Gilles Bouancheau – Trente ans de cyclotourisme malgré son handicap

L’année 2024 marque une double étape dans la vie de Gilles Bouancheau : ses trente ans au sein du club de cyclotourisme yonnais (CTY) de La Roche-sur-Yon (Vendée) et les quarante ans de son handicap visuel.

Gilles Bouancheau, licencié à la Fédération française de cyclotourisme est malvoyant depuis ses 24 ans en raison d’une dégénérescence du nerf optique. Il revient sur son parcours et sa passion pour le cyclotourisme.

Un nouveau départ grâce au tandem


Après avoir vécu une période difficile marquée par l’arrêt du sport et une certaine déprime, sa rencontre en 1994 avec Paul Olivier, responsable de l’association des malvoyants de La Roche-sur-Yon, a tout changé.

« Savoir que je pouvais pratiquer une activité physique, ça a changé les perspectives. Faire du sport avec un handicap, c’est 70 % dans la tête… et un peu dans les jambes aussi ! », plaisante Gilles, soutenu par Pierre, l’un des quatre pilotes qui se relaient pour l’accompagner chaque semaine sur un tandem.

Une coordination clé pour avancer ensemble


Rouler en tandem demande une synchronisation parfaite. « Le plus difficile, c’est le démarrage et les demi-tours », confie Bernard, un des pilotes habitués. Des ajustements sont nécessaires pour concilier les habitudes de chacun : « Moi, je pose toujours le pied gauche en m’arrêtant, et il faut que Gilles fasse pareil. Sinon, c’est la catastrophe. »

Malgré les contraintes, l’équipe s’adapte, et Gilles connaît désormais leurs habitudes sur le bout des doigts. Mieux encore, son sens de l’orientation impressionne ses coéquipiers. « Parfois, il connaît si bien les routes qu’on pourrait presque le laisser guider ! », s’amuse Bernard.

Un passionné de longues distances


Chaque week-end, Gilles participe à des sorties de 80 kilomètres avec son club. Plus qu’un simple loisir, le cyclotourisme est devenu une nécessité : « Si je n’y vais pas pendant quinze jours, je commence à déprimer. »

Au fil des années, le cyclotouriste a accumulé les exploits. Parmi eux, le célèbre Paris-Brest-Paris (1 240 km) ou encore l’événement « Ensemble à vélo », reliant La Roche-sur-Yon à la capitale sur 480 km. Ce dernier exploit a été particulièrement marquant pour Gilles : « C’est tellement plus sympa d’être entouré par d’autres cyclistes. »

Un projet pour l’avenir : ouvrir le cyclotourisme aux déficients visuels


Seul malvoyant au CTY, Gilles voit plus loin : avec sa retraite en 2025, il espère développer une section dédiée aux déficients visuels. « Trouver un sport lorsqu’on a un handicap visuel, ce n’est pas toujours facile », explique-t-il.

Ce projet ambitieux nécessite des moyens financiers importants : un tandem comme celui de Gilles coûte près de 9 000 €. Mais pour réussir, il faut surtout recruter davantage de cyclistes prêts à s’engager. « Ce serait formidable d’offrir cette opportunité à d’autres personnes en situation de handicap », conclut-il.

Au-delà du sport : un exemple de résilience


L’histoire de Gilles Bouancheau est celle d’un homme qui a transformé un handicap en une force grâce au sport. Avec sa détermination et l’aide de ses coéquipiers, il continue de pédaler vers de nouveaux défis, prouvant que la passion et l’entraide peuvent surmonter bien des obstacles.
 
Texte : Jean-Pierre Giorgi, inspiré par un article de Ouest France – Photos : DR
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