À Vélo… Tout simplement – RSA : Cape Town – Upington
Cinquante huitième épisode. *À suivre
Garden road
21 jours sans faire de vélo…Un long repos, que nous avons passé en partie chez Augusto à Sao Paulo (Brésil) et Tinus à Cape Town (RSA). 21 jours bienvenus, mais presque forcés puisque nous attendions des pièces de vélos, qui, avec les jours fériés de Pâques, doublés de la fête nationale, ont mis du temps à arriver.
Du coup, nous étions aussi nerveux que le premier jour du voyage et tout autant excité de découvrir ce nouveau pays sur nos deux roues. Le premier jour, bien que difficile, dû au manque d’exercice, nous avons roulé plus de 100 km. En fait, ce n’était pas voulu, mais la difficulté à trouver un endroit pour poser la tente nous a obligé à pédaler plus que prévu… Nous aurions pu partir directement plein nord et suivre la côte Pacifique. Mais toutes les personnes rencontrées, ainsi que les guides touristiques, nous ont « vendus », la route longeant l’océan Indien et notamment la Garden road comme un incontournable de l’Afrique du Sud. Et c’est vrai que la route est belle, avec ces bancs de dauphins qui accompagnent notre progression, ces falaises dominant la mer, ces villes balnéaires, ces plages de sable blanc…
L’intérieur du pays est également plaisant avec ces vignes, ces vergers… Petit plus, de cette partie, nous avons trouvé de magnifiques routes secondaires, délaissées par les véhicules et passant par plein de petits cols bien sympathiques.
Le gros avantage de cette région touristique, est que l’on trouve régulièrement des campings, souvent dans la cour de Guest-House, avec tout le confort pour un cycliste. Wifi, Cuisine et parfois piscine…
A ce rythme, nous aurions pu suivre la côte jusqu’au Mozambique. Mais, nous voulons voir les dunes de Namibie et nous avons même trouvé une carte de ce pays. Alors, exit, la facilité et direction plein nord.
Ronnies Sex Shop
La route 62 est réputée pour avoir une équivalence avec la mythique Route 66 des USA, il est vrai qu’il y a quelques ressemblances. Des endroits désertiques et de longues portions sans rien.
C’est d’ailleurs au milieu de nul part, que nous découvrons cet incroyable endroit. « Ronnies sex shop ». Par curiosité, mais également pour nous ravitailler en eau, nous nous arrêtons. En fait, « Ronnies sex shop », est un bar. La décoration est faite de petites culottes et autres sous-vêtements féminins. L’endroit n’est pas sans nous rappeler Coco’s corner en basse Californie. Ronnie est derrière son comptoir. Après avoir rempli nos gourdes et consommé une délicieuse glace, nous lui demandons pourquoi « sex shop ». ? Ron nous explique, que, situé au milieu de rien, les véhicules ne s’arrêtaient pas dans son échoppe, préférant faire une pause plus loin, dans une ville.
Se lamentant un peu sur son sort, refaisant le monde avec ses amis et aidés par quelques bières, ils ont conclu que la seule chose qui faisait commerce en ces temps moroses, c’était le sexe….
Le sexe…Tilt… Ni une, ni deux. Une échelle, un pinceau et le mot « sex » est rajouté à côté de l’enseigne « Ronnies shop ».…
Ron et ses potes avaient raison… Aujourd’hui, le bar est une référence sur la route. Les tonneaux de bières et autres rafraichissement se vendent bien. Les hamburgers n’ont plus le temps de durcirent. La décoration est fournie par les clientes. Le parking est toujours plein. Ron a même fait des t-shirt à l’effigie de son magasin…. Son commerce est prospère et Ron a retrouvé le sourire.
Le marchand de Barbelés / Le marchand d’égalité
– Dit Pachtoune, quand est-ce qu’il passe le marchand d’égalité ?
– Il a dû se faire racheter par le marchand de barbelé…
La route semble encore longue entre l’égalité Noirs-Blancs….
Ce qui marque le plus dans ce pays, c’est le contraste entre les villes « blanches » et les bidonvilles « noirs ».
Habitées par les Afrikaners, les villes « blanches » sont magnifiques. Belles maisons, belles pelouses vertes (même en plein désert) taillées au ciseau, grosses berlines garées devant. Rues impeccables, magasins aux devantures attirantes… Par contre, ce qui est moins attirant, ce sont les townships que l’on trouve immanquablement à l’entrée et/ou à la sortie des villes et villages. S’y entassent la population noire. Trois ou quatre fois plus nombreuse que les Blancs, elle vit dans des maisons faites de bric et de broc, posées à même la terre. L’extérieur ressemble plus à une décharge qu’à un village.
Ces townships sont souvent bien cachés derrière une colline et des clôtures. On ne les aperçoit qu’à la dernière minute.
Sur le bord de la route, les adultes et les enfants désœuvrés nous lancent de grand hello, ou tentent de nous vendre des bricoles, tandis que les grosses berlines déboulent à plus de 100 km/h pour rejoindre le confort de la ville. Les plus pauvres parmi les pauvres, errent en ville espérant trouver de la nourriture dans les poubelles. Quelques bandes de gamin, souvent orphelins, (Le HIV touche 1 personne sur 4) se déchirent la vie avec de mauvaises drogues et mendient aux intersections.
Un autre aspect de l’Afrique du sud, ce sont les barbelés. Il y en a partout. Même ou il n’y a rien. Nous pouvons suivre ces clôtures sur des centaines de kilomètres, délimitant des propriétés où il n’y a que cailloux et sable… Ce qui rend difficile de trouver un endroit pour planter la tente. Nous obligeant souvent à sauter la barrière, pour nous éloigner de la route et dormir un peu à l’écart…
La petite maison dans la prairie
Cette nuit, nous avons une fois de plus planté notre tente au milieu des cailloux. Par contre, nous avons eu la chance de trouver une barrière, entre deux barbelés, qui n’avait pas de cadenas…
Au matin, alors que nous reprenons la route, nous croisons François sur son vélo. Rapidement, il nous invite à le rejoindre à la prochaine ville où il nous offrira le petit déjeuner. Après nous avoir accompagné au camping, nous prenons rendez-vous pour le soir. Il viendra nous chercher pour manger de l’agneau sur le Braï (BBQ).
Sa ferme est située à 40 km de la ville. A peu prêt à l’endroit où nous l’avions croisé et dormi la nuit précédente. Par contre, nous n’avions même pas vu les bâtiments de la route.
Après un excellent dîner, François et sa femme nous raccompagnent au camping. Rendez- vous à nouveau pris pour le lendemain, histoire de découvrir ensemble son domaine.
Le lendemain, il nous faudra une journée entière de 4X4 pour faire le tour de la propriété composée de montagnes, vallons, chemins escarpés… 5 800 hectares que ce cher docteur s’est offert pour décompresser de la vie trépidante de Pretoria.
Des accueils comme celui-ci, nous en aurons régulièrement tout le long de notre route. Quand nous voyons une ferme, nous poussons la porte pour nous ravitailler en eau et selon l’heure de la journée, demander la permission de camper. Permission qui nous n’a jamais été refusée. En fait, les fermiers Sud-Africains sont super hospitaliers et se mettent en quatre pour nous être agréables. Pourtant, au premier abord, nous ne sommes pas toujours sûr de l’accueil qui peut nous être réservé, surtout quand nous voyons les avis peu engageants accrochés sur les fameuses barrières…
Roger le terrassier
Les pistes Sud-Africaines sont globalement en parfait état. Peu de « tôle ondulée » et peu de cailloux. Parfois un peu de sable… quand même. Ils les entretiennent régulièrement. Et ce matin, nous croisons Roger qui entretien la R359. Derrière son scraper, il tire sa roulote et sa réserve d’eau. C’est d’ailleurs à la vue de cette dernière que nous avons décidé d’interpeller l’agent de la DDE. Après avoir fait le réapprovisionnement du précieux liquide, nous avons discuté de la vie de Roger, qui est chargé de l’entretien d’une de ces pistes. Il peut passer une semaine entre deux villes, ce qui l’oblige à tracter sa roulotte derrière le CAT.
Opération Cobra
Une branche sur la route. Couleur sable. Patricia s’écarte à peine. Mais lorsque la « branche » se dresse de 30 bons centimètres, Patricia pousse un cri. La branche est en fait un magnifique cobra avec sa tête en losange, qui aurait bien pu se rassasier d’un mollet bien bronzé. Ce soir-là, nous avons eu du mal à nous décider pour un endroit ou planter la tente, pensant voir des serpents sous chaque rocher… C’est finalement dans un enclos à brebis que nous montons le campement, persuadé qu’avec le piétinement des ovins, les serpents ont déserté l’endroit. Il faut se méfier de ces magnifiques nids d’oiseaux que l’on voit accrochés aux poteaux électriques ou aux arbres longeant la route et procurant l’ombre espérée…. Car les serpents grimpent dans ces nids, volent les œufs et se laissent retomber au sol…
Ne vois-tu rien venir ?
Je ne vois que le ciel qui flamboie et la route qui va tout droit. Le Northern Cape. C’est la région la plus étendue d’Afrique du Sud, mais également la moins peuplée. C’est également une zone semi-désertique, où l’on ne rencontre un village que tous les 100 kilomètres environ. Nous revoilà donc partis avec nos provisions en nourriture et en eau…. Pour éviter la nationale bitumée, où les automobilistes roulent beaucoup trop vite et respectent peu les cyclistes (surement par manque d’habitude), nous décidons de suivre les itinéraires secondaires fait de terre battue. Ici, nous croisons en moyenne un véhicule par jour et quelques rares fermes situées souvent à plusieurs dizaines de kilomètres à l’intérieur de leurs terres. Détour qu’en cas d’extrême nécessité…
L’étoile du Gégé
Sous ces latitudes, le ciel est magnifique. D’un bleu parfait la journée et étoilé la nuit. D’autant plus spectaculaire, qu’il n’y a aucune pollution lumineuse. Tous les soirs, (il fait nuit à 18 heures), nous passons un bon moment à l’observer. Nous avons retrouvé la grande Ours, mais à l’envers de notre ciel d’hémisphère nord. Ce soir, nous regardons une fois de plus le ciel en essayant d’apercevoir l’étoile du Gégé.
Nous venons d’apprendre que Gérard Cagliero, présent à Mauves le jour de notre départ, ne le sera pas à notre retour. Ce soir, en scrutant le ciel, nous nous remémorons les bons moments passés ensemble devant des cartes IGN, à tracer des circuits VTT, sur le vélo ou au camping d’Orpierre.
Repose en paix l’ami.
RAS la faune
Afrique du sud = animaux sauvages. Pour voir les big five, il faut aller dans un parc national ou une réserve privée. Le parc Kruger est le plus connu, mais situé au nord-est du pays, soit à l’opposé de notre direction.
Même sans aller dans une réserve, nous avons croisé pas mal d’animaux sur notre trajet. A commencer par des Pingouins sur la côte.
Sur la même côte, nous avons fait la course avec des dauphins.
Les Babouins et autres espèces de singes, sont présents un peu partout. Ils faut s’en méfier, car ils peuvent facilement voler la nourriture laissée sans surveillance… Très curieuses, des autruches se sont un jour regroupées pour nous regarder réparer une crevaison.
De loin nous avons pu apercevoir de magnifiques Springboks. L’emblème du pays.
Un beau cobra aura fait peur à Patricia. En pleine réunion, un zèbre, une antilope et une autruche n’auront pas fait attention à notre présence. Des kudus auront sautés une barrière et traversés devant nos vélos nous obligeant à un freinage d’urgence. Un « renard zébré » aura couru à nos coté sur 1 kilomètre. Des Dassis ont envahis le camping de Augrabies…
Tout cela sans compter la faune d’élevage et différentes autres espèces.
Augrabies falls.
Tout le monde connaît les Niagara falls, les Victoria falls… Mais qui connaît les Augrabies falls ?
Des cascades en plein désert, formées sur le fleuve Orange. Curieux de voir cela.
A seulement 100 km aller de notre position, nous n’hésitons pas à faire le détour.
Arrivés au parc national éponyme, nous nous installons au camping, au milieu des Dassis et des singes, attirés par de la nourriture facilement accessible… Ne rien laisser trainer.
La photo des chutes que l’on voit partout, est assez impressionnante. Elle date de 2011. Depuis, la sécheresse à sévit. Quand nous apercevons l’Orange river, le spectacle est complètement différent… En fait c’est un impressionnant canyon que nous voyons, avec une pauvre cascade…
Ce n’est pas décevant, c’est juste inquiétant… Par contre, le canyon est splendide. Long de 18 km avec des parois abruptes de plusieurs centaines de mètres de hauteur.
Nous passons finalement 1 journée complète à découvrir ce parc national en parcourant, à vélo, les pistes et découvrant de beaux points de vue sur l’Orange River. Le plus important fleuve d’Afrique du sud.
Kalahari désert.
Après les chutes d’Augrabies, nous sommes revenus sur nos pas jusqu’à Keimos. Ensuite, nous avons obliqué plein nord pour rejoindre la ville de Upington.
Tout autour de nous, des vignes, des plantations de noyers, des orangers… Nous sommes toujours dans la vallée fertile de l’Orange River. Difficile d’imaginer que nous sommes aux portes du désert de Kalahari, l’un des plus arides du monde. Pourtant, nous apercevons au loin les premières dunes formées par le sable rouge.
A Upington, nous sommes hébergés par Riaan et Erica.
La semaine dernière, ils se sont arrêtés à notre hauteur, alors que nous faisions une courte pause boisson. Après nous avoir offert des pommes, ils ont spontanément proposé de nous emmener jusqu’à leur villa d’Upington. Nous avons refusé, car nous voulions faire le détour aux chutes d’Augrabies, mais avons noté leur adresse pour nous y arrêter lors de notre passage dans la ville.
Au final nous resterons 3 jours complets en leur agréable compagnie. Un repos bien confortable que nous apprécions d’autant plus que la suite s’annonce moins facile.
En quittant demain Upington, nous quittons notre dernière ville Sud-Africaine.
Nous sommes aux portes du désert Kalahari. Le poste frontière avec la Namibie est à 110 kilomètres et le premier hameau à plus de 200 kilomètres. Quant à la prochaine ville…..
Mais nous en reparlerons. Pour le moment, nous devons traverser une grosse partie désertique. Les gourdes sont pleines, les provisions faites. Y a plus qu’à…affronter le désert et le vent.