Dans le Tarn, vignobles et bastides en Toscane occitane
L’été s’en est allé, l’automne s’est installé, l’hiver attend son heure, mais dans les caves, le jus des raisins gorgés de soleil, vendangés aux beaux jours et livrés aux bons soins des viticulteurs, ont achevé leur parcours dans le secret des cuves.
Dans le vignoble gaillacois, au cœur de la Toscane occitane, voilà 2 000 ans que la magie s’opère. Profitant du beau temps qui a accompagné le Fascinant week-end 2023, nous avons pu mêler harmonieusement œnotourisme et cyclotourisme. En cette fin octobre, la douceur de la lumière et des reliefs ne manquent pas de rappeler la Toscane.
Première rencontre
Le Fascinant week-end est un évènement œnotourisme national de l’automne dans toutes les destinations labellisées « Vignobles et Découvertes de France » qui permet de découvrir les savoir-faire qui complètent l’activité de la vigne. Des viticulteurs nous ont ouvert leur domaine et leur cave.
Au Domaine de la Ramaye, Michel Issaly, un passionné qui cultive sa vigne en biodynamie et agroécologie, nous accueille sur une petite parcelle plantée des cépages originels, typiques du Gaillacois : braucol, prunelart, duras, mauzac, ondenc, len de l’el (loin de l’œil) et d’arbres mellifères régulièrement plantés entre les ceps.
Il est intarissable sur sa recherche d’un équilibre entre hommes, plantes et environnement et se réjouit de montrer le feuillage heureux de ses vignes dont il soigne le bien-être. Sur ses 6,5 ha, il produit des vins naturels qui conservent l’expression authentique du raisin. Homme de convictions, il annonce clairement : « Vous avez le droit de ne pas aimer nos vins ». Nous avons apprécié.
Terroir rive gauche
Naturellement, notre prochaine étape sera Gaillac et l’abbaye Saint-Michel – aujourd’hui, maison des vins – dont les moines ont organisé le vignoble. Avant eux, la vigne était déjà cultivée par les gallo-romains, il y a plus de 2 000 ans. Les amphores vinaires de l’Archéosite de Montans racontent cette histoire.
Terroir rive droite
Le parcours de liaison tout plat nous conduit à Lisle-sur-Tarn, sur la rive opposée. C’est ce lieu qu’avait choisi le comte de Toulouse, Raimond VII pour y édifier une bastide à vocation essentiellement économique avec son port fluvial, sa place centrale réservée aux marchés et aux foires où s’échangeaient céréales, pastel et vins, bien entendu. Le port a disparu mais la bastide a conservé sa place à couverts et ses maisons faites de briques, de colombages, d’encorbellements et de pountets qui surplombent la rue entre deux bâtisses.
Prochaine étape, l’animation : « Techniques d’élevage » proposé par le domaine Sarabelle. Sarabelle, « sarro-bello » en occitan, serrer la belle dans ses bras d’après une belle légende… Je vous laisse deviner l’histoire.
Animés d’une même passion, propriétaires et personnel sont au service, aux petits soins de leurs raisins et leur fermentation. L’employée qui nous reçoit est intarissable et nous détaille par le menu l’élevage des vins, leur vieillissement dans les barriques et les grosses jarres de terre cuite soigneusement rangées.
Retour rive gauche pour rejoindre Coufouleux et Rabastens par une petite route tranquille. Depuis le pont sur le Tarn, la vue est saisissante. De hautes et puissantes murailles de briques subsistent, vestiges découronnés des remparts datant pour l’essentiel du Moyen Âge. La haute structure de briques de l’église Notre-Dame du Bourg barre la vue à l’extrémité du pont. Ce monument inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle possède un très beau portail orné de chapiteaux romans et l’intérieur est magnifiquement coloré.
Un modeste toboggan va nous hisser à Salvagnac. On oublie un peu les vignes. De la placette qui fait face au château, la vue s’étend, au-delà du Tescou, vers les forêts de la Bouysse, de Sivens et de Grésigne sur les croupes plus lointaines.
Près du plateau Cordais
Descente abrupte sur le Tescou. Changement de braquet, ça grimpe jusqu’au village des Barrières puis belle descente toute en lacets bien larges. Quelques kilomètres d’accalmie dans la vallée de la Vère avant de grimper au sommet de l’éperon rocheux choisi par le comte de Toulouse Raymond VII pour y fonder la bastide de Castelnau de Montmiral. Castelnau de Montmiral, Castèlnòu de Montmiralh, le mont d’où l’on voit, pas mieux pour un site défensif.
Ce matin, les touristes sont peu nombreux sur la place centrale dont chaque face est différente. Une architecture unique… La sérénité des lieux avait guéri Jean-Paul qui y retrouva « sa bonne humeur désormais imperturbable », assure Simone de Beauvoir qu’un « petit autobus cahotant et bondé » avait amené dans la cité en sa compagnie.
La plaisante D4 nous ramène à Gaillac, presque sans donner un coup de pédale, à l’écart de la grande route. À l’écart aussi de domaines accueillants… Pas grave, nous reviendrons le 19 novembre prochain à l’occasion de la traditionnelle randonnée Gaillac Primeur – Souvenir Robert Bousquet.
Concentration Gaillac Primeur – Souvenir Robert Bousquet
Cette journée est ouverte à tous et aux jeunes des six Écoles françaises de vélo du Tarn et d’autres départements avec trois circuits de 30, 55 et 65 km fléchés et au cours desquels les caves averties par les organisateurs proposent des dégustations de Gaillac Primeur festif. Rendez-vous salle Bouzinac, Gaillac à partir de 8 h (clôture 15 h )
Nos amis de l’ ASPTT Gaillac Cyclotourisme précisent : « Cette journée est organisée en l’honneur de notre cher Robert, figure de notre club. Nous vous réservons un accueil convivial gardant la mentalité héritée de Robert. »
Aller plus loin
Site Internet : www.tourisme-tarn.com
Circuit Vélo – C5 Vignobles et bastides