svp.
Merci
Bonjour,
Les traces quotidiennes sont publiques sur Open Runner.
Les noms sont les suivants : SR_TDLF_01 à 30.
Je suis dispo si besoin au 07 81 42 84 71.
Bonne fin de journée.
Serge
Chapeau bas et félicitations . Quelle santé, quel mental !
Étant moi-même adepte de la petite reine depuis plus de 40 ans je ne me vois pas réaliser un périple aussi long avec ce dénivelé !!!
BRAVO
Bravo à Serge et Gérard. J’ai réalisé pour ma part durant l’été 2021 en cyclocamping un très grand tour de la France en solo et en autonomie plus près encore des frontières et des littoraux car il représente 7600 km et 80000 m D+ en 84 jours en traversant notamment tous les grands cols des Alpes et des Pyrénées que franchit le Tour de France.
Afin de partager cette belle expérience ainsi que mon itinéraire et inciter d’autres cyclo randonneurs à effectuer eux aussi ce périple magnifique, j’ai eu la chance de pouvoir publier chez Chamina Edition un beau livre grand format de 192 pages illustré de plus de 320 photos, cartes et tableaux. Il est disponible ou commandable dans toutes les librairies. Je vous invite à y aller le feuilleter ainsi qu’à consulter des extraits de ce livre sur : https://www.chamina.com/velo/5409-9782844666192-mon-tour-de-l-hexagone-a-velo.html