À Vélo… Tout simplement
Dix neuvième épisode*
Nous quittons le lac Inle par une minuscule route qui nous amène, après 30 kilomètres et plus de 1 000 mètres de dénivelé, à Taunggyi. Nous passons la nuit dans cette ville, capitale de l’état de Shan. Le lendemain nous prenons la direction du triangle d’or, avec l’intention de quitter la Birmanie par le Centre-Est et rentrer en Thaïlande par Mae Sae.
Retour à Bangkok
Cela restera un projet. Dans la ville de Hopong, la police de l’immigration nous interdit l’accès. Région non sure, rebelles armés.. On nous explique qu’il nous est interdit de prendre cette route sans un permis spécial qu’il faut demander et acheter à Yangoon… Depuis quand un permis protège des rebelles armés ???
Des hommes en armes, nous en croiserons quelques jours plus tard. Ils nous arrêtent au milieu d’une piste sablonneuse avec l’intention de nous tirer… le portrait avec leur smartphone. Nous obtempérons tout sourire. Celui qui tient le fusil ne doit pas avoir plus de 12 ans… Nous avions déjà rencontré un « capitaine » de la révolution, comme il se désignait lui même. Juché sur sa mobylette, il avait, effectivement, une apparence du « Che ». Pour l’instant, le fait est là. Malgré notre insistance, et nos tentatives de contourner le barrage, nous ne pouvons pas passer. NI prendre la route qui nous permettrai de descendre au sud en longeant la frontière par Namhkok, car interdite également….. Nous sommes obligés de faire demi-tour par le même chemin.
Pour s’assurer que nous faisons bien machine arrière, nous sommes accompagnés par une jeune recrue à mobylette qui va nous suivre pendant une vingtaine de kilomètres, nous attendant à chaque carrefour pour nous indiquer la bonne route. Nous sommes deux il est tout seul. L’envie de jouer un peu est trop grande. Un part à gauche, l’autre à droite. L’un s’arrête, l’autre continue… De quoi traumatiser notre jeune policier qui garde le sourire, ayant bien compris que nous le taquinions.
Nous envisageons de prendre le train. Un seul par semaine sur cette portion. Ce n’est pas aujourd’hui. Nous referons donc la route en sens inverse, avec la satisfaction de voir de face les personnes vues de dos à l’aller…
Par contre la route ne s’est pas améliorée et après 40 kilomètres de descente sans trop touchés aux freins, nous sommes bien secoués. Nous avons doublés tous les camions, toutes les charrettes à bœufs, tous les deux roues… Résultat, cette fois ci c’est le porte bagage avant du vélo de Patricia qui pétè une soudure… Réparé très rapidement par un des nombreux ateliers du bord de route. Le soudeur, plus habitué aux arbres de transmission, nous fera un joli travail, refusant toute rétribution. Merci a lui.
Un peu plus loin, un peintre nous barbouillera la soudure. Le vélo est remis à neuf quand nous abordons la plaine qui nous ramène plein sud. Comme lorsque nous montions au nord, nous décidons d’éviter cette partie. Dans un petit village, nous nous renseignons sur le passage du train. Quelle chance, le tortillard passe dans une heure. Nous décidons de le prendre. Le chef de gare en personne nous accueille dans son bureau, pour recevoir la fraicheur du ventilo. Un policier est détaché pour garder nos affaires et les monter dans le train au moment voulu. Les vélos sont pris en charge par les manutentionnaires, qui se font un plaisir de les essayer, et seront embarquer dans le wagon à marchandises.
Dans ce village, surement peu habitué aux étrangers, les recommandations du gouvernement sont prises au pied de la lettre. (Accueil chaleureux et protection des touristes).
Le train arrive presque à l’heure. Nous embarquons en classe ordinaire. Banquettes en bois. Prendre le train est une bonne (grande) expérience, plus lent que le bus, il traverse les villages, les campagnes que nous ne voyons pas de la route. A l’intérieur l’ambiance est bon enfant, on échange gâteaux contre bétel. Les vendeurs ambulants parcourent les wagons pour vendre fruits, cigarettes, plats de riz…. A pleine vitesse, on ne tient pas en place. Les fesses décollent de la banquette et à chaque instant on se demande comment le train est encore sur les rails. Impressionnant. Ce qui l’est encore plus, ce sont les vendeuses qui arrivent à garder leur plateau en équilibre sur la tête… Quatre cents kilomètres et huit heures plus tard, nous arrivons à Bago, contents d’être arrivés, car en plus d’être bien secoués, le bruit y est infernal…
Nous passons une journée dans cette ville, à visiter, sans trop de motivation, quelques unes des innombrables pagodes. Nous commençons à avoir une indigestion de temples, de Bouddhas couchés, assis, debout… Pour éviter la encore de parcourir la même route que lors de notre entrée en Birmanie, nous empruntons quelques pistes bien sableuses, bien défoncées ou les deux.
A Mawlamyine, nous découvrons une piste qui nous fait aboutir sur la future autoroute reliant Thailande et Birmanie.
Cette nouvelle voie nous fait éviter l’abominable col franchi le 1er jour. Cerise sur le gâteau, après quelques passages en construction, nous trouvons un asphalte tout neuf et rien que pour nous. Passage des frontières sans encombre. Nous obtenons un nouveau tampon Thaïlandais, nous permettant d’y séjourner 30 jours.
Coté Thaïlandais, nous faisons nettoyer les vélos. Les bonhommes attendrons encore un peu.
Bus de nuit pour Bangkok, puis direction le centre à vélo.
* Ce sont leurs paroles et photos que vous retrouvez tout au long des reportages.