Aventure : Pour Aurélie et Marco, il faut faire de ses rêves une réalité
Nous n’avons qu’une vie et elle vaut la peine d’être vécue. De quelle manière ? À chacun de le décider, car nous sommes tous maîtres de notre propre vie !
C’est sur cette pensée qu’en avril 2018 nous avons décidé de réaliser le rêve de notre vie, celui de parcourir le monde à vélo. À ce rêve, nous y avons fixé quatre objectifs :
- Rassembler des fonds et les reverser à deux associations qui luttent pour que le vélo puisse accompagner des personnes dans le besoin ;
- Montrer le monde tel que nous le voyons à qui souhaite nous suivre sur les réseaux sociaux (notre blog relate nos impressions sur chaque pays traversé, notre chaîne Youtube est pleine de documentaires, et nos aventures sont partagées au quotidien sur Facebook et Instagram) ;
- Motiver les personnes qui nous suivent à elles aussi prendre conscience que la vie est courte et qu’elle vaut la peine d’être vécue… dès maintenant !
- Vivre le rêve de notre vie et en tirer le plus de bonheur possible.
Sauriez-vous deviner combien d’objectifs nous avons atteints ?
Mais qui sont ces deux aventuriers intrépides ?
Avant de vous donner plus de détails sur cette magnifique aventure, voici une courte introduction sur nous.
Nous sommes Aurélie (Française) et Marco (Italien), un couple marié situé dans les hautes sphères de la trentaine. Nous nous sommes rencontrés en 2005 lors de nos études en Espagne, et ne nous sommes plus quittés depuis. Notre goût pour la vie et notre passion pour le voyage nous ont rapprochés encore plus et nous ont amenés à passer ces trois dernières années ensemble 24 h sur 24 h, 7 jours sur 7… pour notre plus grand plaisir
Notre manière de fonctionner en tant que couple voyageur est très simple : nous prenons les décisions ensemble et les exécutons ensemble. Mais on pourrait tout de même dire que nous avons des qualités différentes qui nous permettent d’exceller dans des tâches distinctes.
Marco
Marco est le pro de la mécanique et connaît nos vélos jusqu’à la moindre petite vis. Sa curiosité pour comprendre comment les choses fonctionnent l’amène sans cesse à aider d’autres cyclistes dans le besoin. Concernant l’itinéraire, nous en définissons ensemble les grandes lignes mais c’est lui qui étudie les cartes dans le détail et qui gère l’orientation une fois sur nos montures, ce qui lui vaut d’ailleurs le surnom de « Capitaine Pingouin ». Pour terminer cette brève description, quoi de plus vrai que dire que Marco est une personne extrêmement drôle et sociale. Grâce à son aisance avec les autres, il nous a ouvert plus d’une porte, et, sans lui mettre la pression, il lui en reste encore pleins à ouvrir !
Aurélie
Aurélie est plutôt en charge de la logistique, et particulièrement du stock de nourriture. Ensemble nous préparons de bons petits plats au pied de la tente grâce à notre réchaud. Aurélie est également très calée sur la préparation des visas ; une belle prise de tête administrative ! Mais malgré ces tâches plutôt techniques, elle aime observer la nature et les êtres humains. L’analyse des situations auxquelles nous faisons face nous amène ainsi régulièrement à converser sur des sujets philosophiques intéressants.
Plus de 34 000 km au compteur et 1 000 jours sur la selle
Aurélie étant originaire de France et Marco d’Italie, et notre vie en commun vécue entièrement en Espagne, où donc commencer cette folle aventure à vélo ?
Hors de question pour nous de l’initier sur des terres connues. Nous voici donc dans un avion, les vélos en soute, avec nos 60 kg de sacoches en direction de la Finlande.
Notre premier souhait : découvrir l’Est de l’Europe en la traversant du nord au sud. C’est ainsi que sur nos vélos nous avons découvert les pays suivants : Finlande, Russie, Pays Baltes, Pologne, Slovaquie, Hongrie, Serbie, Bulgarie et enfin Grèce.
Le bilan de cette première étape ? 6 100 km parcours en 4 mois, et surtout la découverte que les êtres humains peuvent être généreux envers des étrangers, surtout si ces derniers se déplacent à vélo !
Mais il y a un problème, nous allons trop vite ! Nous changeons alors notre manière de voyager en profitant au maximum de la durée des visas. Adieu aux lignes droites et bienvenue aux détours !
C’est en Turquie que nous apprécions pour la première fois les joies du cyclotourisme car là-bas tout s’y prête : une culture intéressante et enrichissante, des habitants très hospitaliers avides de connaître et d’aider l’étranger, un réseau routier large et en très bon état et enfin une gastronomie variée et exquise.
En Iran et en Asie Centrale, nous rencontrons des personnes encore plus accueillantes. Est-ce vraiment possible vu notre incroyable expérience en Turquie ? Eh bien oui ! Difficile de choisir un exemple parmi toutes les aventures que nous avons vécues mais une des plus belles histoires est lorsque nous étions dans un tout petit village situé dans une zone désertique, et où pour une raison qui nous est inconnue nous ne pouvions pas passer la nuit dans la mosquée. Les « conversations » avec les habitants nous ont peu à peu dirigées jusqu’au chef du village qui nous a accueilli à bras ouverts et laissé dormir dans une pièce de sa propre maison. Belle leçon de vie nous diriez-vous, mais l’histoire ne s’arrête pas là !
Nos échanges étant limités au bon vouloir de la technologie de Google Translate, Hossein informe sa fille qu’il héberge deux étrangers chez lui. Sans perdre une seconde, elle décide de prendre la voiture avec son petit ami et de parcourir 70 kms en pleine nuit pour nous rencontrer. Son très bon niveau en anglais lui permet non seulement d’aider ses parents dans la traduction et de nous connaître un peu mieux, mais surtout de montrer la plus belle facette de la culture iranienne : l’hospitalité.
Pour plus de détails sur cette incroyable histoire, n’hésitez pas à lire l’article dans son intégralité : https://421adventure.wordpress.com/2019/05/12/when-the-world-carries-you-away/ (et si l’anglais n’est pas votre tasse de thé, n’hésitez pas à utiliser un traducteur automatique).
Nous continuons de pédaler à travers l’Asie Centrale et amassons dans nos mémoires des centaines de rencontres de ce genre. Cette traversée touche à sa fin, mais un défi haut en émotions se présente à nous avant de laisser cette magnifique partie du monde : l’ascension de la Pamir Highway. Cette route qui passe par des cols de près de 5.000 mètres d’altitude est très réputée auprès des cyclistes et clôture la deuxième partie de notre aventure. Un second bilan se dresse : 17 000 km en 15 mois. Vous sentez que nous prenons désormais notre temps ?
Notre chemin se trace au gré des rencontres. Il faut savoir que pour vivre pleinement cette aventure, nous avons tout laissé de notre vie antérieure : aucune chaise de bureau ne nous attend et aucun logement n’est à payer. Cette aventure sans date de fin est la clé pour vivre chaque jour en toute liberté. La seule obligation dont nous dépendons est la durée des visas et les possibilités de les prolonger ou pas selon les règles administratives propres à chaque pays.
Revenons à notre itinéraire.
Après un court passage en Chine dans le fin fond de la région de Xinjiang (nous n’avons été autorisé à pédaler que 60 kms), nous rejoignons le Pakistan. Nous avons le plaisir de rouler sur la fameuse Karakoram Highway et d’être entourés de montagnes s’élevant à plus de 7 et 8 000 m d’altitude ; de quoi nous faire tordre le cou ! Notre route nous mène à la capitale moderne d’Islamabad puis à la ville culturelle chaotique de Lahore pour ensuite entrer en Inde par la frontière de Wagah.
À savoir que le Pakistan et l’Inde sont des pays qui n’étaient absolument pas sur notre trajet initial, le premier pour le danger que son nom évoque (alors que sur place ce ne sont que d’immenses sourires qui se sont présentés à nous), et le deuxième pour la densité de sa population. Traverser le nord de l’Inde très industrialisé, peuplé et pollué, et ce avec une température atteignant 46°C, et qui plus est avec des problèmes gastriques, n’a pas du tout été une partie de plaisir. C’est pourquoi nous avons traversé cette partie du monde en ligne la plus droite possible en pédalant 100 km par jour (alors que notre moyenne quotidienne tourne plutôt autour des 65 km).
En arrivant au Népal nous soufflons un peu… mais pas pour longtemps. Juillet étant la période des moussons et donc des glissements de terrain, peu de routes sont praticables. Et si l’envie de bivouaquer nous prenait, la boue et l’humidité nous en dissuadaient assez rapidement. Heureusement, notre passage dans le pays de l’Himalaya fut mémorable. Nous avons constamment été entouré de montagnes verdoyantes dont les sommets s’élèvent entre 1 500 et 2 500 mètres d’altitude. Une dure expérience pour nos mollets mais un magnifique panorama pour nos pupilles.
Ce qui nous a le plus marqué au Népal est en réalité la visite que nous avons effectuée dans un centre d’accueil pour jeunes filles ayant été victimes de trafic d’enfants. Comme nous vous le disions au début de cet article, nous avons décidé d’associer notre aventure à une collecte de fonds. Grace à toutes les personnes qui ont adhéré à notre cause, nous avons pu changer la vie de 41 filles. Comment ? En leur offrant un vélo. Dans notre culture, le vélo est un objet facilement accessible alors que dans certains pays il peut représenter un an de salaire. Alors, imaginez la joie de ces filles lorsque nous leur avons offert un vélo ! Elles peuvent désormais avoir accès à une éducation plus facilement et ainsi aspirer à une vie meilleure.
Avant de changer complètement d’environnement, il nous faut à nouveau traverser l’Inde. Vu notre première expérience il va sans dire que nous y allons à reculons, mais cette partie nord-est de l’Inde enclavée entre le Népal, le Bhoutan, la Chine, la Birmanie et le Bangladesh, nous réserve de belles surprises. Il faut voir une carte pour comprendre à quel point cette partie est isolée avec un bout de terre de seulement 20 km situé entre le Népal et le Bangladesh qui la connecte avec le reste du pays. La densité de population, l’industrialisation et la pollution y sont plus faibles. Nous nous retrouvons alors à pédaler dans une véritable bulle verte entre forêts, rizières et plantations de thé. Un vrai régal pour le voyageur à vélo et une belle manière de quitter l’Inde.
Nous voici à la fin de notre troisième étape et un nouveau bilan est à faire : 20 700 km en 18 mois.
L’Asie du Sud-Est est selon nous une terre de contrastes, une sensation intensément vécue au passage des frontières où l’on croirait avancer ou reculer de 40 ans. La Thaïlande et le Vietnam sont des pays plutôt modernes qui apportent du confort au cyclotouriste, alors que la Birmanie, le Laos et le Cambodge, demandent une meilleure organisation et vous font vivre des aventures uniques. À votre avis, quelle catégorie de pays avons-nous le mieux aimé ? Nous n’avons pas choisi notre nom 421adventure pour rien et c’est en effet dans les pays sous-développés que nous avons eu le plus de plaisir à pédaler. Certes nous avons dû affronter de nombreux défis comme se faire jeter des monastères en pleine nuit par la police birmane, grimper des cols laotiens à des pourcentages inhumains, ou encore tenter de passer entre les mailles du filet des sites touristiques du Cambodge, mais ces expériences ont été compensées par l’accueil chaleureux et souriant de la population locale, et nous permet d’en garder de très bons souvenirs.
Les problèmes aux frontières, ça nous connaît !
À la question : « Vous est-il arrivé quelque chose de mal ? », nous répondons que les médias conventionnels sont ceux qui présentent un monde dont 95 % n’est que catastrophes et drames, alors que le monde que nous avons vu de nos propres yeux est en réalité fait de 95 % de personnes de bonnes intentions. Nous disons toujours que le vélo est comme aimant qui n’attire que les bonnes expériences, en particulier la générosité immesurable de l’être humain.
Mais, nous devons avouer que nous avons une spécialité. Nous avons eu du mal à l’admettre mais nous en sommes désormais conscients et prêts à affronter cette difficulté : les problèmes aux frontières !
Nous pourrions vous raconter des tas de galères qui nous sont arrivées mais ce n’est pas le sujet de cet article. Si cependant nous avons aiguisé votre curiosité d’en savoir plus sur la stupidité administrative voici le lien direct de l’article que nous avons dédié à cette magnifique rubrique : https://421adventure.wordpress.com/2020/03/31/border-bordel/
Bref, tout cela pour en venir au fait qu’après avoir vécu autant d’aléas aux frontières, il ne nous restait plus que la Malaisie et Singapour à traverser. Nous étions en Thaïlande et nous nous sentions intouchables aux problèmes de frontières, d’autant plus que tous les cyclistes que nous croisions venant dans le sens inverse nous indiquaient que les frontières qu’il nous restait se passeraient comme une lettre à la poste. Mais c’était sans compter l’arrivée d’une pandémie mondiale amenant tous les pays à fermer leurs portes. Nous avons alors mis notre aventure entre parenthèses et attendu sagement sur les terres thaïlandaises. Nous en profitons pour faire un nouveau bilan et calculer le total de notre aventure à 29 000 km en 23 mois.
« Nous avons développé une capacité incroyable à nous adapter à chaque situation »
Malgré une vie de trois mois au milieu des cocotiers, nos vélos se languissent d’aventures, et pour tout vous dire, nous aussi ! Le temps est venu de prendre une décision. La Malaisie ne montrant aucun signe d’ouverture de ses frontières (elles sont toujours fermées au moment de l’écriture de cet article !), nous abandonnons l’idée initiale d’atteindre Singapour et nous faisons demi-tour pour rejoindre l’aéroport international de Bangkok où un avion nous ramène en seulement quelques heures en Europe.
Depuis juillet 2020, nous nous adaptons aux règles sanitaires propres à chaque pays. Une nouvelle manière de voyager se présente à nous et il nous faut jongler entre quatorzaines, confinements et possibilités de reprendre à nouveau la route ; une manière plus saccadée de voyager mais pas pour autant impossible. Nous avons ainsi pu rouler 5 000 km de plus sur les routes de France, Belgique, Royaume-Uni et Espagne, permettant d’atteindre un total 34 000 km au moment de l’écriture de cet article.
Le feed-back que nous recevons de ce périple européen est très positif. Les personnes avides de découvertes et d’aventures qui nous suivent sur les réseaux sociaux sont heureuses de voir que nous optons toujours pour le vélo comme moyen de déplacement. C’est d’ailleurs sur la selle que nous nous sentons le plus en sécurité par rapport à la pandémie car le contact avec les personnes est pratiquement réduit à zéro.
Quels projets pour la suite ?
Aujourd’hui, nous souhaitons prolonger notre aventure et faire du vélo notre nouveau style de vie. On nous demande souvent « Où est votre maison ? ». Nous n’en avons pas, mais en même temps nous en avons pleins. Un soir, un inconnu nous offre son toit, un autre soir nous trouvons un bout de terre pour planter notre tente ; dans les deux cas il s’agit de notre maison le temps de quelques heures. Notre « chez nous » est là où se trouvent nos vélos, et nous avons comme jardin l’immense planète sur laquelle nous vivons.
En ces temps de crise, il est difficile de dire où et quand nous pourrons remonter sur la selle pour de longues distances et faire face aux défis des frontières non pas pour montrer des tests PCR négatifs ou carnets vaccinales mais pour retrouver nos bons vieux problèmes administratifs, qui finalement, avec le recul, n’étaient pas si compliqués que cela !
Pour plus d’aventures, retrouvez-nous sur notre blog : www.421adventure.wordpress.com et sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Youtube sous le nom @421adventure.