À Vélo… Pérou : Vilcabamba – Cajamarca
Quarante-et-unième épisode. * À suivre.
C’est également le terminus des bus « normaux »
Seuls de puissants camions aménagés en transport de personnes font la liaison avec la frontière et les villages environnants. Les pourcentages sont impressionnants. Nous sommes parfois obligés de pousser à deux le vélo pour parvenir à progresser. La pluie n’arrangeant rien, sur certaines portions, nous pataugeons dans la boue, obligeant de « décoincer » chaine, freins et dérailleurs.
Malgré tout, nous arrivons au poste frontière où nous décidons de passer la nuit, accueillis par les douaniers.
De l’autre côté, nous retrouvons le goudron. Par contre, nous sommes obligés d’attendre que l’ordinateur soit réparé pour obtenir notre sésame d’entrée au Pérou. Nous avons 180 jours devant nous pour traverser cet immense pays. En deux étapes, dont une de 114 km, nous rejoignons Jaen. Notre première ville Péruvienne.
Miguel, le propriétaire du magasin de vélo « El Ciclista » nous héberge le temps de notre passage. Nous y restons 3 jours. Le temps de se familiariser avec ce nouveau pays, de faire le point sur notre parcours, de se refaire une beauté… Au magasin de vélo, nous faisons la connaissance de Kanetomo, un Japonais qui voyage également à vélo. Malgré les problèmes de langues, nous accrochons bien ensemble. Son vélo hyper chargé nous confirme que lui non plus n’est pas un adepte du « light ». Nous décidons de prendre la route ensemble jusqu’à Cajamarca. Avant de partir, nous avons droit à une interview TV… Le présentateur profitant de la présence des champions VTT locaux pour faire un sujet sur les voyageurs à vélo. Dernier réglage de vélo, pour notre nouveau compagnon, et nous prenons la route accompagné, de quelques cyclistes locaux. Nos différentes rencontres sur la route nous confirment qu’il nous faut faire le détour vers la cascade de Gocta. Six km de piste pour rejoindre le village de San Pablo. Ce sera notre point de départ pour randonner jusqu’à la 3ème plus haute cascade du monde. (771 m). Découverte seulement en 2005. Cela parait incroyable. Il faut dire que nous marchons 8 heures (Aller-retour) sur un mauvais sentier pour l’admirer.
Plus loin sur la route, nous faisons l’impasse sur les sarcophages creusés dans la roche. Sûrement très impressionnant, mais le détour de 48 kilomètres nous en dissuade. Nous préférons effectuer le petit crochet vers le village de Nuevo Tingo pour nous rendre à la forteresse de Keluap. Le village est en attente d’un téléphérique de fabrication Française.
Nous, nous sommes en attente d’un bus pour rejoindre la forteresse située à 3000 mètres d’altitude.
Malheureusement, pas de véhicules pour la forteresse ce jour. (Les minibus partent des hôtels de Chachapoyas en fonction des touristes…). A 10 heures du matin, nous cessons de faire du stop. Il nous reste la solution du vélo…. Je serai le seul à prendre cette option. Trente cinq kilomètres et 2000 mètres de dénivelé plus loin, j’atteins la forteresse.
Je visiterai cette immense construction sous la pluie. Deux lamas m’accompagnent quand je déambule au milieu des ruines à imaginer ce que pouvait être la vie au temps des Incas.
Le retour sur le village est encore plus terrible que la montée. La piste s’est transformée en bourbier. J’arrive épuisé mais content de cette journée. Pour rejoindre Leymebamba, nous suivons une route nichée entre la rivière et la montagne. Au village, pour échapper à l’orage, le maire nous ouvre le marché couvert où nous pouvons passer la nuit à condition de ne pas gêner les ambulants qui s’installent dès 6 heures du matin….
C’est donc au lever du jour que nous attaquons le col de Calla Calla. Un col impressionnant. 30 kilomètres de montée pour 60 kilomètres de descente. Au sommet, nous apercevons la rivière qu’il nous faut traverser 2600 mètres plus bas. Route sinueuse, étroite. Du pur bonheur pour cyclotouriste. Tout en bas, nous retrouvons la chaleur étouffante. Le village de Balsas est comme un oasis. Nous décidons de nous y arrêter pour la nuit et trouvons refuge dans la cours de la mairie.
Le lendemain, il nous faut passer une nouvelle montagne et un nouveau col à 3100 mètres. La route est toujours aussi magnifique. Nous n’atteindrons pas le sommet dans la journée, nous obligeant à bivouaquer en bordure de route. A la nuit tombée, alors que nous préparons le repas à la lampe frontale, nous voyons passer un autre voyageur à vélo. Gonzague est Français. Il espère rejoindre le village suivant pour y passer la nuit. Nous le convainquons de faire halte avec nous. Parti tôt le matin, il rejoindra Cajamarca le lendemain alors que nous mettrons deux jours.
A Celendin, c’est la cohue dans la ville. Nous pensons d’abord à un jour de marché avant de comprendre que c’est le jour de vote pour le 2ème tour des élections présidentielles.
Nous ne nous attardons pas trop, car il nous reste 2 bons cols à passer avant d’atteindre Cajamarca. Nous nous arrêtons 4 jours dans cette jolie ville. Ici nous passons notre temps à visiter le centre et les environs, à préparer la suite du parcours et à nous reposer.
Pour ma part, je suis à la recherche d’un vélociste. Denrée rare au Pérou. Mon pneu arrière (le Continental acheté à Medellin n’a tenu que 3000 kilomètres avant de se couper en 2)….J’ai également des rayons à faire changer. Pour les rayons, je peux me débrouiller. Pour le pneu, je suis un peu plus inquiet, car il nous reste beaucoup de kilomètres et de piste à faire avant Cusco où nous pourrions trouver un magasin de vélo….
Heureusement, notre compagnon de voyage transporte un Schwalbe qu’il consent à m’échanger contre ma bombe à ours (protection face aux chiens agressifs). Mon souvenir d’Alaska contre une tranquillité pneumatique ? Marché conclu.
Quant à Kanetomo, ses deux pneus sont neufs et il en attend de nouveaux à Lima.
Encore une journée de farniente et nous reprenons la route.