Le constructeur et son pilote, journal d’un défi (3)
Paris-Brest-Paris est le dessert d’un banquet, genre banquet des années 1900 où cholestérol et autres joyeusetés n’appartenaient pas au vocabulaire quotidien. Un menu copieux servi chaud ou froid, avec ou sans « sauce », garniture vent ou calme plat, roboratif à souhait.
Mi-mai, l’apéro et les hors-d’œuvre sont digérés. Les brevets de 200 km et 300 km ont préparé l’organisme. Reste donc l’entrée et les viandes : 400 km et 600 km. T’as le vélo, passe tes qualifs !
Le 400 cadurcien
Samedi 11 mai, Cahors, la Barbacane, siège de Cahors Cyclotourisme. Bernard est accompagné de Francis et Dominique, deux fidèles compagnons de route. Francis, grand randonneur est en service commandé, il pédale et assure le reportage photographique ! Ils sont 32, venant de diverses régions de France, à prendre le départ. Direction Figeac. Le vent est favorable. Pas la peine de traîner en route, les 80 premiers kilomètres sont tombés à 28km/h de moyenne. Le parcours est bossu à souhait à travers le causse de Limogne. Pas le temps d’admirer le paysage. Pas grave, la nuit est tombée. Les conditions météo deviennent exécrables.
À une heure du matin, à Saint-Antonin-Noble-Val (82), la soupe chaude servie par les bénévoles est bien appréciée. « Une super organisation » commentera Bernard à l’arrivée. L’averse subie à Cajarc avait été comme un coup de semonce, la pluie s’invite tout au long des gorges de l’Aveyron. C’est maintenant le Midi Toulousain qui accueille les randonneurs puis l’Agenais avant de mettre le cap sur le chef-lieu lotois. Regardez la carte, le plat est une denrée rare dans le secteur !
Et le vélo dans tout ça ? À l’arrivée, après dix-neuf heures sur la selle et quatre heures de repos, l’heure est au bilan. La machine devait être confortable : elle le fut. Aucune douleur. La prise en main ? : « Vélo parfaitement adapté à ma taille, j’ai vite dompté les freins à disque, freinage tranquille. L’éclairage est parfait et apporte un confort supplémentaire. » Et si nous parlions selle ? Réponse : Cetavlon y pourvoira.
Galerie photos
Le 600 en Pays Valencien
« Réussi haut la main, on s’est même permis le luxe de rouler avec groupe des Espagnols, et au retour, s’il vous plaît ! Résultat : deux heures gagnées sur nos prévisions. » Ceci pour les premiers commentaires. Mais, reprenons.
Une semaine après le 400 réussi, direction plein sud, l’Espagne. Terminus Valence. Pourquoi faire devant sa porte ce qu’on peut aller faire à 700 km de là ? Parce que sa fille se fait un plaisir de l’accueillir. Parce que le climat y est souvent meilleur et parce qu’au fil des ans, il a sympathisé avec les membres de la Peña Ciclista Massamagrell, club organisateur de Brevets Randonneurs Mondiaux. Vicente qui a travaillé en France pendant vingt-cinq ans est devenu un ami… et l’interprète.
Dans ses bagages, Bernard a repris ses fidèles compagnons. Le début du parcours n’est pas des plus faciles. C’est la route des cols sur 200 km. Sur le plateau, de longues lignes droites, vent de face. Le clocher que tu vois tout au bout, 20 km plus loin, semble te narguer… L’hôtel réservé à Ruidera tombe à point. Omelette-jambon, douche et au lit pour deux heures de sommeil réparateur.
En route à 03 h 30. Vent dans le dos, l’allure remonte ; ils « accrochent » le wagon des Espagnols et finissent pas gagner 2 heures. Retour au calme pour la fin du brevet. Ils laissent filer les locaux mais le parcours est un peu compliqué et ils finissent par se perdre et perdre quelques minutes. Pas de panique, ils sont largement dans les temps.
Dans le bar où ils pointent l’arrivée, l’ambiance est super, la cerveza coule. Tous les moments difficiles sont oubliés, le vélo est impeccable… Le lendemain, ne restent que les cernes de reconnaissance autour des yeux (sic).
Qualifiés !
Pour Francis et Bernard, c’est passé et très bien passé. Rendez-vous à Rambouillet en août prochain. Dominique est resté sur le carreau, KO, fiévreux, malade, contraint à l’abandon. Il repassera l’épreuve à la session d’Agen les 15 et 16 juin.
Difficile pour Bernard de laisser tomber son poulain, son pote, il « re-va » faire le brevet avec lui.
Mais, hélas, son pote « re-va » rencontrer les mêmes difficultés, les mêmes problèmes et c’est l’abandon vers les 300è kilomètre, malgré son courage et le soutien de son camarade.
Un plan à revoir
Suite à cet abandon, Bernard se trouva fort dépourvu quand la Diagonale fut venue. Plus un seul coéquipier. L’un sur le carreau, les autres empêchés… Il va falloir trouver d’autres plans pour garder la forme.
L’ascension du Tourmalet
Dans l’Aspin…
La cyclomontagarde des Hautes-Pyrénées tome à pic et constituera un excellent et ultime test. La montagne est un juge de paix indiscutable. On ne triche pas, en altitude. Dès le 21 juin, direction Argelès-Gazost. Il y retrouve ses amis Columérins et, afin de rouler avec eux, il abandonne l’idée de participer en Randonneur, sur la journée, dans la tradition du Brevet CycloMontagnard Français.
Vendredi, une « petite » escalade du Soulor en guise de rodage. Samedi, l’ascension du Tourmalet ouvre le bal. Les conditions sont idéales, le paysage somptueux, les bénévoles aux petits soins. Tout baigne. La machine passe ce premier test avec succès, descente comprise. Dans la foulée se présente la Hourquette d’Ancizan – à mon avis, l’un des plus beaux cols des Pyénées. Bernard se régale tout au long des deux journées.
Une semaine plus tard, c’est l’heure du bilan : « Après 2 500 kilomètres de routes communes depuis début mai, nous nous sommes apprivoisés, adoptés, la machine et moi ! La selle Berthoud – Aravis ouverte –, associée à la tige Roubaix, est bien rodée et adoptée. Mais le plus dur reste tout de même à venir ! »
En attendant le départ
De quoi seront donc faites les prochaines semaines ? Dernières balades avant le retour de la randonneuse dans l’atelier de Philippe Andouard où elle recevra sa peinture définitive, sera dotée des derniers accessoires et subira les derniers réglages avant le verdict du jury du concours et le grand départ.
Donc, rien de précis pour occuper le temps, l’esprit et conserver la forme. De la détente, du repos. La révision du matériel à emporter, la préparation de l’équipement. Une préparation minutieuse, ce petit plus qui peut assurer la réussite. Et ça, Bernard maîtrise !
Nous le retrouverons donc le 18 août, à la Bergerie nationale de Rambouillet. Tel un loup dans la bergerie ? Sûrement pas ! Pas le genre de la maison. Un agneau ? Faut pas pousser non plus ! Un mouton de Panurge ? L’erreur à éviter à tout prix, ne pas suivre bêtement (bêlement ?) le premier troupeau qui passe.
Il se serait plutôt vu en berger. Celui qui va gérer, celui qui va veiller sur le néophyte qu’il devait entraîner. Il s’efforcera d’être celui qui va ramener la machine dans les délais, en parfait état, « intègre ». Fourche, cadre, dispositif porte-bagages, roues, assise, tout doit être « intègre » – c’est écrit dans le règlement. Le jury va tout apprécier. Pas intérêt de perdre une vis. Transmission, éclairages, dispositif anti-projection, roue libre doivent être « opérationnels ». Et pas de jeu, ni au pédalier, ni aux pédales, pas plus que dans la direction.
Philippe Andouard se chargera de présenter sa machine au jury et, ensuite, il suivra la progression de son pilote. Avec intérêt, avec confiance car il s’agit bien d’une affaire de confiance réciproque. Vélo et randonneur doivent être fiables. Ils le seront.
Planning des diffusions du Concours de machines – Paris-Brest-Paris 2019
Concours de Machines 2019 partie 1
20/07/19
Concours de Machines 2019 partie 2
27/07/19
Concours de Machines 2019 partie 3
03/08/19
Concours de Machines 2019 partie 4
10/08/19
Concours de Machines 2019 partie 5
17/08/19
Concours de Machines 2019 partie 6
24/08/19