Le bicentenaire de la draisienne
Son invention est l’aboutissement de plusieurs véhicules successivement simplifiés. Le premier, ayant quatre roues et des pédales, était lourd et peu maniable. Le dernier né n’est rien d’autre qu’une « machine à courir », ainsi qu’il l’appelle. Le rédacteur du brevet qu’il prend en France en 1818 traduit ces termes par « vélocipède » (aller vite avec les pieds), mais le bon sens populaire Français préfère le mot « draisienne », du nom de l’inventeur.
On se déplace comme les patineurs
Cette machine à courir tout en bois consiste en deux roues en ligne reliées par une sorte de poutre sur laquelle est assis le cavalier. Sa direction rappelle le timon replié des voitures attelées. On se déplace en poussant le sol avec les pieds à la façon des patineurs, comme l’indique le baron dans la notice. Premier avantage : on se fatigue moins qu’à la course à pied puisque le poids du corps est supporté par le bâti, toute la force des jambes peut donc être consacrée à la locomotion. Second avantage : ce cheval de bois ne mange pas de foin et n’a besoin ni d’écurie, ni de palefrenier. La vitesse en plat, sur bonne route, est celle d’un cheval au galop, affirme Drais. Quant à la montée… il ne précise pas.
Drais espère tirer profit de son invention
Il en vend effectivement plusieurs exemplaires à de hautes notabilités allemandes. Mais l’engin est aussitôt copié dans son propre pays, puis un peu en France où la démonstration qu’il en fait faire à Paris n’est pas concluante, et aussi en Angleterre où on s’amuse de ce « hobby horse ». Aussi le baron Drais ne s’enrichit-il pas. Son véhicule, pour intéressant qu’il soit, ne correspond pas à une attente explique Claude Reynaud dans un livre très documenté, L’ère des draisiennes en France.
En route vers le futur…
Mais il prépare le futur car, grâce à lui, on a découvert l’équilibre sur un deux roues en mouvement, comme en témoignent les repose-pieds dont il est muni. Une notion d’une extrême importance qui prépare la venue de la bicyclette. Il ne manque que d’entretenir le mouvement pour que l’équilibre perdure, problème qui sera résolu en ajoutant des pédales.
La première randonnée en Draisienne
Pour commémorer cette invention majeure, une randonnée à draisienne est organisée en 2017. Elle partira de la place Stanislas, à Nancy, où le baron Drais présenta son invention le 4 octobre 1818, pour rallier Karlsruhe où il est né. Le « peloton », international, sera composé de douze « draisiennistes » historiens, collectionneurs ou amateurs de cycles anciens venus de Belgique, du Canada, de Grande-Bretagne, du Japon, de Tchéquie, des USA et de France. Alain Cuvier, cheville ouvrière de cette historique et sportive entreprise, est en train de construire des répliques des machines conservées dans les musées, car il n’est bien sûr pas question de monter ces vénérables fleurons du patrimoine cyclistes.
La randonnée Nancy-Karlsruhe en mai prochain
L’itinéraire de 230 km est découpé en cinq étapes, du 20 au 24 mai 2017. La randonnée sera suivie du rassemblement annuel, à Karlsruhe, de l’International veteran cycle association du 24 au 28 mai, puis de la 28e Conférence internationale d’histoire du cycle à Mannheim où, n’en doutons pas, flottera encore l’ombre du baron Drais.
Renseignements sur la randonnée Nancy-Karlsruhe : alain.cuvier@orange.fr
Pour en savoir plus sur le baron Drais et les draisiennes :
Kobayashi Keizo : Histoire du vélocipède de Drais à Michaux, 1817-1870 ; K. Kobayashi, 1993. Pages 1 à 81.
Reynaud Claude : l’ère de la draisienne en France, 1818-1870 ; Éditions Musée vélo-moto de Domazan, Gard, 2015.
Texte et photos : Raymond Henry
Un commentaire
Pas sûr que Carl Drais von Sauerbronn se soit imaginé du succès qu’aurait la draisienne 200 ans plus tard !