Accordez vos vélos 2022, un festival de musique itinérant
L’orchestre « Les Forces Majeures » lance une démarche inédite, humaine, artistique, sportive et engagée. Son projet consiste en un festival lors duquel l’orchestre sillonnera les routes iséroises et savoyardes, à vélo, avec instruments et matériel, et donnera un concert dans les villes et villages se trouvant sur un parcours de 250 km .
Du 10 au 24 avril 2022, l’orchestre reliera à vélo Grenoble à Genève en faisant halte à Le Versoud, Crolles, Montmélian, Moye ou encore Cruseilles.
Tout le matériel sera essentiellement déplacé à vélo. Le peloton d’environ trente membres sera formé de seize musiciens, trois responsables de production, un photographe-vidéaste et d’une équipe de bénévoles.
Le programme
- Grenoble : du 10 au 12 avril
- Le Versoud et La Combe-de-Lancey : 13 avril
- Laval-en-Belledonne et Crolles : 14 avril
- La Pierre et Le Touvet : 15 avril
- Porte de Savoie et Montmélian : 16 avril
- Chambéry et Le Montcel : 17 et 18 avril
- Moye et Vallières-sur-Fier : 19 avril
- Sillingy et Cruseilles : 20 avril
- Genève : du 21 au 24 avril / Victoria Hall Concert symphonique le dimanche 24 avril
Toutes les dates et détails sur https://www.forcesmajeures.fr/accordez-vos-velos
Rencontre avec Robin Ducancel, « homme-orchestre » et passionné de vélo
Robin Ducancel est directeur général des « Forces Majeures », ancien ingénieur, passionné de vélo, il est producteur, notamment pour le Concours international de musique de Genève, et manager de solistes et chef d’orchestre. Membre fondateur d’Arviva – Arts vivants, arts durables, il s’investit dans des projets artistiques transversaux au premier titre desquels « Accordez vos vélos ! ».
Avant d’aborder la seconde édition, revenons sur la première édition qui a eu lieu le 2 octobre 2021 en région parisienne. Vous avez proposé un événement itinérant et innovant et pleine pandémie de Covid . Avec le recul, cela ne fut pas trop difficile ?
Cela faisait un moment que nous avions des idées et de beaucoup d’envies, or la situation sanitaire nous a donné l’élan qu’il nous manquait. Étonnement j’ai ressenti que dans ce contexte exceptionnel où tout devenait compliqué, où les spectacles étaient annulés ou les salles fermaient, l’ensemble des contraintes qui s’imposaient allaient nous aider à concevoir un événement approprié et nécessaire, pour les artistes, les professionnels et les citoyens.
J’étais également très excité à l’idée de réunir 80 musiciens et de jongler avec les scénarios : cas covid parmi les musiciens, météo changeante (nous avons du changer de programme le matin-même en raison d’une alerte tempête), préconisations des préfectures en dernière minute (nous avons du changer de format trois jours seulement avant l’événement), durcissement des contraintes liées à l’accueil de public ou à la tenue de concerts dans l’espace public, etc. Cela a mis en évidence la ténacité et l’état d’esprit aventureux de certains de nos partenaires comme la Maison des pratiques artistiques amateurs, la ville de Saint-Denis ou le club cycliste VCBS (91) membre de la Fédération française de cyclotourisme.
Vous proposez une nouvelle édition avec beaucoup plus de voyages à vélo à travers les Alpes. N’est-ce pas une folie avec tous vos instruments ?
La folie réside en effet dans le fait de partir à trente personnes qui ne sont pas forcément habituées de la route, moins encore à porter ou tracter leurs instruments ainsi qu’à pédaler le matin, jouer le midi, pédaler l’après-midi, jouer le soir. C’est un défi humain, musical et logistique. Défi passionnant et contagieux !
J’aime à répéter que nous expérimentons sur la base de nos intuitions et convictions, prêts à les remettre en question. Il est légitime de se demander si tout cela en vaut la peine, s’il n’y a pas quelques paradoxes derrière une telle démarche.
Avec Raphaël Merlin (le chef d’orchestre qui a fondé « Les Forces Majeures » et les dirigera pendant la tournée) et Pervenche Berès (présidente de l’orchestre) nous partageons l’idée que c’est en prenant ces nouveaux chemins que nous ferons avancer nos réflexions et celles de tout un secteur. De telles expériences de terrain vont de paire avec des changements plus structurels comme les initie Arviva – Arts vivants arts durables, dont je suis l’un des cofondateurs.
Donnez-nous le détail du voyage qui vous mènera de Grenoble à Genève. Et qui se déroulera du 10 au 24 avril ? Quelle logistique ?
Le programme est vaste, les ingrédients nombreux. Trois jours de résidence à Grenoble à la MC2 scène nationale, l’occasion de partir à 100 cyclistes dans les rues de la ville, de monter le répertoire de la tournée, de le donner dans son intégralité mardi 12 avril au soir après une répétition pour le public désireux de chanter avec l’orchestre (18 h 30 à l’auditorium).
Le 13 au matin nous quittons Grenoble pour neuf jours d’itinérance, 250 km, quinze villes et concerts, trois départements traversés, de beaux dénivelés. Des clubs et associations cyclistes nous escorteront sur certains tronçons. Le passage d’un orchestre à vélo crée l’événement et donne un beau prétexte à se réunir, faire connaissance et partager.
L’orchestre ce sont quinze musiciens et un chef d’orchestre. Le staff et les moyens logistiques sont réduits à leur essentiel : le chef d’orchestre assistant est également chargé de production, un babysittrice et une vidéaste pédaleront au sein du peloton, deux voitures balais fermeront la marche (c’est peu vu le volume de matériel à embarquer).
Nous avons fait fabriquer des remorques sur mesure pour déplacer des timbales d’orchestre, un collectif lyonnais La Poursuite contribue en nous dotant de cinq remorques dont l’une conçue spécialement pour la contrebasse (c’est notre contrebassiste lui-même qui la tractera).
L’hébergement se fera alternativement chez l’habitant, au camping et en centre de vacances, les repas seront préparés par les équipes et associations des communes-étapes, partagés tous ensemble, parfois avec le public. Il est passionnant de réfléchir à des sujets aussi divers que la conception de remorques, la préparation de programmes musicaux adaptés à chaque lieux, la production d’un court métrage à équipe et budget réduit, ou encore la réalisation d’un bilan environnemental basé sur une méthode de l’ADEME (QuantiGES).
Vous avez un partenariat avec la Fédération française de cyclotourisme, quel est la nature de celui-ci ? Les clubs vous aident ou accompagnent ?
C’est un partenariat en évolution, qui se renforce à chaque nouvelle édition puisque les expériences sont très différentes les unes des autres. Soutien financier, mise en réseau, communication, partagé de compétences, liens aux comités régionaux, départements et clubs locaux, présence sur le terrain… C’est un partenariat précieux et singulier puisqu’il fait le trait d’union entre deux mondes très différents. La Fédération française de cyclotourisme défend une myriade de pratiques du vélo, et je crois qu’avec « Accordez vos vélos ! » nous revendiquons aussi une variété de modes de partages, de modes de jeux et de joie !
Plus d’information sur « Les Forces Majeures »
L’orchestre et collectif d’artistes « Les Forces Majeures » ont été fondées en 2014. Elles ont entre autres particularités de réunir des ensembles de musique de chambre déjà constitués. Cette méthode de recrutement a deux vertus : d’une part la qualité artistique obtenue en un temps record, d’autre part, parce que les ensembles en présence peuvent proposer, au sein d’un projet de grande ampleur, les œuvres de musique de chambre qu’ils ont déjà à leur répertoire. Ainsi au cours d’une même journée, on peut entendre une diversité de formations, du solo à l’orchestre symphonique en passant par des duos, quatuors, sextuors ou dixtuors, ou encore en big band de jazz et en fanfare.
Plus d’infos sur https://www.forcesmajeures.fr/