Vélo et fromage – La route du Laguiole AOP, de quoi se régaler !
Un regard sur le profil fait vite comprendre qu’il va falloir jouer du dérailleur. Il présente un point bas, où la route passe de 800 à 310 m pour remonter tout aussi vite. Un autre point bas marque le premier franchissement de la Truyère sur le barrage de Sarrans, suivi d’une montée avec des passages à plus de 14 %. L’altitude maximale se situe à 1 011 m et le dénivelé positif est de 2 030 m pour une distance totale de 114 km. Le tout ondule entre 650 et 900 m d’altitude. Nous voilà avertis !
Pour notre part, nous avons découpé la route en trois étapes parcourues tranquillement, à notre rythme, sur de petites routes bien entretenues.
Un balisage efficace
L’itinéraire est balisé dans le sens anti-horaire avec des panneaux rapidement identifiables ; la carte, le profil et la trace GPX sont téléchargeables sur le site dédié : https://www.tourisme-en-aubrac.com/randonnees-pedestre/velo-et-fromages-route-du-laguiole-aop-et-des-fromages-de-laubrac-et-du-carladez/
À qui s’adresse cette route ?
Mis à part les familles avec de jeunes enfants pour qui le dénivelé est difficile, cet itinéraire est fait pour tous types de cyclotouristes. Et pour cause ! L’itinéraire a été tracé par les cyclotouristes du Cyclo Club du Carladez qui proposent chaque année leurs « Grimpettes du Carladez ». Ce sera le 04 août en 2024.
En dehors du relief, la région se déguste : paysages, villages et maisons typiques pour les yeux, fromages et spécialités locales à base de tome fraîche, pour les papilles. Suivre cette route, c’est prendre du plaisir à pédaler dans un environnement naturel de qualité, c’est aussi rencontrer des passionnés au savoir-faire hérité d’une longue tradition qui ne renie pas la modernité.
Nature, activités, gastronomie et patrimoine sont intimement liés
- Le sportif peut s’y attaquer sur la journée et il pourra tester sa forme car il ne trouvera que peu de moments de répits. Montées et descentes, quelques raidards et de plus ou moins longues côtes. Le profil est varié, de quoi s’amuser !
- Le cyclotouriste en général y trouvera également son compte.
La nature
La route est tracée sur les contreforts ouest de l’Aubrac sur le territoire du Parc naturel régional de l’Aubrac, essentiellement dans les paysages de La Viadène et du Carladez, entre pâturages et forêts, paysages volcaniques et larges vues sur les monts du Cantal. L’altitude moyenne se situe entre 600 et 1 000 m et l’impression d’évoluer en montagne est forte. Les profondes et sinueuses gorges de la Truyère offrent un espace naturel verdoyant.
Au printemps, fleurs et plantes aromatiques abondent dans les prairies : lotier corniculé qui peuple aussi les bas-côtés de la route, trèfle des prés, vesce craque, ciste…
Les traces du volcanisme sont nombreuses dans le Carladez, au nord de la Truyère : la coulée de lave à la sortie de Lacroix Barrez, les orgues basaltiques à la chapelle du Roc à Huparlac…
Le patrimoine
De Laguiole à Mur-de-Barrez ou Huparlac, de village en village, de hameau en hameau, nous trouverons le même type de maisons aux murs épais de basalte et aux toits pentus couverts de lauzes, le matériau traditionnel local en schiste gris scintillant ou en schiste ardoisier gris bleu.
À ne pas manquer à Mur-de-Barrez, ville médiévale : la maison consulaire, l’église, la Tour de Monaco qui rappelle que le Carladez fut donné par Louis XIII aux Princes de Monaco.
Certaines églises ont attiré notre regard : l’église fortifiée d’Orlhaguet, l’église de Nigreserre, la modeste église Saint-Blaise et son clocher peigne sur le site du village de Valon. Valon, notre coup de cœur avec ses maisons qui s’accrochent à la pente, robustes maisons aux toits de lauzes parfois à ras de rue et son château dont le donjon se dresse fièrement à l’extrémité de l’éperon qui domine la vallée de la Truyère. Le village a conservé ce qui faisait le quotidien des habitants depuis le Moyen Âge : aire de battage du blé, four à pain, sécadou où l’on faisait sécher les châtaignes…
Un autre château remarquable, celui du Bousquet, une puissante et belle forteresse (XIIIe ou XIVe siècle), à quelques kilomètres de Laguiole.
Le savoir-faire des couteliers de Laguiole
Benoit l’Artisan | Fabricant Artisanal de Couteau de Laguiole (laguiole-benoit.com)
Avant de parler élevage et fromage, nous nous sommes intéressés aux couteaux Laguiole et leur abeille emblématique et au savoir-faire des couteliers dont nous avons pu admirer les gestes précis et rapides alors que, devant son backstand, il travaille le manche du couteau afin de lui donner sa forme. Une des multiples étapes qui vont conduire à la fabrication du Laguiole. Les premiers couteaux fermants sont produits à partir de 1829.
Le fromage
On pourrait commencer par le taureau car, pas de vaches et de taureaux, pas de veaux et pas de lait et pas de fromage ! Celui de Laguiole, fier représentant de la race Aubrac trône majestueusement au centre du Foirail depuis 1947. Toucher ses attributs, porterait bonheur !
Plusieurs fermes ouvrent leurs portes pour faire découvrir leur quotidien. Nous avons rencontré Martin et Jean-Paul Dagneau à Cassuéjouls qui, à raison de deux traites par jour, 365 jours par an, produisent du lait cru et entier collecté par la Coopérative Jeune Montagne de Laguiole.
Le cahier des charges est très strict, en particulier ce qui concerne l’alimentation des vaches : herbe pâturée, foin (ensilage et enrubannage interdits) et céréales. Leur troupeau compte une quarantaine de vaches, essentiellement des vaches de la race Simmental et quelques Aubrac. De mai à octobre, elles restent au pré où a lieu la traite mobile.
La ferme de la Boris Haute à Saint-Amans-des-Côts, livre une partie de son lait à la Coopérative Jeune Montagne et transforme le reste dans son laboratoire. Le foin et les céréales sont produits sur les 75 ha de l’exploitation, à côté des prairies pour le troupeau de 45 laitières, Aubrac et Simmental.
Caroline, Benoît et leurs ouvriers produisent des fromages vendus sur place, dans les commerces locaux et sur quelques marchés voisins : Laguiole AOP fermier et fourmette de la Viadène, deux fromages fermiers, au lait cru.
Le lait collecté dans les 76 exploitations adhérentes est traité dans les locaux de la Coopérative Jeune Montagne à Laguiole qui peuvent se visiter. Jeune Montagne, coopérative fromagère, Laguiole Aubrac France (jeune-montagne-aubrac.fr)
Première impression : l’obsession de l’hygiène et de la traçabilité présente partout. On ne plaisante ni avec le lait cru et entier, ni avec le cahier des charges. Les installations sont modernes et certaines opérations sont mécanisées, mais le travail et le savoir-faire du fromager ont gardé toute leur place.
Un travail physique : transfert du caillé, découpage, montage en fourme de 50kg qui seront brossées, retournées en cave d’affinage où elles resteront de 4 mois minimum à environ 6 ou 20 mois pour le Sélection et le Grand Aubrac. Jeune Montagne produit également de la tome fraîche et de l’aligot.
Même souci à Thérondels, sur le plateau du Carladez, où la Coopérative fromagère collecte 4 millions de litres de lait auprès de 18 fermes. Sa production complète celle de Jeune Montagne avec qui elle collabore étroitement : le Thérondels, une fourme de 2,2 kg, l’aligot, la tarte à l’Encalat, une pâtisserie à base de caillé, d’œufs et de sucre, mais aussi un cantal.
La tradition culinaire
La tradition culinaire locale est à base de tome fraîche : aligot de l’Aubrac et truffade.
L’aligot de l’Aubrac une purée de pommes de terre à laquelle on ajoute de la tome fraîche de l’Aubrac IGP au lait cru et entier. C’est un plaisir de voir l’aligot filer… Son histoire, née au cœur du monastère de l’Aubrac, remonte au XIIe siècle.
La Truffade de l’Aubrac marie la pomme de terre, le fromage Laguiole AOP et la tome fraîche de l’Aubrac IGP. Les pommes de terre coupées en fines rondelles sont rissolées dans un peu d’huile puis on incorpore de la tome fraîche coupée en lamelles et du Laguiole AOP finement tranché. On laisse fondre, on remue pour obtenir un mélange filant, on assaisonne et c’est prêt !
Mais aussi… les gorges de la Truyère et ses aménagements hydroélectriques
Nous pourrions évoquer l’importance des aménagements hydroélectriques des gorges de la Truyère : le barrage de Sarrans que nous traversons et la centrale hydroélectrique de Montézic, située à 400 mètres sous terre. Elle est la deuxième plus puissante de France.
Depuis le belvédère de Valon nous en avons connaissance mais nous ne voyons que le bâtiment des bureaux EDF sur la rive de la Truyère.
Ce soir, un tendre pavé de bœuf d’Aubrac clôturera ce séjour dans le Parc naturel régional de l’Aubrac aux multiples paysages.
Un commentaire
Bravo pour cette article complet incluant nos spécialités tel que notre fromage « Jeune Montagne » partenaire au ravito des « Grimpettes » . Ton papier oeuvre pour faire apprécier ce pays « Carladez, Viadène et Aubrac » cerné par les imposants massifs cantalien et aubracien .
Il est certes valloné mais néanmoins intact et cyclable à loisir sur toute son étendue comme tu en a fait l’éloge et en a donné l’envie.