À travers son rôle de « facteur humain », Guillaume Ringot redonne vie à l’art épistolaire en livrant des lettres à vélo, lentement, avec soin et humanité.

Guillaume est bien plus qu’un simple cycliste. Avec son site de e-commerce, larouedynamo.com, il propose du matériel pour vélos de longue distance, notamment des moyeux dynamo et des selles haut de gamme, tout en promouvant un mode de vie décroissant et durable.

Lors de cette mission, il rencontre un grand cycliste à Dijon, qui l’invite à partager un repas et une nuit chez lui. Ces rencontres imprévues et ces histoires uniques sont au cœur de l’expérience des facteurs humains.

Les facteurs humains, sont les descendants naturels des préceptes de Velocio, le père du cyclotourisme. Les valeurs promues par Paul de Vivie sont une pratique du cyclisme axée sur le plaisir, la découverte, et le respect de soi et de son environnement. Avec les actions des « facteurs humains » nous sommes dans cette même philospohie. C’est pourquoi la Fédération française de cyclotourisme encourage cette action et invite ses licenciés à prendre contact avec l’association pour vivre cette expérience.

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir un facteur humain et à rejoindre cette initiative poétique et originale ?

Je fais des périples itinérants à vélo depuis une vingtaine d’années, et j’écris des carnets de route pendant ces voyages géographiques et introspectifs.
Lorsque j’ai découvert l’idée des Facteurs humains lancée par Vincent, cela m’a de suite séduit, puisque c’est une manière de partager ces périples et ce goût de l’écriture. Faire le lien entre deux personnes, cela donne un sens à ces périples, à les orienter vers quelque chose de moins égocentré. C’est l’occasion de découvrir des personnes et des lieux où je n’aurais pas eu l’idée d’aller.

Quel a été le périple à vélo qui vous a laissé le souvenir le plus marquant, et pourquoi ?

Sans hésiter le parcours de la Highlandtrail 550, une boucle VTT de 700kms dans le nord de l’Ecosse, réalisée en Bikepacking/bivouac en 2023. Un périple effectué avec des copains, en hommage à Yann Thomas, ami passionné de vélo et fabricant de vélos (Cycles Salamandre), décédé avant de pouvoir réaliser ce parcours. Une boucle très difficile, sauvage, avec des conditions climatiques rudes, un endroit qui donne l’impression d’être au bout du monde. Un voyage de 9 jours ensemble, qui avait vraiment du sens.

 Selon vous, quelle est la valeur symbolique et émotionnelle d’une lettre livrée en main propre à l’ère du numérique ?

J’y vois simplement l’expression de marques d’attentions : une personne qui prend le temps d’écrire, de penser à quelqu’un. Une autre qui prend le temps de faire des efforts physique pour créer du lien. Et une autre qui va être touchée par ces gestes. Passer « physiquement » une lettre, de la main à la main, donnent aux mots transmis un poids plus fort qu’un mail ou un message numérique instantané.

 Comment conciliez-vous vos différentes activités, entre votre site e-commerce, le montage de vélos et vos voyages en tant que facteur humain ?

C’est un énorme paradoxe : le E-commerce, l’internet, le smartphone, me permettent d’exercer une activité commerciale de produits de niche dans une zone rurale de montagne, d’être très libre de partir en périple en continuant à gérer l’activité, de travailler à des horaires choisis. Cela est possible grâce à un mode de vie organisé pour la sobriété : une petite maison dans une région peu onéreuse, peu d’achats d’objets, une alimentation simple essentiellement en circuits courts (moins chers qu’au supermarché), un usage très réduit de la voiture. Peu de besoins matériels permettent de dégager du temps pour des activités non rémunératrices.

Quelles sont vos ambitions ou vos projets futurs, que ce soit dans votre rôle de facteur humain ou dans votre engagement pour des modes de vie plus durables ?

Je suis en cours d’intégration des Pompiers de mon village, pour un engagement citoyen et solidaire concret. Pour le facteur humain, des lettres sont prévues pour Montpellier, Grenoble, la Bretagne. Deux autres à destination très locales seront livrées dans les semaines qui viennent. Concernant l’engagement pour un mode de vie soutenable, j’essaie dans la mesure du possible de distribuer des produits fabriqués par des petites structures et au plus proche, avec tous les compromis nécessaires, rien n’est parfait.
Concernant l’envie de participer à la transition nécessaire de nos modes de vies, je ne crois pas aux injonctions, mais aux exemples : se déplacer toute l’année à vélo, le faire savoir, montrer que c’est possible, est plus efficace pour faire passer un message que de dire aux autres ce qu’il faut faire.
J’ai aussi lancé un projet ludique : ériger à Valcivières un Menhir, sans utiliser de machine à énergie carbonée. L’idée a déjà séduit les copains du village, on va essayer de trouver des solutions, de réunir les bonnes énergies et techniques pour déplacer et dresser une grosse pierre, en faire un symbole d’action décarboné, un lieu de pique-nique sympa, et passer un bon moment convivial toutes générations confondues.

Être un générateur d’électrons libres, c’est ce qui anime ma tranche de vie actuelle.