À vélo… Pérou : Huaraz. Parc national d’Huascaran – Huancavelica
Sur les falaises qui nous entourent, en regardant bien, nous pouvons apercevoir des peintures rupestres. Pour accéder au glacier, une longue voie est aménagée pour les marcheurs.
Nous décidons d’y monter avec les vélos. Ne voulant pas abandonner ces derniers au parking des véhicules. L’ascension n’est pas facile avec nos montures. Nous sommes à 4 600 mètres. Récompense de nos efforts, nous pourrons ajouter le col du Pastoruri dans nos tablettes. Le glacier, bien qu’en train de disparaître est magnifique. Il plonge dans une lagune turquoise.
Quand le ripio est bon
C’est à dire quand le revêtement de terre et de gravier n’est pas abimé, ce qui est exceptionnel.
C’est le cas pour cette descente au fond du canyon. Deux milles mètres à perdre en 30 kilomètres. Nous lâchons les freins. Telle une balle nous fusons vers les entrailles de la terre, nuage de poussière au cul. Nous sentons la flamme, nous la laissons-nous envahir, nous brûler le cerveau. Dans les virages, les roues dérapent, reprennent de l’adhérence. Nous ne roulons plus, nous pilotons, retrouvant un peu les sensations du 500 XT, lors de virées off road… Nous savons que nous n’avons pas droit à l’erreur, mais il nous faut de temps en temps repousser nos limites. Nous avons besoin de cette adrénaline. Alors nous continuons, jusqu’à en avoir les bras tétanisés… Au fond du canyon, c’est la chaleur étouffante. Allongés sur la terre craquelée, nous savons que maintenant, il nous faut sortir de ce trou. Nous sommes à 1 900 mètres. Prochain col à 4 700 mètres…
Le macchabée peut attendre
Cela aurait pu être le titre d’un polar à la J.H. Chase, mais c’est l’improbable (et marquante) rencontre faite sur cette piste.
En quittant Cajatambo, nous sommes doublés par un véhicule de la police. Comme d’habitude, il a fait le plein de passagers. Cinq dedans et un mec allongé sur un matelas dans la caisse du pick-up. Rien d’exceptionnel. Quelques kilomètres plus loin, nous trouvons sur la route un matelas, puis encore plus loin notre véhicule de police arrêté en plein milieu. Il est en panne. À notre approche, les occupants nous demandent de les aider à pousser. Alors que nous prenons place contre la ridelle arrière nous constatons qu’il y a toujours une personne allongée dans la caisse du véhicule…. Et pour cause. Il est mort. Le véhicule de police servant de corbillard. Les passagers n’étant autres que le policier, le croque-mort, la veuve, sa fille, ainsi que deux autres personnes.
Pour pouvoir pousser, le mort, qui a perdu son linceul de matelas, sera mis en travers de la caisse du pick up…
Malgré nos efforts, le 4X4 ne redémarrera pas. Nous le mettons sur le côté pour ne pas gêner un éventuel autre véhicule.
Nous continuons notre route, les vivants du véhicule rebroussent chemin vers le village et le défunt reste dans le coffre. Pour combien de temps ? De la journée, nous n’aurons vu aucun autre véhicule nous doubler….
Perdus dans le néant
La piste que nous suivons semble s’enfoncer dans un Pérou hors du temps…. Nous ne croisons personne sur la route. Les villages que nous traversons semblent d’une autre époque. La plupart sont abandonnés. Les autres sont vides, les habitants étant dans les champs.
Difficile dans ces conditions de se ravitailler. De plus, les quelques échoppes que nous croisons sont peu achalandées. Biscuits, boîtes de thon, sucreries, etc. Rarement du pain.
C’est la première fois que nous rencontrons des villages autonomes c’est-à-dire qui vivent pratiquement en autarcie. Il nous faut quelques fois montrer « patte blanche » avant d’y pénétrer. Fermés par des barrières, nous nous annonçons au gardien qui vient nous ouvrir le passage…
Retour à la civilisation
Après 500 kilomètres de piste, nous débouchons enfin sur un axe principal.
Une route goudronnée, un village avec son marché, des magasins. Du bruit, de la vie. Nous en sommes presque abasourdis.
À Huancayo, nous faisons une halte. La ville est réputée pour avoir 400 fêtes par an… Lors de notre passage, c’est le poulet grillé qui est célébré…Comme tous les jours, il y a un défilé et des pétards…
Huancavelica est annoncé à 145 kilomètres. Nous prévoyons trois jours pour nous y rendre. Nous avions presqu’oublié que sur le goudron, et malgré le passage de deux « 4 000 », nous avançons bien mieux que sur les cailloux.
Un jour et demi plus tard, nous pouvons nous reposer dans cette charmante bourgade. Nous y retrouvons Javier. Nous n’avions plus revu notre ami Espagnol depuis le Mexique…
Nous décidons de reprendre la route ensemble demain. Sûrement pour très peu de temps, car il est plus rapide et avec des objectifs de dates inverses aux nôtres. Nous ne voulons pas aller trop vite, car nous attendons un colis dans les environs de Cuzco pour la fin août…
Demain, nous repartons sur les pistes oubliées. (Même par Google maps…)