Ensemble à vélo – Le récit du voyage itinérant du Morbihan à Paris  

Vous faites quoi ce week-end ? Question banale si souvent entendue. La réponse est moins courante : nous partons à Paris à vélo, une semaine de balade en itinérance…

Comme tant d’autres, le groupe du Morbihan a décidé de participer à « Ensemble à vélo » ; les messieurs, sollicités, avaient poliment décliné l’invitation mais on a bien vu dans leurs yeux au moment du départ qu’ils auraient bien changé d’avis… Si j’avais su, je serais venu !  Peut-être réfléchiront-ils différemment la prochaine fois ? Si prochaine fois il y a. En tout cas, la logistique était assurée par une équipe mixte, aux petits soins pour les 59 vaillantes participantes.

Si certaines étant des habituées de ces retrouvailles, d’autres (29 %) étaient novices : soit du voyage itinérant, soit même des longues balades à vélo – une vraie découverte pour elles. Malgré quelques coups de fatigue bien compréhensibles, tout le monde a relevé le défi avec joie et même une certaine fierté, celle de la mission accomplie et surtout des envies de recommencer !

Pour échapper à la monotonie, pas question de reprendre gentiment l’itinéraire de 2012 ; cette fois nous allions un peu varier les plaisirs : traverser la Bretagne du sud vers le nord, puis la Normandie d’ouest en est et enfin arriver dans la capitale.

Direction la capitale


Pas de surprise, le soleil breton est au rendez-vous des premiers kilomètres de même qu’une belette facétieuse qui passe juste devant mes roues, puis pour nos pique-niques, au bord de l’Oust tout d’abord, du canal d’Ille-et-Rance le lendemain.
 
Il a fallu franchir l’épine dorsale du massif armoricain, facilement identifiable par les éoliennes qui tracent cette ligne virtuelle et… par les dénivelés qui l’accompagnent ; après la vie de château dans un manoir rénové de Maxent, nous mettons le cap sur une ancienne ferme aujourd’hui adaptée à l’accueil de groupes à proximité du Mont-Saint-Michel. Un orage bref mais violent arrose copieusement la terre grise et collante des polders et transforme le dernier kilomètre en parcours acrobatique entre route blanche et « ribin ». Ni chute ni casse, pas de mouton de pré salé, juste des vélos crottés. À quelques encablures, le Mont nous nargue.

À Maxent, la vie de château !

 

Passage en Normandie


Troisième jour, nous longeons la baie, admirons le Mont sous un ciel menaçant : c’est que nous franchissons la frontière matérialisée par le Couesnon, nous ne reverrons plus le soleil sauf en de furtifs instants. La Normandie est verte, bien verte, mais nous épargne encore un peu.
 
Nous franchissons la Sélune que nous retrouvons plus tard à Saint-Hilaire-du-Harcouët où nous nous abritons du vent dans un très vaste marché couvert le temps de déjeuner. Les replis de la Normandie se font de plus en plus fréquents, Saint-Cyr-du-Bailleul et sa rue à 15 % n’ont rien du Bailleul des Flandres.
 
Le passage à Domfront très pentu lui-aussi, rappelle à certaines la Semaine fédérale de Flers avant de retrouver les cyclotouristes d‘Andaine venus à notre rencontre pour nous accompagner à Bagnoles-de-l’Orne où jus de pomme et poirée permettent à tous de se désaltérer.

Sur les bords de l’Oust.

 

La pluie succède à la bruine


Cette fois, nous sommes au cœur de la Normandie, la traversée de l’Orne est vallonnée, boisée, agréablement loin des grands axes et pleine de surprises  : un renardeau aperçu ici, un chevreuil là, le champ des oiseaux en musique de fond : tout cela est presque idyllique mais il y a toujours un peu d’aventure : une route effondrée et un passage délicat à négocier, des zones désertiques où la présence d’un café fait partie du rêve ; d’ailleurs nous sommes si trempées qu’il serait malvenu d’aller inonder un estaminet si par miracle il existait dans ces zones qui semblent oubliées.

La pluie succède à la bruine, se fait plus forte ou plus douce mais baigne le paysage au point de dissimuler le château de Carrouges derrière un rideau de brume. Les noms des villages et lieux-dits sont évocateurs, nous avons d’abord quitté les couettes bretonnes, puis survécu à la fosse aux loups, et souri devant les chéris hier du côté de Ducey ; aujourd’hui ce sont les Bizous, mais aussi le désert ; peut-on s‘aimer dans le désert ? Certaines regardent leur compteur, je rêvasse devant ces noms et imagine un itinéraire qui raconterait une histoire grâce à ces curiosités de la toponymie.

 
La commune d’Écouves a prêté sa salle municipale et nous accorde une trêve au sec avant de reprendre le cheminement dans la région du Perche ; les villages « -au-Perche » sont rebaptisés en « haut perché » ; tronçons de Véloscenie® qui ne donnent pas envie, en tout cas pas pour des novices ou des familles tant le relief est éprouvant et « montagnard ».

À quelques kilomètres de Mortagne, voici le village de Courgeon qui rappelle agréablement la Semaine fédérale de 2017 : non seulement la pluie s’arrête mais de sympathiques décorations nous saluent avant l’étape de la Chapelle-Montligeon.

Nous nous rapprochons, non sans mal…


Nous quittons le Perche sur des routes qui sèchent peu à peu. Emportées par notre élan, nous franchissons Usson (et son mur !)  mais du côté de la mare aux loups un violent coup de tonnerre nous ramène à la réalité : le déluge nous tombe dessus  jusqu’à Thiron-Gardais. Pendant que nous déjeunons à l’abri, nouvelle salve ; inutile de se presser. L’orage éloigné nous sortons de notre refuge, admirons les fresques qui ornent la commune dont l’ancienne école royale militaire.
 
Ensuite ce sont les cyclos de Chartres qui viennent à notre rencontre et nous font découvrir quelques rues cachées d’Illiers-Combray ; pas de madeleine de Proust pour le goûter mais une nouvelle averse avant de longer les rives de l’Eure et d’arriver à notre hébergement à quelques pas de la cathédrale ; nous en profitons soit pour aller visiter l’intérieur avant la fermeture, soit pour une balade nocturne pour admirer les illuminations.

Dernière étape, dernières crevaisons ; le temps est plus clément, dernière halte café à Hanches qui nous rappelle que Marianne est toujours jolie ; nous profitons pleinement des vastes forêts et de la verdure jusqu’à Rambouillet où nous pouvons même déjeuner dans le parc du château.

Ensuite ce sont les cyclos de Massy qui prennent le relais pour guider nos groupes jusqu’à la coulée verte et les abords de la capitale : une aide appréciée pour pénétrer un autre monde pour les provinciaux que nous sommes. Un coup d’œil sur le parc et le château de Sceaux entre deux chicanes, le slalom des trottinettes et autres usagers habitués à rentrer chez eux, sans doute à croiser quelques voyageurs mais pas des groupes entiers. Nous ne sommes pas les seules, nous rencontrons aussi des cyclos de Vendée, puis d’autres…

La vigilance est de mise et nous entrons enfin dans la capitale, il n’y a plus qu’à se laisser glisser jusqu’à notre hébergement sur le boulevard « des maréchaux ». 

Tout le monde est en forme, les « novices » ne le sont plus et la bonne humeur est de mise, accentuée par les retrouvailles avec d’autres groupes qui partagent le même hébergement. Les responsables de département sont à la fois heureuses et soulagées d’avoir mené à bien ce périple sans accident. La pression se relâche, il n’y a plus qu’à profiter de Paris…

Une nouvelle fois la pluie, quasiment automnale, est de mise le samedi et réduit un peu les festivités mais le dimanche il fait sec. Froid hivernal certes, mais rien ne vient perturber le long serpent orange qui se glisse le long de la Seine.  Les bénévoles franciliens ont bien œuvré pour nous faciliter la tâche, les forces de sécurité permettent de franchir sans encombre les croisements et freinent les ardeurs des automobilistes impatients sous les yeux éberlués des touristes. 

Paris, une belle et joyeuse balade à vélo


Sous ses échafaudages Notre-Dame nous accorde un timide rayon de soleil, la balade est belle, joyeuse, tout comme les trop courts moments partagés au vélodrome Jacques Anquetil ; jamais la Cipale n’aura vu autant de vélos à la fois, surtout des vélos de route… ici et là, des questions fusent : on va où la prochaine fois ? Nos vaillantes cyclotouristes n’ont certes pas porté la flamme olympique, mais la flamme était en elles.

Texte et photos : Martine Cano, présidente de la Fédération française de cyclotourisme
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