La Ronde d’Aliénor d’Aquitaine une aventure autour de l’aquitaine 3/3
C’est la remontada !
Départ pour Saint Jean de Luz, et oui le dernier tiers de cette Ronde donne l’impression d’être en vacances car on va sur la côte basque puis on longe la côte landaise ensuite ce sera le bassin d’Arcachon avant de traverser le Médoc du sud au nord.
Dernières bosses, je passe dans les Landes on peut dire qu’on en a fini avec le dénivelé mais pour certains ces loooooongues lignes droites et ces rangées de pin à perte de vue peuvent être une grosse épreuve mentale. Car même si le parcours longe l’océan, des lacs et le Bassin d’Arcachon on ne les verra pas : ce sera pins pins pins ….
A saint Vincent de Tyrosse j’avais repéré un resto Thaï car le sandwich jambon emmental chocolatine ou flan et bien ras le bol ! Ce sera salade fraîcheur et un bon pad thaï (nouilles de riz). Avant d’arriver à Mimizan nouveau petit arrêt chez un glacier (et toujours en profiter pour optimiser la pause pour gagner du temps ça doit être un arrêt utile : toilettes, remplissage des bidons, crème solaire, recharge du smartphone…).
Et voilà comment les heureuses coïncidences surviennent : Clémence arrive et m’annonce que désormais elle est toute seule, son collègue Christopher n’ayant plus envie de continuer s’est arrêté à Seignosse. Je lui propose de rouler ensemble tout en précisant que si dans la nuit on a des coups de sommeil il faudra de manière individuelle s’arrêter pour les gérer et on finira par se rejoindre.
Nous nous entendons parfaitement et nous faisons connaissance : on se fixe une allure minimum et on prend des relais certes l’homologation est déjà loin mais on est là pour faire de notre mieux : pas grave, on s’adapte !
Clémence est plus expérimentée que moi en randonnées d’ultra distance elle va d’ailleurs participer à La Route du Silence un mois plus tard. Toutefois c’est son premier brevet de 1200km. Mimizan c’est arrêt supermarché pour faire le plein pour avoir de quoi manger pour le soir et la nuit. On mange par terre dans l’entrée de la galerie marchande : pas grave on s’adapte ! Se succèdent de grandes portions de pistes cyclables qui rejoignent le Bassin d’Arcachon et qui le contournent jusqu’à Lacanau.
Une rencontre improbable !
Il est presque 23h on cherche de l’eau : un panneau cimetière nous éloigne de la piste cyclable et on aperçoit alors une salle des fêtes bien animée avec de la musique orientale.
Allez on va leur demander si on peut remplir nos bidons. C’est en fait un mariage marocain. Aussitôt le monsieur nous apporte une grande bouteille d’eau et avant même que l’on puisse dire merci, une dame nous apporte un plateau de pâtisseries marocaines et un autre monsieur du thé à la menthe. On est reçues comme des reines !
Passant dans la salle au milieu des invités deux d’entre eux me reconnaissent car nous fréquentions le même salon de thé marocain à Bordeaux, l’un d’eux est le père du marié. Nouvelle heureuse coïncidence. Les invités s’attroupent autour de nous et nous ramènent encore du thé. Un moment hors du temps : vive le club des « retardataires ». J’annonce dans le WhatsApp des participants que c’est fichu pour l’homologation du brevet car nous avons été invitées à un mariage 🙂
Mais il nous reste encore 180 km et nous allons rouler toute la nuit, nous laissons à regret le meilleur ravito et accueil de cette Ronde pour reprendre la route mais bien requinquées. Ou presque, Je sens que Clémence a des coups de sommeil, j’ai l’impression que son éclairage zigzague sur la route quand elle est derrière moi. On s’arrête se poser mais je n’ai pas trop sommeil mais ça lui fait du bien et c’est important. C’est cependant insuffisant.
Dans une descente sur Lacanau, elle part vers le bas côté, sans conséquences, mais je décide de la stopper et de lui proposer de s’allonger au milieu de spins pour dormir et sans mettre d’alarme. Elle reviendra plus en forme et pourra finir en sécurité. Elle s’exécute car elle a bien conscience aussi qu’il faut s’arrêter pour dormir. Je lui dis que je vais continuer à rouler et que je dormirai sans aucun doute mais un peu plus tard.
L ’aube pointe face à moi
On se sépare.Je me retrouve seule sur la route des phares (interdite aux voitures) roulant en diction de la Grande Ourse : encore un moment magique. Peu à peu l’aube pointe en face de moi. Il est presque 5h30 : quelques bâillements, un coup de sommeil : stop je m’arrête je ne tente pas le diable. J’étale mon coupe vent sur le sable au pied des pins j’ai mis ma doudoune car il fait très frais et humide (7°C au petit matin). Et je m’endors. 25 minutes plus tard je me réveille, les oiseaux chantent le jour se lève : je me sens bien !
Je reprends ma route et je passe dans un village où des amis de mon club de vélo (stade bordelais) m’ont proposée il y a quelques heures leur aide en cas de besoin dans la nuit : je décide de les appeler pour les remercier.
Ils me demandent si j’ai de quoi manger : je leur dis que non (il est 6h45). Alors je bifurque et je suis accueillie pour un bon petit déjeuner ! Je reprends le parcours et je file : il est 7h30 je me donne 4h pour arriver à l’apéro organisé pour les finishers.
J’ai de bonnes jambes et j’avance, j’essaye de profiter du moment présent : avoir parcouru tous ces km, franchi toutes ces difficultés, la plupart du temps seule et en autonomie : je suis fière de moi même si j’aurais bien sûr apprécié de boucler cette Ronde en moins de 90h. Finalement ma pause sommeil au bon moment a été très efficace pour finir bien.
Je suis allée jusqu’au bout : avec un super accueil de l’organisation et des autres finishers.
60 cyclistes ont abandonné.
Finalement pas de pépins physiques ni mécaniques : mon corps n’avait jamais subi ça et il s’en sort plutôt bien et la tête aussi. Dans les moments difficiles je suis restée ancrée dans le moment présent. C’est la clé selon moi pour tenir le coup. Et pour rester éveillée, une seule solution : dormir 🙂
La Ronde d’Aliénor ce n’est pas un brevet c’est une Aventure sportive et personnelle avec de très belles rencontres aussi, y compris en dehors de l’épreuve.
Conclusion
J’ai engrangé énormément d’expérience. Je sais ce que je peux modifier pour mieux optimiser ma gestion de l’épreuve (sans prendre de risques inconsidérés) et je l’appliquerai pour les prochains longs brevets et Paris-Brest-Paris. En tous cas, depuis l’arrivée je n’ai eu qu’une envie : recommencer, et cela, ça veut dire que j’ai réussi mon défi 🙂
Pour celles et ceux qui aiment les chiffres, j’ai donc mis 103h soit 11h de moins que le délai limite autorisé pour être déclarée finisher orages, hébergements, pâtisseries marocaines et petit déjeuner chez les amis inclus 🙂 et avec un vent de face qui sera resté toujours de face quelque soit la direction que je prenais…
Et n’oubliez pas : si vous en avez envie mais que vous avez peur, lancez-vous car « plus tard » c’est déjà trop tard.