Procès de Saintes : L’affaire de Semussac
Les faits
Un procès exemplaire à Saintes
Les faits établis, la procureure a souligné, outre une violence inadmissible et scandaleuse, le déni, les mensonges, les versions successives des faits, battus en brèche par le témoignage irréfutable d’une providentielle vidéo, car la victime était équipée d’une petite caméra !
Le tribunal a suivi ses réquisitions et prononcé une peine de trois ans dont deux de sursis probatoire avec obligation de soins, l’indemnisation de la victime et la privation du permis de conduire durant 2 ans.
Le président de l’association « Mon vélo est une vie » (qui a mené la défense de la victime) déclarait après le verdict que le 23 juin ferait date pour la reconnaissance des droits des cyclistes.
Apprendre à partager la route !
Ce qui est remarquable dans cette affaire (et remarquablement inquiétant), c’est que la preuve de l’agression était incontestable ; mais que sans la caméra, c’était parole contre parole : avant de voir la vidéo, l’agresseur menaçait de porter plainte ! Faut-il en conclure que chaque cycliste doit dorénavant porter une caméra à la boutonnière ? Il serait plus digne d’une société évoluée d’apprendre à partager la route en toute courtoisie …
Le témoignage d’André Labetoulle, délégué sécurité du comité départemental et régional de cyclotourisme
J’ai découvert cette « histoire » comme la plupart d’entre nous par les médias. Dans mon cas, c’était à la Une du journal Sud-Ouest et cela m’a bouleversé. En tant qu’élu et responsable de structures à la Fédération, je ne pouvais laisser passer cet incident sans réagir.
Je me suis alors souvenu que nous avions fait des actions communes avec l’association « Mon vélo est une vie », et j’ai donc contacté le président pour proposer notre aide. L’association avait déjà pris les choses en main avec notamment la défense juridique en mettant à la disposition de la victime un avocat.
Du côté de la Fédération française de cyclotourisme, en concertation avec Isabelle Gautheron, la directrice technique nationale, nous avons organisé une « manifestation » de cyclistes en tenues. Nous étions une centaine et cela a eu gros impact auprès des médias nombreux sur place. Tous les cyclistes n’ont pas pu pénétrer dans le tribunal à cause du manque de place, mais nous avons essayé qu’une personne de chaque club soit présente à l’intérieur.
Afin de faire entendre la cause cycliste, nous avons décidé de nous porter partie civile, en apportant un témoignage au nom de tous les pratiquants, licenciés ou pas. Cependant le tribunal n’a pas retenu notre demande, mais j’ai apporté mon témoignage à la barre.
Au niveau national, j’ai pu témoigner dans de nombreux médias nationaux comme BFM, Le Parisien, France Bleue, etc. La parole de la Fédération et des cyclistes en général a bien été représentée.
À titre personnel, je suis un peu déçu par la peine à l’encontre du chauffard, elle méritait plus de sévérité avec de la prison ferme, car pour l’heure nous sommes sur deux ans de sursis et un an d’aménagement de peine et une provision de 6 000 € pour la victime. C’est bien peu pour le préjudice subi par la victime, car il est encore sous le choc et ne pense pas reprendre un vélo de sitôt.
En conclusion, cette histoire a bouleversé bien au-delà de la communauté des cyclistes car elle est le reflet d’une société de plus en plus violente.
En tant que président de club et élu au comité départemental, je souhaite que les cyclistes soient exemplaires et respectent à la lettre le Code de la route. Nous devons montrer qu’il est possible de cohabiter avec les automobilistes en toute intelligence.