Tour du monde : 71 degrés Nord
Après cent jours de route, nos deux cyclotouristes grenoblois sont arrivés le 13 juillet au cap Nord. Voici le récit de leur approche de ce site mythique.
Cap Nord, dimanche 13 juillet 2014 : cela fait cent jours exactement que nous avons quitté la France. C’est un pur fruit du hasard mais, du coup, c’est plus facile pour faire des moyennes. Pour nous, le cap Nord c’est 7 320 kilomètres au compteur, 455 heures à pédaler et 100 jours de bonheur ! Une grande joie d’être arrivés à ce premier objectif sans aucun problème, et une petite fierté quand même. Mais revenons un peu en arrière. Quand nous repartons de Tromso (le « Paris du Nord » des Norvégiens), il fait toujours aussi chaud. Cette chaleur ne va pas nous quitter avant le cap Nord.
Se protéger du soleil
Du coup, nous essayons de trouver des coins à l’ombre pour éviter le soleil qui tape sur la tente nuit et jour…
Lors d’un bivouac, il faisait tellement chaud que j’ai plongé directement dans la rivière derrière la tente. Température extérieure : 35 °C. Température de l’eau : 5 °C. La rivière arrivait directement du glacier juste en dessus. Résultat : ça fait drôle. Comme si le corps se recroqueville et passe dans un étau… Pour être rafraîchi, c’était gagné. Après Alta, la route monte sur un grand plateau. Rien de bien exaltant, pour ne pas dire monotone.
Les bouleaux cramoisis par la chenille verte
Du coup on à compté les rennes : deux vivants et deux morts, écrasés par les camions qui ne ralentissent pas devant les cervidés puisqu’ils sont munis d’énormes pare-buffles… Heureusement pour nous, ils se comportent bien mieux avec les cyclistes.
Côté paysages, des bouleaux cramoisis par cette saleté de chenille verte qui décime les forêts. Cette même chenille que nous retrouvons sur notre tente et que nous écrasons entre deux doigts : ce qui fait le même bruit qu’une bulle de plastique d’emballage qu’on éclate !
La route des touristes…
Arrive enfin le croisement où l’E6, la grande route, peu fréquentée, part à l’est en direction de Kirkenes et la route qui monte au cap, au nord. À partir de là, uniquement des touristes comme nous ! Même si la plupart sont en camping-car, en voiture ou en moto, ça fait du bien de s’arrêter tous ensemble pour faire la photo d’un renne ou d’un aigle. Arrive enfin le fameux tunnel sous-marin qui permet de rejoindre l’île du cap Nord, Magerøya. Devant cette bouche béante qui veut nous engloutir au centre de la Terre, nous hésitons un peu.
Si tu freines, t’es un lâche !
On a mangé un peu, on s’est déguisés en sapin de Noël avec nos gilets fluo et nos lampes partout et on s’est présentés à l’entrée du tunnel : sept kilomètres de ligne droite, bien éclairés, avec un bon goudron. On s’est regardés et on a dit la phrase la plus bête du monde : « Si tu freines, t’es un lâche ».
Dévaler 3,5 kilomètres à 9 %, avec 80 kilos de bagages, c’est grisant, affolant et terrifiant. Tu dois ressentir les mêmes sensations que sur une rampe de saut à ski ! Ensuite, tu remontes de cent mètres avec l’élan et commence la longue montée pour ressortir des – 212 mètres où le tunnel t’avait descendu…
Le cap Nord, ça se mérite !
C’est long, bruyant avec les énormes ventilateurs suspendus et les motos pétaradantes. Moi, je me dis qu’ils auraient dû construire un tube en plexiglas pour qu’on puisse admirer les poissons…
En sortant, on est à trente kilomètres du cap Nord. Tu sais que quoi qu’il arrive, tu devras refaire cette route dans l’autre sens. Elle est belle cette route, mais elle est difficile : le cap Nord, ça se mérite. Pentes très raides et à répétitions. Vent fort, parfois violent.
Après, tu arrives à un guichet où il faut payer un droit d’entrée. Sauf pour les cyclistes. Enfin, sûrement. Nous, on n’a pas demandé, on est juste passé en saluant la personne au guichet.
Tous venus pour admirer le soleil de minuit…
Devant le globe, nous avons fait les photos incontournables et puis le brouillard est arrivé, le vent a redoublé de force. Alors nous sommes allés visiter le centre, avec cinéma, musée, chapelle, boutiques de souvenirs, toilettes, wi-fi gratuit et salle chauffée… Le super coin pour cyclistes.
À 20 heures, le parking se rempli de cars et de voitures, tous venus pour admirer le soleil de minuit.
Mais ce soir-là, le brouillard est bien présent et on ne distingue rien à trois mètres ! Du coup, on a planté la tente, croisé les doigts pour qu’elle résiste au vent et on est allés se coucher. Mais le lendemain matin, le 14 juillet, le brouillard était toujours présent et le vent aussi. Alors on à démonté la tente et on est repartis…
Texte et photos : Les Aventuriers grenoblois