La cigale ayant chanté tout l’été…
N’en déplaise à Monsieur de la Fontaine, elles ne passent pas l’hiver à crever de faim, elles meurent après avoir pondu dans des tiges arbustives. Les jeunes larves tombent au sol et s’y enfouissent. Commence alors une vie souterraine de deux ( Cicada orni) à quatre ans (Lyristes plebeius) pour ce qui est des deux espèces les plus courantes en Provence. La bestiole est équipée comme une pelle mécanique. Son « urine » abondante lui permet de ramollir le sol et de creuser des galeries ; elle se nourrit de la sève puisée dans les racines des végétaux. Comme tous les insectes, elle grossit par mues successives ; la dernière mue, dite nymphale, la conduit à l’extérieur ; elle grimpe dans un arbre, s’immobilise ; le costume se déchire dans le dos et la jeune cigale émerge, toute tendre, d’un vert délicat, fragile. Accrochée à son exuvie, elle déploie ses ailes et les sèche pour les rigidifier. Une nouvelle musicienne est née.
Texte : Marcel Vaillaud