À vélo… Pérou : Huancavelica – Cuzco
Quarante neuvième épisode. * À suivre.
Bon anniversaire Patricia
Cette nuit a sûrement été la plus froide du voyage. L’eau qui gèle avant d’atteindre la casserole. Impressionnant. Nous offrons notre couverture à Javier qui même en dormant tout habillé à vraiment froid. De notre côté, nous sommes bien équipés et arrivons encore à dormir en tee-shirt.
Ce matin, nous laissons partir Javier de bonne heure. Nous attendons que le soleil vienne dégeler la tente. Patricia a le droit à un supplément de grasse matinée car aujourd’hui c’est son anniversaire.
Pour ce jour particulier, je n’ai pas de présent à glisser dans le duvet de ma compagne.. À ma décharge, nous n’avons pas croisé beaucoup de magasins.
Comme nous sommes en montagne, entourés de cols, j’improvise le cadeau du siècle. Trois cols inédits à plus de 5 000 mètres d’altitude. De quoi satisfaire ma chasseuse de cols… En fait, ces cols sont une vraie galère où il nous faut pousser, tracter, tirer le vélo… En plus, comme nous dévions de l’itinéraire initial, nous loupons le « vrai » cadeau que Javier a déposé avec un petit mot sous un cairn bien visible au bord de la piste.
Pas sûr que mon improvisation soit une réussite..
Le soir, nous couchons à nouveau en altitude. Mais comme nous n’avons pas fait le plein d’eau avant la nuit tombée, il nous faut casser la glace pour préparer les spaghettis quotidiens. Heureusement, je retrouve au fond d’une sacoche une barre chocolatée achetée, au cas où, quelques semaines auparavant à Huaraz… Une bougie pour le côté magique et la journée est sauvée…. Bon anniversaire mon amour…. Promis je ferai mieux l’an prochain…
Dieu n’attend pas
Encore une nuit en altitude. Mais cette fois-ci nous allons dormir à l’abri. Devant nous une petite chapelle au sommet d’un col. La porte est ouverte, le premier village est à 40 kilomètres, nous allons être peinards.
Nous poussons un peu les bancs pour installer notre tente, coinçons les vélos contre l’autel et bloquons la porte.
Réveil en sursaut à 4 heures du matin. Quelqu’un frappe à la porte. Mal réveillé et en slip, je vais ouvrir…. Devant moi toute une famille, cierges à la main. Surprise des deux cotés. De leur côté voire un gringo en slip qui vient ouvrir et de mon côté toute une famille habillée avec de drôles de chapeaux qui viennent prier….
Une fois la surprise passée, je regagne la tente, la famille se met à psalmodier des prières pendant une bonne heure. À la fin, nous discutons en vieilles connaissances. Nous assurant que nous avons bien fait de nous installer dans la chapelle car dehors il fait froid. La famille quant à elle se rend à la ville pour consulter un médecin et fait des arrêts à toutes les chapelles pour une prompte guérison. En partant, ils nous disent de bien nous enfermer. « Si d’autre personnes veulent rentrer, ils devront frapper comme nous l’avons fait…«
Pas d’autres prières nocturne cette nuit-là.
Cuzco… Enfin !
Surprise. Au sortir d’une piste nous retrouvons le goudron. Pour nous, c’est presque un soulagement. D’après nos infos cela devait encore être des cailloux et de la poussière. Pour notre grand plaisir la route a été goudronnée l’an passé. C’est ainsi que nous aurons du goudron jusqu’à Cuzco. Distance annoncée sur le panneau : 561 km.
Je me dis que sur un Paris-Brest-Paris, cette distance prendrait environ une trentaine d’heures. Il nous faudra plus d’une semaine pour rejoindre la ville tant convoitée. Nous pédalons d’abord sur un plateau à 4 000 mètres avant de plonger en-dessous des 1 200 m. En fait, cela se répète trois fois.
Épuisant, car nous passons de températures bien négatives à des températures caniculaires. À Abancay, le vieux Christian a atteint ses limites. Le corps crie stop. Nausées, perte d’énergie…. La machine est en panne. Pas la peine d’insister. La ville n’a aucun charme, ce qui n’est pas plus mal pour du vrai repos. 2 jours dans une chambre d’hôtel à ne rien faire le temps de recharger les batteries.
Nous repartons en pleine forme pour à nouveau affronter les montagnes russes. Malgré de jolis paysages, l’arrivée sur Cuzco n’en finit pas. La ville semble s’éloigner à chaque tour de roue…Mais après quelques jours d’efforts et un dernier col…. la ville apparait enfin.
Nous plongeons dessus comme des morts de faim. Cuzco, un des points marquants de notre voyage. Nous y sommes enfin… Nous dégottons une mini pension de famille. Il reste deux lits. Nouvelle surprise. Sans nous être concertés, nous y retrouvons Javier, le cycliste Espagnol.
Il est arrivé deux jours avant nous et attend la fin de la grève des transporteurs pour se rendre au Machu Picchu. Nous décidons d’y aller ensemble.
Machu Picchu
Quand on dit Pérou, on dit Machu Picchu. Indissociables. Le Machu Picchu, connu du monde entier attire les foules. Les billets se prennent à l’avance et ne sont valable que le jour de visite prévu. Impossible pour nous qui voyageons en itinérance de connaître notre destination du lendemain.
Quand nous arrivons au bureau de réservation, il n’y a plus de tickets disponibles avant une semaine… Sans parler des ascensions proposées autour du site, qui elles, sont réservées sur les prochains mois…
Heureusement, le guichetier nous confirme qu’à Aguas Calientes, le village du Machu Picchu, nous pouvons également acheter les billets. Là-bas, il n’y a jamais de restriction. Une aubaine.
Pour se rendre sur ce site majeur Inca, il existe plusieurs formules.
Le fameux trek de l’inca. On ne peut passer que par une agence agrée, il faut réserver au moins 6 mois à l’avance et débourser environ 600 euros.
Le train au départ de Cuzco à destination de Aguas Calientes. La formule la plus rapide et sûrement la moins pénible. Hélas, là encore il faut réserver. Et les tarifs correspondent à sa réputation du train le plus cher du monde.
Il nous reste la formule Minibus – marche. Egalement appelé le trek du pauvre.
Au petit matin les minibus chargent les touristes et partent à la queue leu leu pour 6 heures de route. Dont 2 heures de piste poussiéreuse. Arrivé à destination (Hydroélectrica), il reste à parcourir onze kilomètres le long de la voie ferrée. Deux heures de marche comme une cohorte de réfugiés… Arrivée à Machu Picchu Pueblo, nous filons acheter nos sésames. Là encore prix prohibitifs. Mais bon, nous sommes au Machu Picchu…. Aucune queue. Nous comprenons pourquoi ici il n’y a aucune restriction du nombre de visiteurs. En fait, ils lissent les entrées sur plusieurs jours. Nous sommes le 5. Notre date d’entrée est pour le 8. Mais aucun problème, nous pourrons rentrer le 6 à la date prévue.
Nous sommes soulagés.
Le village du Machu Picchu n’a que peu d’intérêts. C’est un village construit de toute pièce pour accueillir des millions de touristes.
N’ayant pas réservé d’hôtels, nous rebroussons chemin pour nous installer au camping. A part quelques tentes de « Tours Opérateurs nous sommes seuls.
Nous installons notre tente d’été et confirmons que nous pouvons y dormir facilement à trois. Le lendemain réveil de bonne heure pour monter au Machu Picchu. Bien avant 5 heures, un file d’attente s’est constituée au pied du camino pédestre. 400 mètres à prendre pour accéder au site par un chemin raide fait d’escaliers en pierres. Nous confirmons notre excellente forme physique en faisant le trajet en 1/2 heure. Du coup, nous arrivons à l’entrée du site avant les dizaines de bus et pouvons profiter d’un Machu Picchu pour nous tout seul durant quelques précieuses minutes… Ensuite, c’est l’effervescence. Mais le site est immense et au final ce n’est pas un problème. Javier nous quitte en fin de matinée. Il retourne à Cuzco dans la journée pour enchainer une nuit de bus jusqu’à Puno.. Nous ne devrions plus le croiser…
De notre côté, nous passons la journée sur le site avant de redescendre au camping. Nous reprendrons la route pour Cuzco le lendemain. Dans la nuit, nous essuyons un magnifique orage. Notre tente d’été n’est pas faite pour les intempéries. En 10 minutes, s’elle s’est transformée en piscine nous obligeant à terminer la nuit sous un toit de fortune… Retour par le même trajet.
Devant cet aller-retour, cette piste pourrie et le nombre incalculable de minibus, nous sommes contents de ne pas avoir eue la folie de venir à vélo….
Cuzco
Nous restons dans notre petite pension. Nous y retrouvons ceux que j’appelle gentiment « les Beatniks ». Coincés ici pour des mois à vendre des bracelets dans la rue, jongler sur les places, chanter dans les bus…. Nous partageons le dortoir avec un rappeur qui chante en Quechua. Passionné de sa culture, il est intarissable et nous raconte quelques légendes. Une belle rencontre.
La ville est magnifique et nous avons plaisir à déambuler dans son quartier historique. Nous ne savons pas quand nous allons reprendre la route en direction de l’autre merveille du Pérou. Le lac Titicaca.
Pour le moment, nous profitons et faisons une cure de repos.