À Labastide-d’Armagnac, Colette Tortoré n’est plus derrière son comptoir…
« Je me souviens… C’était un petit café au fond d’une ruelle. On ne peut pas l’oublier. J’ai connu cet endroit lors d’un séjour gascon que nous organisions avec mon ami Jacques Aylies. Déjà, pour le trouver, ce n’était pas simple. Dans une petite ruelle de rien du tout, une petite pancarte de rien du tout signalait « Chez Tortoré ». En suivant cette pancarte, on tombait sur ce café.
La première chose qu’on voyait c’était la vieille vitrine, comme on faisait dans le temps. Quand on rentrait, on se serait cru, des années en arrière, chez notre mamie. C’était comme si le temps s’était figé… Le décor, l’environnement, la personne au comptoir, tout faisait penser à une époque révolue. Il était resté dans son jus, vraiment. Vieilles tables, vielles chaises en bois comme on faisait avant quand j’étais gamine. Au mur, il y avait des affiches de Semaines fédérales de cyclotourisme, celle de Mont-de-Marsan (1968) et celle de Nogaro (1984).
Elles côtoyaient dans un joyeux puzzle coloré, les affiches des courses landaises car Labastide-d’Armagnac est aussi un haut lieu des courses landaises. Et dans cette ambiance hors du temps, je revois Madame Tortoré, derrière son grand comptoir en bois, un truc vieux, vieux, vieux ! Elle était accoudée, comme ça, la tête posée sur ses avant-bras, au-dessus du comptoir. Elle nous accueillait gentiment et s’empressait de pendre de nos nouvelles : « Comment allez-vous ? D’où venez-vous ? … » et ainsi beaucoup d’autres questions auxquelles nous répondions. Puis, soudain, elle lançait : « Alors, qu’est-ce que vous prenez ? » Nous nous empressions de répondre : « Un café ! »
Un café comme on les faisait autrefois
Elle disparaissait alors dans son arrière-cuisine où elle préparait un café comme on les faisait, autrefois, avec une bouilloire, un filtre, cette cafetière d’un autre âge. Nous étions servis dans des tasses anciennes à fleurs. On aurait dit une boutique d’antiquaire. Une ambiance qui nous avait agréablement surpris.
La chapelle Notre-Dame des cyclistes
J’ai eu l’occasion d’y revenir lorsque j’étais au club de Gimont. À l’occasion de nos séjours, c’était « la pépite » incontournable, la visite « du patrimoine » à ne pas louper. Nous annoncions la chapelle des cyclistes, qui se trouve à trois kilomètres de là, puis une surprise après le pique-nique que nous prenions sur la place du village. La surprise c’était bien sûr d’aller boire le café dans ce lieu magique. On ne peut pas l’oublier.
Le visage de la dame… Je l’ai toujours connue avec des cheveux gris, un chignon, le vieux tablier, comme dans les fermes. Je l’ai toujours vue âgée, elle n’a pas changé au fil du temps.
C’était, pour nous, une halte plaisir. Et un souvenir à présent qu’elle n’est plus là. L’annonce de son décès m’a fait de la peine. Il nous reste de très beaux souvenirs et l’image de cette dame qui connaissait son village par cœur.
Lorsque j’avais travaillé sur la plaquette des BPF, j’avais marqué « Le café Tortoré » à visiter absolument. Un lieu incontournable, qui, je l’espère sera repris. Je repense aux moments passés dans ce café avec un brin de nostalgie…