À Vélo… au Mexique : Manzanillo – Zanatepec.
Trente-troisième épisode. * À suivre.
A chacun de nos arrêts, quand nous déclinons notre nationalité, nous recevons des messages d’amitié, de soutien, de compassion et même d’excuse… Pour beaucoup de personnes, la France est un phare pour la liberté des peuples et la démocratie.
Avec toutes ces conversations, nous prenons conscience que malgré notre statut de touriste, nous représentons un pays, que nous en renvoyons l’image.
A la plage de El Faro de Bucerias, nous campons avec un groupe de séminaristes. Bien sympa, bien joyeux, nous passons une agréable soirée. Au matin, nous prétextons la route à prendre pour échapper à la messe. Car ici au Mexique, la religion est encore bien présente. Il n’est pas rare de voir les églises remplies pour la messe quotidienne.
Sur la minuscule plage de Pichilinguilo, au crépuscule, nous assistons au retour de la pêche et à la façon bien particulière de « garer » les bateaux. La technique consiste à prendre le plus de vitesse possible, de relever le moteur le plus tard possible, de viser les morceaux de bois installés sur la plage et de « glisser le plus loin possible.
Au matin, avec la marée haute, nous nous apercevons que notre tente n’est qu’à un mètre des vagues.
L’état de Guerrero est réputé pour être le fief des narcotrafiquants et autres mafieux.
Un soir, Luis qui nous accueille dans son futur restaurant nous explique comment il s’est fait enlever en plein jour alors qu’il rentrait chez lui. Cet imposant homme de 45 ans possède une petite entreprise de pêche qui emploie 10 salariés et possède 3 camionnettes pour livrer le poisson dans tout le pays. Ici, l’enlèvement de personnes aisées contre rançon est chose courante. Maintenant Luis veut changer de métier. Il veut devenir restaurateur. Son restaurant est prêt. L’ouverture est prévue pour bientôt… Quand la route sera construite… (Nous pédalons sur une piste et le goudron ne semble pas pour demain…)
C’est d’ailleurs dans l’état de Guerrero que nous avons eu droit, sur la journée complète, à l’escorte discrète de la Police Fédérale. Nous avons toujours construit nos voyages en traçant un trait entre des villes, ou des lieux qui stimulaient notre imagination. Acapulco en fait partie. Nous logeons dans la partie historique de la ville. A côté de la place centrale. Une vraie ville Mexicaine comme nous les aimons. Animée, bruyante, brouillonne. Ou les marchés embaument le poisson, la sueur, les fruits, les fleurs… Ou les bâtiments peints de couleurs vives attirent l’œil à chaque coin de rue.
Acapulco est une ville entourée de falaises. Nous y découvrons les plongeurs de la Québrada qui défient le vertige en effectuant des plongeons spectaculaires. Trois secondes de chute libre pour arriver quarante-cinq mètres plus bas dans un océan qui offre une cuvette et 4 mètres de profondeur.
Acapulco ville jumelle de Cannes. Ce sont en effet 2 villes assez similaires. Un festival du film. Des hôtels de luxe et un nombre de piscine au mètre carré assez impressionnant. Bien que nous longions le Pacifique, la route ressemble plus à une route de montagne. Toute en creux et bosse, pas très large et très peu fréquentée. Un vrai bonheur. Pourtant, nous avons l’impression de ne pas avancer. Les distances semblent se multiplier. Le Mexique nous semble interminable. Un petit coup de mou dans le voyage.
A Puerto Escondido, nous soignons notre « blues » en profitant d’un bon hôtel et des festivités qui semblent quotidiennes en ce lieu très touristique. Proche de Salina Cruz, un soir, pris par la nuit (qui tombe très vite), nous avisons une maison bien fleurie pour y demander l’hospitalité. Nous y sommes accueillis par Francisco, sa femme et Jésus leur fils. Avant que nous ayons fini notre demande, nous sommes assis devant un bon plat de viande, avec tacos et sauce piquante.
Francisco, soixante quinnze ans, est pêcheur. Nous l’aidons à décharger le reliquat de la pêche du jour. De quoi remplir 3 congélateurs de poissons et crevettes. Ici la pêche est bonne nous confie-t-il.
Le poisson abonde.
Au petit déjeuner nous avons droit à notre kilo de crevettes.
Au moment de faire la photo de départ, la maitresse de maison décide que Patricia doit revêtir l’habit traditionnel des femmes du village. A San Domingo de Zanatepec, alors que nous sommes accueillis par Rodrigo et sa famille, nous avons définitivement retrouvé notre envie de pédaler. Bientôt nous allons quitter le Pacifique pour rejoindre les montagnes.