Vélo et pollution atmosphérique

La qualité de l’air est l’une de nos préoccupations majeures notamment lorsqu’il fait très chaud et que nous prévoyons une sortie vélo. Faisons un petit point sur la pollution atmosphérique dans le cadre d’une pratique sportive.

L’air est le premier bien commun vital mais invisible donc difficile à contrôler. Depuis la nuit des temps ce contrôle n’a pu se faire que par le biais de nos sens, nos filtres personnels. Mauvaises odeurs, fumées étaient dénoncées comme occasionnant gêne et nuisance. L’empoisonnement est plus difficile à démontrer car il nécessite d’avoir recours à des connaissances scientifiques qui ne cessent de progresser. Cette nouvelle science qu’est la gestion de la qualité de l’air se prénomme la métrologie. C’est elle qui nous met en alerte sur les risques des pics ou de fond de la pollution atmosphérique. Mais la pollution atmosphérique c’est quoi ?

Sa nature


La pollution est dite primaire lorsqu’elle s’échappe directement dans l’atmosphère, provenant des pots d’échappement, des cheminées ou simplement des surfaces agricoles. Ce peut être du monoxyde d’azote (NO), du dioxyde de soufre (SO2), du monoxyde de carbone (CO), métaux lourds, composés organiques volatils (COV), hydrocarbures aromatiques polycycliques, de particules fines en suspension (PM).Sous l’effet des conditions atmosphériques, humides ou chaudes, elles vont se disperser, se diluer ou s’amalgamer ou se transformer en composés dits secondaires tel que l’ozone (O3) ou le nitrate d’ammonium (NH) et en particules fines qui peuvent avoir aussi une origine primaire.
 

Quels effets sur la santé ?


Les effets immédiats sont évidemment les plus perceptibles. Ils dépendent de la nature et dose du polluant inhalé et des habitudes des personnes exposées (tabagisme, etc.) et donc de leur vulnérabilité : personnes âgées présentant une fragilité cardio-vasculaire et/ou respiratoire, diabétiques, fumeurs, personnes immunodéprimées mais aussi les femmes enceintes ou les jeunes enfants.
 
Le seuil de sensibilité n’est pas le même pour tous. Certaines personnes sans antécédents particuliers seront plus dérangées pour une même concentration d’un même polluant. Ces personnes devront signaler leur fragilité auprès de leur médecin qui en tiendra compte dans ses recommandations, les effets ressentis pouvant être :
  • une simple sensation d’inconfort liée soit à des picotements oculaires, larmoiement, une odeur désagréable, une irritation du nez, ou de la gorge ;
  •  une gêne plus importante, nausée, toux, difficultés respiratoires, sifflement asthmatique, allergie ; voire grave : détresse respiratoire, décès brutal.
  • Les effets de l’exposition chronique : c’est la répétition de l’exposition quotidienne à la pollution, tout au long d’une vie qui va contribuer à l’apparition ou à l’accroissement de pathologies respiratoires : bronchite, broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), voire cancer.

L’asthme est statistiquement deux fois plus fréquent chez les jeunes enfants depuis le début du siècle. L’aggravation de pathologie cardio-vasculaire est depuis 2004 identifiée et reconnue comme pouvant être en rapport avec la pollution : angine de poitrine (angor), infarctus, et AVC. Les femmes y seraient statistiquement plus sensibles. La pollution joue un rôle dans certaines pathologies neuro-dégénératives, voire même sur la fertilité et l’enfant à naître.

Le mécanisme d’action des polluants sur le corps


La respiration de polluants atmosphériques entraînerait une baisse du tonus vasculaire et de la fibrinolyse. La fibrinolyse est un processus physiologique de dissolution des caillots sanguins. Une diminution du tonus vasculaire et de la fibrinolyse pourrait mener à une thrombose (obturation d’un vaisseau sanguin, embolie pulmonaire ou accident vasculaire cérébral) ou un infarctus du myocarde (ou crise cardiaque). Bonne nouvelle : en temps normal, l’exercice améliore le processus de fibrinolyse.

Les pics de pollution sont-ils plus dangereux pour la santé ?


Le pic de pollution peut être comparé à la partie visible d’un iceberg. Il met en exergue la gestion inadaptée de la société en matière de pollution atmosphérique. Il fait le « buzz » journalistique, la population y est très sensible, s’angoisse, s’offusque, mais c’est pourtant l’exposition chronique sur le long terme au quotidien qui est la plus néfaste.

On répertorie deux indices de pic de pollution lorsque les concentrations atteignent soit un seuil d’information, soit un seuil d’alerte :

  • le seuil d’information correspond à un niveau de concentration du polluant pouvant présenter, pour une exposition de courte durée, un risque pour la santé de la population sensible ou vulnérable ;
  • le seuil d’alerte correspond à un taux de concentration du polluant dans l’air présentant un risque de santé pour l’ensemble de la population ou un risque de dégradation pour l’environnement.

Ce sont les agences régionales de l’air, agréees par le ministère de l’Environnement qui surveillent et donnent l’alerte pour chaque région (Air Parif, Air PACA…). Il est à noter qu’il n’y a pas d’organisme national prévu pour cette surveillance.

La procédure d’alerte peut être déclenchée concernant les quatre polluants les plus courant pour un seuil de :

– 400 à 200 μg/m3 en moyenne par heure de dioxyde d’azote,

– 204 μg/m3 d’ozone en moyenne horaire,

– 500μg/m3 de dioxyde de soufre sur trois heures,

– 80μg/m2 de PM 10.

Chacun est alors plus ou moins exposé selon le trajet qu’il emprunte, la distance qu’il parcourt, son taux d’inhalation en fonction de l’effort qu’il produit et du moyen de transport choisi. L’exposition se cumulant lorsque plusieurs moyens de déplacement son utilisés.

Conclusion


En général, la pollution dans les grandes villes est générée par la chaleur excessive, elle-même ennemie du cycliste, si vous rajouter à cela une qualité de l’air dégradée, alors autant le dire, votre santé est en danger. Faites donc le choix de rester à la maison en attendant des jours meilleurs. Patience, l’automne est bientôt là !

Texte issue de la revue Cyclotourisme numéro 704 de septembre 2020, remanié par Jean-Pierre Giorgi.

Retrouvez l’article complet sur le kiosque de la Boutique FFVélo : https://boutique.ffvelo.fr/offersheets/7140651E-8AB5-4F47-B524-6403026F2C56

 

Texte : Patrice Delga, médecin fédéral – Photos : Pixabay
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