À Vélo… Tout simplement – Chili-Argentine : El Chalten – Punta Arena
Cinquante et unième épisode. *À suivre
Nous rentrons à El Chalten enchanté de notre journée. La météo souvent capricieuse dans la région à été généreuse ce jour là.
Le lendemain, nous reprenons la route en direction de El Calafate. Cela semble trop facile. 80 km en moins de 3 heures…
Nous comprenons rapidement que le vent à faveur nous propulsait littéralement. Tout change lorsque nous retrouvons la ruta 40. Un virage suffit pour que notre extraordinaire moyenne chute complètement. Au bord de la route, nous trouvons un couple de cyclistes faisant du stop. Pour notre part, nous décidons de continuer et de lutter contre ce vent d’une rare violence. Notre calvaire ne dure qu’une dizaine de kilomètres avant que la route ne reprenne une direction plus au sud. Nous atteignons la maison rose, un ancien hôtel abandonné, bien connu des cyclistes content de pouvoir nous abriter pour la nuit.
Le lendemain, le vent ne s’est pas apaisé. Il nous faudra encore 2 jours pour faire les 50 km nous permettant de rejoindre El Calafate. Plus facile de pousser le vélo que d’essayer de pédaler. La ville de El Calafate est un détour pour qui veut se rendre plus au sud. Passage quasi obligatoire pour se ravitailler de nouveau, mais surtout pour aller admirer le fameux Perito Moreno. Ce gigantesque glacier qui se jette dans le lac Argentino. Bien installés dans un camping, nous nous demandons comment rejoindre le parc national Los Glaciares encore située à 80 km de la ville. Nous n’envisageons même pas de nous y rendre à vélo vu la violence du vent.
Par chance, un jeune couple de Français vient de s’installer à coté de nous. Rapidement nous sympathisons et décidons de nous y rendre ensemble le lendemain, profitant ainsi du confort de leur voiture de location. Le glacier est impressionnant de part sa hauteur, plus de 70 mètres, sa largeur de 5 km à son niveau le plus étroit et sa longueur de 30 km. Mais le plus impressionnant que nous ne voyons pas sur les photos, c’est le bruit incessant de la glace qui bouge, qui travaille et se détache, entraînant des gerbes d’eau impressionnante.
De retour au camping, nous croisons 3 autres cyclistes. Maya une jeune Japonaise voyageant seule, ainsi que Allix et Nans, un jeune couple de Français. Ils nous suivaient via notre blog et c’est avec plaisir que nous faisons leur connaissance.
Comme nous sommes le 31 décembre, nous décidons de faire un repas en commun. Au menu, grillades. Préparées de main de maître par Jérôme. Petit tour au centre ville pour les 12 coups de minuit. A notre grande surprise, tout est mort. Seul un bar est ouvert, mais l’ambiance ne bat pas son plein. Un peu décevant…
Retour au camping où nous finissons la nuit avec la propriétaire et sa famille. Nous partageons leur repas et les boissons.
Le 1er, nous reprenons la route. 100 kilomètres pour éliminer les abus de la veille.
Nous passons la nuit à El Cerrito, un campement de la DDE locale avant d’attaque le ripio permettant un raccourcis de 80 km. Cette portion annoncée comme horrible par les cyclos montant au Nord ne nous paraît pas si terrible que cela. Ce qui nous rassure sur l’état des pistes plus au Sud.
Retour au goudron. Nous « snobons » l’hospitalité des policiers du croisement, habitués à accueillir les cyclistes. Il n’est que 15 heures et nous pensons pouvoir progresser encore un peu. C’était encore sans compter sur le vent de Patagonie qui décide de se lever quelques minutes plus tard. Le plus raisonnable aurait été de faire demi-tour jusqu’au poste de Police. Mais nous préférons défier ce vent contraire. A 19 heures, un ancien hôtel abandonné accueillera pour une nuit 2 cyclistes épuisés. Nous avons parcouru en 4 heures, 12 malheureux kilomètres.
Le lendemain, nous doublons Rob, avec qui nous avons roulé au Mexique. Il est à pied et tend le pouce pour continuer. Il a passé la nuit dans un abri bus. Son vélo est en piteux état. Son voyage se termine à Punta Arenas où il a prévu de revendre sa précieuse monture.
Avant d’arriver à Puerto natales, il nous faut franchir de nouveau la frontière Chilienne. Nous tombons derrière un car de touristes Japonais…. 2 heures d’attente avant d’obtenir notre 4ème tampon Chilien. A Cerro Castillo, nous abandonnons l’idée de nous rendre à Torres del Paine. Trop de vent, trop de pluie, trop de monde…. Il faut en effet avoir réservé ses campings pour aller randonner dans le parc. Nous n’avons aucune réservation et l’idée de se voir refouler à l’entrée du parc après 50 km de lutte contre le vent nous décourage définitivement. Nous y retournerons plus tard, dans une autre vie.
Rapidement, nous atteignons Puerto Natales où nous nous installons au minuscule camping de la Casa de Lili. L’endroit est sympathique et nous y resterons 2 jours complets. Le temps d’aller faire une visite chez un dentiste et faire réparer mes lunettes qui accusent des mois de voyages.
Départ pour Punta Arenas. 100 kilomètres de vent favorable avant de poser la tente. Le lendemain à nouveau 100 kilomètres globalement assez faciles malgré un vent arrivant dans tous les sens. Nous passons la nuit à l’Hacienda Aurelia del Carmen. Le propriétaire nous accueille très gentiment, nous offrant une petite cabane qui sera bientôt tout confort. (Elle n’a pas l’eau, mais tout est déjà en place : Douche, évier, poêle à bois, 4 couchages…) Le propriétaire nous informe la construire pour accueillir les voyageurs de passage.
Le soir, nous passons la soirée avec Edouardo, un Septuagénaire vivant dans un abri de 4 mètres carrés. Il est heureux de vivre ici. Un lit, un poêle, une télé (en panne), un poste de radio. L’eau dans un bidon et les toilettes dans la nature. Malgré la difficulté que nous avons à tout comprendre (il ne lui reste qu’une dent), nous apprenons beaucoup de la vie rude des gens de Patagonie. Cela force le respect et nous conforte dans la preuve que nous pouvons vivre très simplement en étant parfaitement heureux. Punta Arenas. Nous longeons le détroit de Magellan. Encore un nom qui résonne à nos oreilles. Qui nous renvoie aux vrais aventuriers du 18ème siècle et à nos rêves d’enfance.
Nous passons 3 nuits à l’hostal/camping l’Independencia. Nous y retrouvons Allix et Nans, ainsi que François et Valérie. Un couple des Bauges avec qui nous sympathisons, nous découvrant des liens communs. En effet, François de part son activité professionnelle, à quelques partenariats avec mes anciens collègues de boulot.
Demain, nous passons le détroit de Magellan et entrons en Terre de Feu, dernier archipel avant la fin du continent.
On se retrouve dans quelques jours au bout du monde.