Mon tour de France cyclo-camping
Les premiers contacts avec le cyclo-camping
Je suis cyclo-campeur depuis 1979. Passion que j’ai découverte avec deux amis. J’ai donc sillonné la France, découvert de nombreuses régions. La naissance de mon fils Hugo, a ralenti mes sorties cyclos dès 1989. En 2011, pour assister à la cérémonie de fin d’études de Hugo à Saint-Malo, après accord avec Laurence, ma femme qui nous rejoindra en voiture, je renoue avec le cyclo-camping.
J’ai donc fait Calais – Saint-Lunaire, vent dans le nez, avec des journées pluvieuses. Parti un dimanche, pour une semaine où les éléments étaient contre moi. Mais on pouvait me surprendre à chanter malgré l’adversité. La passion était restée intacte. Le virus était en moi. Puis chaque année, avec Dominique, un ami du Cyclo club calaisien, nous faisions une semaine de cyclo-camping.
Mon corps, mon esprit m’invitaient à partir plus loin, plus longtemps. L’envie de pousser jusqu’au Jura, de passer par Colombey-les-Deux-Églises, puis de faire le tour de la France devenait de plus en plus pressante.
« Si je ne le fais pas cette année, je ne le ferai pas dans dix ans » dis-je à mon épouse. Après son accord, je lui déclarais avec humour : « Mais si je le fais cette année, je le ferai sûrement dans dix ans. »
Le jour J – Le grand départ à travers la France
Le départ se fit le 21 juin 2022, ignorant la durée du voyage. Laurence impatiente et inquiète, me demanda d’être prudent.
Mot d’ordre : la prudence
Avec mes cartes routières, j’ai tout de suite privilégié les petites routes mais aussi les véloroutes même si elles sont devenues de véritables autoroutes pour vélos qui évitent généralement les centres des villages.
J’étais attentif aux prévisions météo, m’arrêtais s’il le fallait, buvais de 6 à 7 litres d’eau en cas de canicule, n’hésitant pas à me charger de 4 litres d’eau, à rouler tôt, à profiter d’une bonne sieste aux heures les plus chaudes.
Les dénivelés
Pour le Tour de France professionnel cycliste, il y a des étapes de transition, pas pour le cyclo-campeur.
À l’approche d’une côte, j’anticipe, je mets tout à gauche, ne connaissant ni la longueur ni le pourcentage. Pour ma deuxième étape entre Lillers (62) et Péronne (80), j’ai avalé 1 010 m de dénivelé pour 111 km parcourus. Pour mon avant-dernière étape entre Sainte-Suzanne (53) et Livarot (14), j’ai compté 1 455 m pour 137 km. J’ai donc privilégié les voies longeant canaux et rivières et remis à plus tard le Jura. On n’avance pas de la même façon avec une mule chargée de plus de 30 kg.
Les traversées des villes
Évitez les villes, faites pour les voitures, les camions ! Quelques villes m’ont paru agréables : Toulouse avec sa Voie verte, Avignon malgré ses séries de trois poteaux alternatifs, pas pensés pour les vélos chargés, Rochefort et La Rochelle.
Les paysages
Le vélo est un moyen fabuleux pour découvrir une région, s’arrêter, photographier, être en prise directe avec le paysage.
Les campings
J’ai été agréablement surpris par les accueils vélos qui s’y développent. Nous attendent des emplacements partagés pour 3 ou 4 cyclos, avec chaises, tables, pour le confort du cyclo, pour les échanges. Pour éviter les campings qui n’existent plus, je faisais des recherches camping sur Internet et téléphonais au camping par sécurité.
Les rencontres
Le cyclo -campeur est accueilli avec sourire, curiosité, sympathie. Les échanges entre cyclistes sont nombreux : on compare nos montures, nos itinéraires, nos chargements.
Par exemple, j’ai rencontré Hugo, un nantais de 19 ans qui allait vers la Suisse,
Daniel, 34 ans, avec qui j’ai partagé la route, Munichois allant vers Barcelone,
un Polonais se dirigeant vers Saint-Jacques-de-Compostelle,
Il n’y a pas un cyclo-campeur, mais nous avons tous le même plaisir, celui de rouler, de voyager, de découvrir, de rêver éveillé.
Il y a aussi les cyclos locaux qui nous accompagnent, qui font même le guide touristique, fiers de leur région, comme le fit Francis du Grau-du-Roi à la Grande Motte ou encore Michel d’Agde qui me guida jusqu’au canal du Midi.
Les pistes et voies cyclables
Elles n’existaient pas il y a quarante ans. Moi l’adepte des petites départementales ou vicinales, j’en ai usé des pistes cyclables quand elles suivaient ma direction.
Dans l’Aisne, j’ai longé le canal du Nord, tout en me perdant faute d’indications,
en Champagne j’ai suivi la véloroute le long de la Marne, puis j’ai pris la voie « Entre Champagne et Bourgogne » ainsi que la ViaRhôna® de Vienne à la Grande Motte, en évitant Lyon-Givors jugée trop dangereuse.
Les Voies vertes n’étant pas toujours bien indiquées, je les quittais sans le vouloir, ou même prise à contre-sens au sud d’Avignon. Puis le canal du Midi, de toute beauté, m’a promis une conduite « rock & roll » dans l’Aude alors qu’en Haute-Garonne le revêtement devint confortable. Malgré le manque de panneaux à déplorer, les voies cyclables sont agréables.
Le lien avec la nature
À vélo, on est silencieux, à moins de chanter ou d’entendre le cliquetis si agréable de la cassette arrière.
Conclusion
Une belle aventure humaine. Pas de télévision, de radio, de journaux. Je me suis petit à petit coupé du monde des médias. Je cherchais seulement des infos sur la météo. Je n’ai jamais forcé. À refaire évidemment mais pas forcément de la même manière.
Dans ma tête, le voyage à vélo s’impose. Beaucoup de monde peut partir à vélo. Tranquille, sans forcer. Le vélo est un passeport idéal pour faire des découvertes, des rencontres, se forger un caractère à toute épreuve, avoir confiance en soi et en l’autre.
J’ai effectué 2 779 km en 31 étapes. Je n’ai pas cherché l’exploit sportif mais plutôt le bien-être à vélo. Ce n’est pas un exploit que j’ai cherché, mais un bien-être !
Rencontre avec Marc Fabryczny
Comment est née votre passion pour le vélo et le cyclotourisme ?
Ma passion pour le vélo date de mon enfance dès l’âge de 5 ans où vélo rime avec jeu, plaisir et découverte. Mon père et mon oncle m’ont transmis aussi leur passion qui leur permettait d’oublier le monde de la mine. Je suivais aussi assez rapidement le Tour de France et les héros de l’époque. Les sorties entre copains, copines ont aussi bercé mon adolescence.
Quelle est votre définition du cyclotourisme ?
Le cyclotourisme c’est découvrir une région, ses habitants, sa gastronomie à son rythme.
Pourquoi un tour de la France ? Et pas un voyage à l’étranger ?
Ce tour de France, c’était pour retrouver mes sensations que j’avais connu les années passées et voir comment le cyclotourisme avait évolué : technique du vélo, équipements et infrastructures. Je suis resté fidèle à la cartographie papier. Pour cette année 2023, j’ambitionne d’aller en Pologne et de faire Kalisz (ville de mes ancêtres) – Calais.
Vous déclarez dans votre récit : « Je n’ai jamais forcé, jamais essoufflé ». Vous avez donc une très bonne condition physique ?
Je n’ai pas une condition physique exceptionnelle, mais dans ce style de périple , il faut en garder sous la pédale, on ne peut connaître la difficulté du parcours à l’avance et ainsi pouvoir savourer chaque moment de la journée. Et surtout, ne pas se mettre dans le rouge, et là, ça devient vite galère.
Votre meilleur et plus mauvais souvenir sur ce tour de la France ?
Pour mon tour de France, j’ai eu de nombreux bons souvenirs. Le cyclo-campeur doit inspirer confiance, sympathie. Le canal du Midi m’a enchanté tout particulièrement. Un mauvais souvenir ? Pas vraiment , peut-être les limaces au camping près de Langres.
Mine de rien, votre femme tient un rôle important dans vos voyages à vélo. Pensez-vous que les cyclos au long cours sont un peu égoïstes ?
Je ne me trouve pas égoïste mais l’épanouissement personnel n’est pas antinomique avec la vie de couple, bien au contraire.
Vous êtes également le président du Cyclo club calaisien. Depuis combien de temps occupez-vous cette fonction et pourquoi ?
Je suis président du CCCalais depuis onze ans. J’ai souvent été à la tête de groupes de personnes. Capitaine, entraîneur de rugby, metteur en scène en théâtre amateur, directeur d’école élémentaire.
Je souhaiterais me trouver un successeur, mais cela est une autre histoire…