La Ronde d’Aliénor d’Aquitaine une aventure autour de l’Aquitaine 1/3
C’est depuis 2014 qu’existe La Ronde d’Aliénor d’Aquitaine. Un peu comme le Paris-Brest-Paris, la ronde a lieu tous les quatre ans. Nous pouvons aujourd’hui l’affirmer, cette 3e édition fut un succès tant par le nombre de participants que par la qualité de l’organisation.
Il est très difficile de résumer 1200 kilomètres en quelques lignes… C’est pour cela que nous avons donné carte blanche à Valérie pour décrire avec son ressenti à chaud l’expérience de la très longue distance à vélo. Nous vous livrons ainsi un récit en 3 épisodes à retrouver chaque jour ici même.
Portrait de Valérie alias Val Mente
Comment as-tu préparé cette épreuve de longue distance de 1200 Km ?
Je suis licenciée au Stade Bordelais Cyclo FFCT depuis septembre 2018 (club organisateur du célèbre Raid Cyclo Bordeaux/Sète), j’ai réalisé cette année un brevet fédéral FFCT de 100 km en mars en faisant l’aller retour depuis chez moi soit 226km, une Flèche Vélocio à Pâques (Bordeaux/Carcassonne en 24h en équipe de 4), un BRM200 (avril) , un BRM400 (mai) et un BRM600 (juin), le Tour des Dolomites en voyage itinérant (en portant les sacoches) sur 7 jours 650 km 18000m de D+ début juin , je continue aussi le Dodecaudax avec mon 18ème 200km mensuel d’affilé en juillet lors de la Ronde.
Episode 1 : Entrer dans la Ronde
La Ronde d’Aliénor d’Aquitaine, quel joli nom pour un brevet de 1200km réputé difficile faisant le tour de l’Aquitaine (voire plus si affinité) qui s’est déroulé du 3 au 8 juillet 2022. Créée en 2014 elle ne fait donc pas le Tour de la Nouvelle Région et heureusement car j’y serai encore 😀
Avec plus de 250 inscrits, on peut dire qu’elle a remporté un vif succès avec la montée en puissance (du point de vue tendance) du cyclisme d’ultra distance même si les expérimentés connaissent ce genre de randonnée/brevet depuis des nombreuses années. Mais même chez ces pratiquants de longue date, les sacoches de bikepacking ont peu à peu supplanter les sacoches de porte bagages ou semi rigides. Je rappelle ici que l’inscription coûte seulement 90 euros.
Des vélos à l’image des participants !
La Ronde appelée par son petit nom RAA (qui est aussi l’acronyme du club organisateur les Randonneurs Autonomes Aquitains) permet également de venir avec son vélo muni de prolongateurs traditionnels : seul le brevet de Paris-Brest-Paris ne l’autorise pas et impose que les tiges des prolongateurs ne dépassent pas les cocottes. Le LEL (Londres Edimbourg Londres) autre brevet mythique de 1400km qui se tient dans quelques jours n’impose également aucune restriction sur cet aspect. Deux vélos couchés dont un caréné étaient au départ .
L’organisation est hors pair et s’appuie sur de nombreux bénévoles tout au long des 14 Points de Contrôle sur les départements de la Gironde, Dordogne, Corrèze, Lot-et-Garonne, Gers, Pyrénées Atlantiques et Landes.
Un parcours exigeant !
Le parcours est exigeant avec tout le dénivelé regroupé sur les 800 premiers km avec à mi parcours l’ascension du Soulor par son côté le plus ardu auquel on rajoute l’ascension de l’Aubisque : ça change de l’arrivée à Brest ! Pour ma part, je suis nouvelle dans la pratique du cyclisme d’ultra distance mais j’ai saisi l’opportunité de m’inscrire à la RAA pour 3 raisons :
- Elle part de chez moi c’est quand même pratique
- C’est un boucle ! Là encore ça facilite la logistique surtout avec un vélo
- Elle se tient que tous les 4 ans, je n’allais pas attendre d’être prête encore 3 ans !
Et aussi, je connais bien le club organisateur 🙂
L’assistance est autorisée : voiture ou camping cars (il y en a eu beaucoup) pourront aider leurs cyclistes à chaque Point de Contrôle, mais sans jouer les véhicules suiveurs !
Les Points de contrôle offrent pour la plupart : tapis pour dormir dans une salle voire matelas, parfois douches, ravitaillement payant chaud/froid et accueil chaleureux.
Une préparation exigeante…
Malgré tout, il faut bien se préparer à cet énorme défi pour moi même le jour du départ je ne sais pas si je vais y arriver : bon en même temps c’est le principe d’un défi. J’ai ainsi complété des brevets longs distance pour me préparer : 200, 400 et 600km. Les deux derniers ayant un avantage indéniable : ils empruntent une bonne partie du parcours de la Ronde.
Mais j’ai vraiment souffert lors du 600km, je n’étais pas en grande forme et comme j’ai testé la stratégie de « dormir » quelques dizaines de minutes par terre au cours de la nuit : l’effet fut dévastateur. Le déficit (voire la privation) de sommeil est terrible et reste ce qu’il y a de plus dangereux dans cette pratique extrême du vélo.
Une nouvelle feuille de route
Sur la base de ce retour d’expérience, j’ai donc revu ma « feuille de route » pour cette ronde et j’ai calé des hébergements sur les conseils d’un diagonaliste : même si je n’y reste que quelques heures une douche un bon lit (et un toit) me permettront d’avoir des bonnes jambes.
J’ai découpé ainsi ma trace en 4 parties : 300km, 320 km, 355 km et pour finir 255 km. Je sais que si je choisis de dormir par terre dans un CP cela ne sera pas top (d’ailleurs très peu ont pu dormir correctement dans le 1er CP de la nuit à cause du bruit et des va et vient). On m’a parlé de simple tapis de gym (confort sommaire) dans les CP offrant le couchage. Seul le CP de Béost à la descente de l’aubisque propose des lits dans un centre de vacances.
Mon objectif
Objectif : rallier l’arrivée en moins de … 90h. Si je réussis, je pourrais me réinscrire à Paris Brest Paris dès la mi janvier 2023 (mais j’ai quand même un BRM600 dans mon escarcelle).
Toutefois, je ne pense pas à PBP quand je me lance sur cette RAA car elle est un gros challenge en elle-même et je suis certaine qu’elle deviendra une incontournable des épreuves d’ultra distance de notre territoire. Donc step by step.
Je suis donc au départ avec (seulement) 4000 km de vélo depuis le début de l’année dont un tour des Dolomites de 650km et 18000 m de dénivelé 1 mois plus tôt et enfin le BRM600 fini 3 semaine savant.
Un point important pour moi, l’objectif principal est de bien vivre cette Ronde, c’est-à-dire ne pas prendre de risques inconsidérés, ne pas être à l’agonie, profiter du parcours qui va me faire voyager comme jamais je l’ai fait à vélo, passer de bons moments avec moi-même et surtout apprendre à faire face à toutes sortes d’aléas. Le délai de 90h est très serré pour mon niveau mais il n’est pas question de battre des records il n’y a pas de classement et je ne veux pas recommencer les errements du BRM600.
Alors dormir 2-3h en 3 jours cela ne sera pas mon truc 🙂 d’ailleurs si je faisais ça je ne serais plus là pour écrire ce récit.
Un départ prudent
Nous partons par groupe de 20 toutes les 10 min entre 5h et 6h30 du matin. Je reste à mon rythme : déjà certains se retrouvent cramés au bout de 50km pour avoir tenté de suivre les copains qui frôlent les 38 km/h sur le plat …
Je me sens en forme après 3 semaines de coupure après le 600km et puis contrairement à ce dernier je ne reviens pas de 7 jours de vélo dans les Dolomites/ bref j’ai misé sur la fraîcheur et tout va bien. Je mets le minuteur à chaque arrêt pour ne pas perdre de temps.
Après un ravito corrézien plus que solide (le ravitaillement est payant comme sur PBP), je me sens tellement bien que j’arrive avec 2h d’avance à mon hébergement ! Nous avons traversé une partie de la Dordogne avec une belle incursion en Corrèze. L’architecture variée des villages m’enchante.
Une sacrée journée mais j’aurais pu rouler aisément 2h de plus seulement voilà lors de mon 600 j’étais dans le dur au 300ème km (nous avions roulé plus lentement et la nuit étant avancée j’avais bien sommeil) et j’avais donc calé mon étape ici. Cela sera un erreur stratégique !
A suivre, les 2 prochains épisodes