Comment aborder le Paris-Brest-Paris ? #3
Tout d’abord, est-il possible d’augmenter la capacité et l’efficacité de la filière lipidique ?
Pour élever la capacité de cette filière, il est nécessaire de la solliciter à un niveau voisin de son maximum. Solution classique : réaliser un bloc endurance, à savoir enchaîner de longues sorties pendant une semaine. Mais mieux encore en pratiquant quelques entraînements bi-quotidiens. Et oui, ce type de sollicitation n’est pas réservé aux compétiteurs. Le principe : une sortie de type interval training le matin, au cours de laquelle nous aurons entamé nos réserves de glycogène, et une sortie longue l’après-midi. Entre les deux, un repas avec peu (ou pas) d’hydrates de carbone, c’est-à-dire pas de féculents, sucres ou graisses.
Bien entendu l’allure de la sortie longue va être modérée d’autant plus que chaque côte va nous sembler plus pentue que d’habitude. Sensations désagréables mais efficacité garantie. En effet, ce type d’entraînement va provoquer des adaptations physiologiques contraignantes, mais très intéressantes pour la lipolyse :
- Optimisation du réseau de capillaires.
- Augmentation de l’efficacité des mitochondries (centrales thermiques musculaires).
- Augmentation des enzymes oxydatives … etc.
Comment apprendre à gérer ses réserves
Maintenant que les réserves sont optimisées, il nous faut savoir les gérer au mieux et en particulier adopter deux principes fondamentaux :
- S’asseoir sur une base lipidique en lui laissant le temps de s’installer.
- Apprendre à raboter les bosses.
Pour bénéficier de cette assise d’énergie produite à partir des graisses, nous avons compris qu’il suffit d’être peu gourmand lors de la première heure, de laisser monter la lipolyse. Pour ce qui est d’apprendre à raboter les bosses, c’est une autre histoire.
En effet tout cycliste supporte mal de devoir réduire sa vitesse sur la première côte venue. C’est pourtant une logique à savoir adopter si nous voulons aller loin. Comment faire ? Sur le principe, c’est très simple : il faudrait remplacer notre régulateur de vitesse par un régulateur de puissance. Garder à peu près la même puissance sur la pédale quel que soit le dénivelé. Autrement dit, mettre la pédale douce dans les côtes ! C’est la clé de la réussite sur de très longs parcours. Quelques difficultés de mise en pratique :
- C’est contraire à la culture cycliste. Donc, lorsque nous roulons en groupe, il faut accepter de se faire décrocher ou alors rouler avec des cyclos qui pratiquent la même logique.
- Autre obstacle, c’est tout un apprentissage, car pour accepter de rouler à 15 km/h dans une bosse que vous avaliez habituellement à plus de 20 km/h ! Il faut savoir ce que l’on veut, savoir pourquoi nous souhaitons nous rééduquer.
Conclusion
Il nous semble qu’il serait dommage que la préparation à un défi longue distance ne soit pas l’occasion de se soucier de sa santé. C’est même un préalable. En effet, il serait illusoire de penser qu’un « ultra », à vélo ou à pieds, ne fait pas courir un risque à qui envisagerait ce genre d’épreuve sans humilité ? Quitte à nous répéter, un Paris-Brest-Paris, ou équivalent, mérite une approche sérieuse et rationnelle. Pas de place à l’improvisation ! Nous avons, malgré tout, lors de ces articles, proposé une stratégie de préparation compatible avec une vie normale… ou presque.
Il est possible, malgré tout, que certains restent sur les schémas classiques et écoutent le chant des sirènes des idées reçues qui circulent dans la culture cyclo. À chacun ses choix, mais pourquoi ne pas essayer. Rester ouvert, savoir changer ses habitudes, c’est rester jeune.
Le Paris-Brest-Paris est une randonnée de 1 200 km organisée tous les quatre ans par l’Audax club parisien. L’édition 2019 aura lieu du 18 au 22 août.
La totalité de cet article sur la préparation physique au Paris-Brest-Paris est à lire sur la revue Cyclotourisme du mois de janvier 2019- n°686. Abonnez-vous !
À lire également : Comment aborder le Paris-Brest-Paris ? #1 – Comment aborder le Paris-Brest-Paris ? #2