Sécurité : Le noir vous va si bien
Le noir vous va si bien – 1ère partie :
Récit d’une tragédie: Quotidien le Midi Libre du 21.02.2013.
Hérault : Fillette renversée: la conductrice mise en examen
« Le parquet de Montpellier a ouvert une information judiciaire dans la soirée de mercredi après la mort d’une fillette de 10 ans, dimanche dernier à Lattes ; en périphérie de Montpellier, alors qu’elle circulait à vélo. La conductrice du véhicule qui l’a percuté a été mise en examen pour homicide involontaire. Il n’y avait pas d’éclairage public et la jeune victime n’avait pas de gilet fluorescent et de lumière sur son VTT. Du coup, la conductrice, une dame de 53 ans, n’a pas vu le deux-roues. L’enquête devra dire s’il y a eu ou non défaut de maîtrise. « Elle roulait normalement, elle ne s’est rendu compte de rien, elle est effondrée, c’est une tragédie ce dossier», a réagi son avocat Me Abratkiewicz. Hier, 200 personnes se sont rassemblées à Montpellier pour rendre hommage à la jeune victime. Fait divers tragique ! »
Comment ne pas être désespéré par de tels événements, parfaitement évitables. On a l’impression de radoter : visibilité du cycliste, signalisation du vélo. Parlons fringues. J’accuse les couturiers de tous bords, sportifs y compris, de pousser à l’accident. Vous en doutez ? Jugez plutôt.
Rubrique « Tendance » du Nouvel Obs. de Janvier 2015 : un titre évocateur et sans détour annonçant, si l’on peut dire, la couleur : « Princes des ténèbres ». Le sous-titre enfonce le clou dans le pot au noir. « Vêtements de protection, uniformes, accessoires guerriers, omniprésence du noir…la mode masculine de l’hiver prochain s’est armée contre une époque hostile ». Suit un long panégyrique pompeux en faveur des grands faiseurs de mode que sont les Armani et consorts. Le drame, c’est que ces barons de la haute couture tirent les tendances du prêt-à-porter par leurs créations et leur notoriété : le noir va envahir les portants et autres suspensoirs, partout, jusque dans les grandes surfaces Et les marchands de cycles, qui veulent rester « in », vont suivre évidemment ! Alors soyons clairs (sans jeu de mot !). Si vous empruntez une rue mal éclairée ou par temps de pluie en étant costumé comme sur la photo, je ne donne pas cher de vos abattis ! A moins que vous ayez des envies suicidaires ! Mais qu’on ne vienne pas reprocher à l’automobiliste de ne pas vous avoir vu, surtout en codes. On prétend que le noir est très seyant, qu’il affinerait la silhouette. Soit ! C’est selon les goûts de chacun, on est libre, mais alors qu’on ne me parle plus de sécurité. La sécurité bat de l’aile. Le beau et élégant bipède qui dévale tout de noir vêtu cette longue descente à la tombée de la nuit sur son beau vélo en carbone (le carbone c’est noir !), doit-il s’étonner que l’automobiliste le voie trop tard et le décalque sur sa calendre ? Le noir, c’est aussi la couleur du deuil (A suivre)
Texte : Jean-Claude Martin
Le noir vous va si bien – 2ème partie
Comme je le disais précédemment, le noir est aussi la couleur du deuil. Fuyons les oiseaux de la mode lugubre, roulons clairs et lumineux, ce ne sont pas ces grands designers qui seront à notre enterrement ou qui pousseront notre fauteuil roulant. Tout cela est d’autant plus regrettable que les vêtements bien visibles ne manquent pas, ne seraient-ce que les vestes de la FFCT. Dans le numéro 51 de La Sacoche, on trouvera au banc d’essai des vestes imperméables et coupe-vent d’une légèreté inégalée (170 à 190 g, qui dit mieux ?) dans des couleurs vives et fluo, très bien étudiées, que nous plébiscitons sans réserve car elles couvrent bien à l’arrière. La mode actuelle nous renforce dans cet enthousiasme. L’encre de ce papier n’était pas sèche que je tombais sur un entrefilet du Midi Libre simplement affligeant, juste ce qu’il fallait pour en remettre une couche ! Un gamin de 15 ans, dans le petit matin de ce 25 janvier 2015, renversé et blessé gravement par une voiture. L’adolescent roulait sans lumière ni vêtements visibles. Ce jour-là, il a manqué l’école. Affligeant. Et quelque part, je suis en colère. Quand on circule régulièrement de nuit en ville et en rase campagne, impossible de ne pas constater la négligence, le je-m’en-foutisme, l’inconscience de certains cyclistes, plus particulièrement en ville mais pas uniquement. Rien d’étonnant à ce que le taux de mortalité des deux roues augmente au point même d’interpeller nos gouvernants. Et entre-nous il en faut !… Combien de gens rencontrés sans feux (Vététistes hors concours!) aux vêtements sombres (je me répète), sans l’ombre d’un réflectorisant, encore moins d’un gilet et encore moins d’un casque ? Et pour faire bonne mesure, parlons de ceux qui sont en infraction, trottoirs conquis, qui forcent le passage à gauche, considérant que les feux rouges sont optionnels, etc., etc., souvent les mêmes sans le moindre éclairage. Tous ces comportements à risque énervent les automobilistes et rendent nos chemins de plus en plus dangereux. Etre vu c’est la vie, Les victimes peuvent aussi être dans leur tort ! Mais le problème n’est pas là. Ne pensons plus que cela n’arrive qu’aux autres. Agissons, parlons autour de nous, dans nos familles des moyens efficaces de protection lumineux, qui existent, qui sont faciles à placer et à ôter au besoin. La vie n’a pas de prix, les équipements en ont un, certes mais tellement insignifiant au regard des chagrins causés par un accident. Offrir à un jeune une veste imperméable fluo, en voilà une idée qu’elle est bonne !! Halte à ces tragédies !
Texte : Jean-Claude Martin (Version originale dans La Sacoche n°53, www.lasacochecyclo.fr)
