Retour sur la grande traversée de l’Ardèche

Constituée de quarante participants, la grande traversée de l’Ardèche a débuté le 18 juin à Saint-Bonnet-le-Froid, en Haute-Loire, pour une première étape en direction de Lignon. Le peloton s’est alors élancé vers le sud à travers les vastes plaines du Haut-Vivarais sur des chemins inspirés par le silence et le caractère majestueux des paysages explorés pour rejoindre le lac de Devesset ; un plan d’eau artificiel de 50 hectares mis en eau en 1974. Bien que contemporain, ce lac possède sa propre légende. On y raconte en effet qu’un fabuleux trésor serait caché dans ses eaux sombres. Il s’agirait des pièces d’or et objets précieux du commandeur de Devesset qui voulut les préserver des pilleurs et autres routiers en les transportant de nuit dans un lieu sûr… 

La seconde journée s’est avérée plus costaud : gravir le Mézen, toit de l’Ardèche à 1753 mètres d’altitude. Couvrant une superficie de 180 000 hectares, les plateaux de la Montagne Ardéchoise englobent plusieurs massifs : les Boutières au nord, le plateau de Vernoux au centre, le territoire des Sucs à l’ouest et les corniches cévenoles au sud. Le Mont Mézenc est un dôme de phonolite issu d’un volcan dont la lave visqueuse ne s’est pas écoulée et a permis la formation de ce relief. Au terme dune belle descente et des cheminements sinueux à travers des champs de violettes aux couleurs vives, l’équipe rejoignait alors les Sources de la Loire sous le Gerbier de Jonc pour un pique-nique. Ils se sont ensuite élancés sur les corniches des Roches des Cuzets avant de plonger vers les ruines de la Chartreuse de Bonnefoy et de grimper vers le remarquable Suc des Lauzières. Au terme dune belle descente et des cheminements sinueux à travers des champs de violettes aux couleurs vives, l’équipe rejoignait alors les Sources de la Loire.

Après une nuit passée sous la tente, en pleine nature, les trois groupes ont rejoint rapidement le village de Sagnes-et-Goudoulet avant de partir à grands tours de pédales vers le Col de la Chavade pressées par une énorme cellule orageuse qui menaçait déjà par le nord avec d’inquiétants grondements sourds. Après s’être mis à l’abri pour attendre la fin du déluge, les vététistes purent alors reprendre leur route, franchissant successivement le Col du Pendu (alt. 1435 m), le Bez, le Col de Meyrand (alt. 1370 m) jusqu’au village de Loubaresse. Après 8 heures passées sur leurs montures et près de 75 km, les vététistes arrivaient fourbus mais heureux au coeur du village de Montselgues.

Au départ de Montselgues pour la quatrième étape, ils prenaient la direction du hameau de Dépoudent puis le village de de Saint-Jean-de-Pourcharesse sur les hauteurs de la vallée de la Sure avant de rejoindre les calcaires du plateau des Grads à travers les forêts ruiniformes du bois de Païolive. Par des sentiers sportifs à travers cet univers minéral noyé dans une forêt de chênes verts et de chênes blancs, les vététistes atteignaient finalement la Château de la Presqu’île de Casteljau après une belle étape au coeur des contreforts cévenols.

Après le granit, les schistes, les basaltes et les grés des jours précédents, ce fut dans les calcaires que les vététistes allaient vivre cette ultime tronçon du parcours. Par un itinéraire original élaboré par les moniteurs stagiaires, le peloton s’en allait d’abord à travers les vastes plaines alluvionnaires du Chassezac avant d’aborder par la résurgence de Font-Vive l’ascension du redouté Col de Cize (alt. 464 m) sur la colline de la Serre, principale difficulté du jour. Après une rapide halte ombragée au Gour d’Estelle, les cyclistes se dirigèrent vers les Gorges de l’Ardèche dont ils dévalèrent les pentes par la Combe de Vanmalle avant d’être accueillis à leur grande surprise par les Bateliers de l’Ardèche et du Pont d’Arc. C’est donc en barques traditionnelles de l’Ardèche que l’ensemble de l’équipe eut le privilège de passer sous l’arche naturelle majestueuse du Pont d’Arc, lieu emblématique pour marquer le terme de ce voyage itinérant à travers l’Ardèche. Fatigués mais heureux, les vététistes se retrouvaient alors aux centre des Blachas après un périple à VTT de quelques 233 km parcourus et près de 5915 mètres de dénivelé.

Texte : Mathieu Morverand