Je m’appelle Florent, j’ai 47 ans, j’habite tout là-haut, dans le nord de la France, avec les pingouins et les esquimaux. Je suis en fauteuil roulant. J’ai été opéré il y a 20 ans d’une tumeur au cerveau. Physiquement, tous mes muscles fonctionnent mais ne sont pas commandés correctement: j’ai, entre autres, des problèmes d’équilibre, de coordination et de motricité fine. Ça ne m’empêche pas de faire du vélo. J’ai découvert il y a 10 ans le tricycle couché. J’en ai attrapé le virus. À tel point que depuis, je l’ai fait motoriser. Il y a 5 ans, j’ai acheté une charrette pour transporter mon fauteuil roulant. J’ai commencé par aller voir des copains dans le coin faire mes courses. Puis, je suis parti un week-end, puis une semaine… en rallongeant distance et durée.

Il y a deux ans, je suis parti une vingtaine de jours. Le principe est de faire 40 ou 50 km dans la journée, accompagné par des cyclistes locaux et le soir, je dors soit dans un hôtel adapté, soit chez des gens qui me proposent généreusement l’hospitalité. Tous les deux ou trois jours, je me réserve une journée off pour recharger mes batteries. J’en profite pour visiter le coin, seul ou accompagné par des locaux.

Pour moi, c’est un plaisir. Je ne compte pas les performances, les distances, les hauteurs, la vitesse… mais le nombre de personnes sympathiques que je rencontre. Qu’ils soient jeunes (13 ans) vieux (+ de 80 ans), cyclos, sportifs ou « pantouflard », qu’ils soient mécaniciens, infirmières, ingénieurs, retraités, étudiants, élus … Qu’ils travaillent dans le milieu du handicap et du sport, qu’ils soient investis dans des actions solidaires ou dans la danse, ils ont le point commun d’avoir le cœur sur la main. Et c’est peu dire !

L’an passé, j’ai été accueilli au sein du Cyclo Club de Calais, tellement bien qu’un groupe spécial « balade en vélo » a été créé spécialement pour moi. À l’heure où on n’entend parler que de catastrophes, de crises, que la France va mal, que les gens sont égoïstes et repliés sur même, je peux vous dire avec certitude que ce n’est pas vrai et qu’il y a de l’espoir et de l’altruisme.

Pour cette année, aux beaux jours, je prépare un périple de plus 2 mois. Je compte passer par Caen, puis rejoindre les Sables-d’Olonne, Angoulême, Brive-la-Gaillarde et remonter chez moi dans ch’nord.

Je compte sur toutes les bonnes âmes pour me conseiller, m’accompagner, à vélo, dans les visites lors de mes journées de repos. J’espère aussi pouvoir être hébergé, pas tellement pour l’aspect financier mais car c’est plus sympa que de passer une soirée tout seul dans sa chambre d’hôtel.

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