Nature : Le charme discret des vieux murs
Ô cyclo qui vient d’appuyer précautionneusement ta précieuse machine contre ce vieux mur de loin repéré, toi qui t’apprêtes à soulager consciencieusement « un important besoin » contre le dit mur, ne reste pas béatement les yeux dans le vague, mais profite de ce moment privilégié et orgastique pour scruter les coins et recoins de ces vieilles pierres moussues. Et tu découvriras un jardin aussi discret que divers.
Fougères, mousses et lichens…
Bien sûr des mousses, et l’œil du profane se rend bien compte qu’il en est plusieurs espèces, des vert sombre, des vert clair, des vert doré, des poilues et des glabres, on ne voit plus la pierre tant elles recouvrent le terrain disponible. Et puis voici qu’ enracinées dans les joints, quelques petites fougères s’étalent, belles et délicates, répondant aux doux noms d’Asplenium, Ceterach ou Polypode. Levant les yeux vers le faîte du mur, tu repèreras une touffe de Sedum blanc, de très modeste taille mais aux petites feuilles rebondies et rosées, arborant un bouquet de fleurs blanches en étoile.
Et les pierres du mur dans tout ça ? Ben…on ne les voit plus guère. Ce mur est accueillant à la biodiversité. Nous sommes dans l’univers de Lilliput. Et pour peu qu’on s’attarde, il y a d’autres pensionnaires discrets à découvrir. Quoique….pas si discrets que ça ces magnifiques lichens blancs de craie, ou bien jaune d’or, voire noir d’encre qu’il serait malséant de nommer ici mais qu’on peut tout de même admirer. Ils ne sont pas moins envahissants, incrustés dans la roche, ne laissant pas d’espaces à nu, d’une rusticité qui leur permet de s’implanter là où renoncent les autres. « Mais c’est un monde » te diras-tu.
Un monde ? Non, un écosystème !
Le Sedum Blanc, ou Orpin, est un malin, il est implanté dans le sol suspendu que constituent les mousses. D’autant plus que les dites mousses captent tous les débris terreux que le vent peut charrier périodiquement. Il a ainsi un sol constitué tout spécialement pour lui sur lequel il s’étale confortablement. Et les Mousses, tout le monde sait cela, sont des éponges quand il pleut et tous les végétaux ainsi suspendus en profitent. Un écosystème te dis-je, dont la biodiversité, pour être difficile à remarquer, n’en est pas moins florissante. Ami cyclo, je suis sûr que tu ne pourras plus te planter devant un vieux mur sans chercher du regard tous ces colons rustiques aux noms imprononçables mais à la discrète beauté ! Mieux, tu y convieras tes copains !
Texte et photo : Marcel Vaillaud