Ô Taon suspend ton vol !

Nous étions dans un col des Alpes. Jacques devant, à quelques encablures. Soudain il se met à hurler, lance un juron que la décence m’interdit de reproduire et balance une claque énergique sur la fesse droite. On le rejoint : son cuissard saignait ! Et ce n’était pas un miracle…

Les mouches du col
Quel cyclotouriste ne s’est pas trouvé un jour suant et transpirant dans un col estival, au sein d’un paysage d’alpages et de cimes inaccessibles aux neiges éternelles, parsemé de troupeaux aux belles couleurs ? Et voilà que dans ce passage un peu plus difficile des nuées de mouches se mettent à tourner autour de votre tête, de ces mouches qui rendent les vaches nerveuses et qui veulent à tout prix s’infiltrer dans tous les orifices disponibles. Et comme si cela ne suffisait pas, une douleur fulgurante dans le gras de la fesse, ou bien dans le maigre du mollet nerveux en plein effort : les taons attaquent ! Ces grosses mouches ultrarapides et silencieuses, dont certaines atteignent 25 mm de long, sont capables de pourrir tout projet de nature, pique-nique, promenade… et a fortiori la grimpée d’un col !

Des outils acérés
N’en déplaise à nos amies cyclottes, ce sont les femelles qui piquent, c’est prouvé, elles ont besoin d’un repas de sang pour se reproduire, les garces ! Pourquoi pas du sang de cyclo ? Le mâle est un romantique, butineur de fleurs, sans danger pour les bêtes et la gent pédalante. Mais la taonne, c’est une autre musique. Sa trompe se voit à un mètre quand elle est posée ; noire, menaçante, en galoche pointue. Ce qui ne se voit pas, ce sont les six poignards effilés qu’elle abrite, six poignards avec lesquels elle perce le cuir épais des vaches ou des chevaux ; alors, vous pensez, la peau tendre et rose d’une cyclotouriste, même caché sous la mince étoffe d’un élégant cuissard, ça la fait rigoler. Si on la laisse faire, elle fait couler le sang qu’elle aspire avidement. Car c’est littéralement un trou qu’elle perce ! Alors oui, le retour à la nature en été, c’est parfois le retour à la piqûre !

NDLR *- Chez la plupart des gens, une fois passée la douleur de la piqûre, il ne se produit aucune réaction. Par contre, en terrain allergique, il en va tout autrement car ces infâmes bestioles vous injectent une salive agressive avant d’aspirer votre sang prédigéré in situ. Certaines personnes ont un peu d’urticaire, mais il existe des cas où il apparaît une boursouflure de plus d’un centimètre d’épaisseur et de plusieurs centimètres de diamètre. Pour les boutons d’urticaire, un peu de vinaigre suffit à calmer les douleurs, mais en terrain sensible les corticoïdes et/ou les antihistaminiques s’imposent. Dans des cas extrêmes, un choc anaphylactique peut se produire. Quand on se sait allergique, il est prudent d’avoir avec soi au minimum un antihistaminique prescrit par son médecin, efficace pour tout ce qui pique en été. Et aussi penser aux lotions répulsives diverses et variées.

Texte : Marcel Vaillaud

Taon-pièces-buccales

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