Pérégrinations d’un randonneur Plouénanais sur le Paris-Brest-Paris (1/2)
Samedi 17 août
Arrivé à Rambouillet sous un ciel maussade, une fine pluie s’est mise à tomber ; depuis la sortie de l’autoroute, un fléchage « Paris-Brest-Paris » est en place, me guidant sans problème vers les parkings autour du château de Rambouillet.
J’ai rendez-vous à 15 h 30 pour le contrôle de mon vélo et la remise des différents documents. Un bénévole m’indique une allée forestière rejoignant la bergerie. Je n’ose pas monter sur mon vélo de peur d’une crevaison prématurée, j’avance prudemment pendant plus d’un kilomètre avant de rejoindre mon lieu de rendez-vous.
Je croise des cyclistes qui m’indiquent en anglais la bonne direction, déjà on ressent l’internationalisation de l’événement, j’ai le sentiment d’être le seul à parler français. (J’apprendrai, plus tard qu’il y avait seulement 1 500 Français sur 6 300 partants).
De loin, je devine une file de cyclistes, le vélo à la main, prêts à passer au contrôle. Sous la pluie, j’attends trois quarts d’heure avant de faire vérifier mon vélo ; malgré tout on ressent une certaine bonne humeur et une ambiance plutôt « bon enfant ». Les contrôleurs vérifient très rapidement les feux arrière et avant ainsi que l’efficacité des freins et m’invitent à passer sous la tente prendre mon package d’inscription comprenant notamment plaque de cadre, carnet de route et gilet réfléchissant.
Les bénévoles sont charmants, il est évident qu’ils font le maximum pour réserver le meilleur accueil aux participants. Ce sera vérifié tout au long du parcours, dans toutes les villes étapes.
Retour au parking, le chemin forestier est devenu boueux. Moi qui ai pris le plus grand soin à « briquer » mon vélo, il va falloir que je programme à nouveau un bon nettoyage.
L’hôtel est éloigné d’une quinzaine de kilomètres. L’hôtelière me confirme qu’elle affiche complet et que les trois quarts des occupants sont des cyclistes. Près de ma chambre, je côtoie deux Coréens qui astiquent leurs vélos ; dans les couloirs, ça sent à la fois le camphre et le lubrifiant.
Avec Ronan nous sommes convenus de nous retrouver pour le dîner. Nous échangeons nos espoirs mais surtout nos craintes devant l’épreuve qui nous attend, en dégustant une bonne pizza, dans une salle pleine de cyclistes.
Dimanche 18 août
Après une bonne nuit, j’ouvre les rideaux, la pluie tombe avec force. Je traîne au petit-déjeuner en compagnie de deux cyclos de Saint-Brieuc. Je passe le reste de ma matinée à nettoyer mon vélo, à monter ma plaque de cadre, à fixer la bagagerie et mes deux bidons.
Pour la circonstance, je me suis imposé de voyager léger. Une sacoche arrière comprenant une tenue de rechange (que je n’utiliserai pas) et pour la nuit des jambières, des manchettes, des gants d’hiver, une cagoule et une paire de grosses chaussettes. En plus, une trousse de réparation de crevaison et quelques pommades.
Une petite sacoche de cadre, comprenant téléphone, batterie, piles de rechange pour éclairage et papier toilette.
Enfin vers midi, le ciel se déchire miraculeusement, la pluie cesse et le soleil apparaît nous gratifiant d’une météo qui s’avérera agréable tout au long de notre périple. Il est temps de quitter l’hôtel pour regagner Rambouillet. À 14 h, je déjeune sous le chapiteau de l’organisation et m’approche des « sas » de départ où affluent des cyclistes en grand nombre.
Je dois partir à 16 h 30 dans la troisième vague : « C ». Je me souviens de la remarque d’André contraint de passer un long moment dans le sas de départ sous le soleil. Après avoir observé les premiers groupes, je me mets prudemment en marge du peloton assis sur un « pliant » laissé vacant par un bénévole. À l’heure dite, j’intègre la queue de mon groupe enfin libéré.
À mes côtés, un concurrent affiche une tenue dernier cri « combinaison fluo » et un vélo profilé roues carbone et jantes hautes. Je ne trouve pas son équipement très adapté pour une telle épreuve, mais ça semble plaire à sa compagne énamourée qui lui envoie des baisers passionnés. Un peu plus tard, à la sortie de Rambouillet, je le croiserai sur le bord de la route confronté à l’une des premières crevaisons de l’épreuve.
Dès la sortie du parc de Rambouillet, le peloton accélère vivement l’allure. Sagement, je décide de lâcher prise pour me retrouver isolé au milieu de trois Suédois qui avaient également pris la décision de rouler tranquillement.
Vers Senonches, deux groupes nous rejoignent et nous dépassent à vive allure. Ce n’est qu’après une soixantaine de kilomètres qu’un groupe homogène peut enfin se constituer.
220 kilomètres plus loin et après avoir sauté l’accueil facultatif de Mortagne-au-Perche, nous atteignons Villaines-la-Juhel, premier contrôle officiel de notre périple à 0 h 54 à près de 26 km/h.
À suivre…