Ultra Cycling : Le « 8848 Women’s Challenge » à Lourdes
Tamara la présidente de l’association et du club vélo Kacycling, affilié à la Fédération française de cyclotourisme propose un challenge longue distance « ultra cycling », en s’adressant particulièrement aux femmes cyclistes. C’est ainsi que le 8848 Women’s Challenge sera ouvert à tous, mais la moitié des places seront réservée aux femmes.
Le “8848 Women’s Challenge se déroulera du vendredi 27 août 2021 à 6 h jusqu’au samedi 28 août à 18 h.
Il consiste à parcourir, durant ces 36 heures, 360 km cumulant 8 848 m de dénivelé.
- Jeudi 26 août : accueil des participants – vérification des inscriptions – briefing
- Vendredi 27 août : départ à 6 h devant l’hôtel-résidence Le Lorda
- Samedi 28 août : fin du challenge à 18 h suivi par une soirée “Finishers get Together”
Le premier réflexe est de penser que le défi est un peu fou, qu’il est réservé à des personnes entraînées et motivées annonce avec malice l’organisatrice.
Mais pourtant, telle que nous l’avons conçue, cette manifestation est accessible à tout cycliste qui s’entraîne régulièrement et qui veut s’engager conclu Tamara.
Le parcours du Women’s Challenge
Le parcours est organisé en trois boucles équilibrées qui ont pour origine un hôtel-résidence à Lourdes.
À chaque tour, il est possible de s’y arrêter, s’y restaurer, s’y reposer. Chacun peut définir sa propre stratégies. Chaque participant est équipé d’une balise de géolocalisation ce qui permet à l’organisation de situer sa position sur le parcours à chaque instant.
Deux niveaux d’autonomie sont possibles
Le format « Bikepacking » : possibilité de réaliser le parcours d’un seul trait en gérant temps de repos, alimentation et hydratation. Néanmoins, il est obligatoire de pointer au camp de base à la fin de chaque boucle.
Le format « Cool » : ceux qui le souhaitent peuvent gérer librement leur déplacement en profitant de leur passage au camp de base pour se reposer et se restaurer. Il est possible, par exemple, de réaliser les deux premières boucles le vendredi et de terminer la troisième boucle le samedi.
Plus d’informations
Plus d’informations sur : https://femme-et-cycliste.com/8848-womens-challenge-lourdes-27-et-28-aout
Inscriptions sur : https://docs.google.com
Rencontre avec Tamara, l’organisatrice du challenge
Quel est votre rapport au vélo ? Comment avez-vous débuté dans le cyclisme et la longue distance ?
C’était en 2012, un peu sur un malentendu. On habitait en Haute-Savoie. J’ai acheté un vélo de route pour faire du sport en famille. Je pensais faire des balades autour de la maison le dimanche après-midi. Mais mon époux, grand sportif, qui reprenait le sport également ne voyait pas les choses de la même manière. Et nous voilà parti pour de longues sorties, moi non sportives, ancienne fumeuse, dans les dénivelés du Chablais.
Jusqu’en 2014, j’ai surtout roulé à vélo en dilettante car je ne trouvais pas la force de passer le cap. En rentrant dans la région de Toulouse, on a commencé à rouler en groupe, notamment avec le Véloce Club Montalbanais. Tous les dimanches, plus de 150 coureurs se rassemblent à Montauban. J’ai commencé à rouler avec le groupe le moins rapide et chaque fois que je progressais je montais de groupe.
Quand avez-vous créé l’association « Kacycling, le cyclisme féminin » et pourquoi ?
« Femme et cycliste – Kacycling » a été développé à partir du blog que mon mari tenait (à mon nom) pour partager surtout mon entraînement et tout ce que je faisais dans le but d’inspirer d’autres femmes à basculer du passe-temps « vélo » au sport vélo.
Le blog est devenu un site puis ce qu’il est aujourd’hui, une association et un club de la Fédération française de cyclotourisme sous le nom de « KaCycling Club », le KCC.
Avec notre association, le club et le site, on essaye d’être là pour apporter des solutions, soutenir et accompagner les femmes cyclistes. Nous sommes une association pour bien montrer que nos intentions ne sont pas lucratives. Nous ne sommes pas une marque commerciale qui tente de s’approprier un marché.
La pratique féminine du vélo fait de plus en plus l’objet d’une offensive commerciale dans le but de gagner de l’argent sur un marché en plein développement. Puis « le cyclisme féminin » est pris comme une cause à défendre. La question de la pratique « féminine » du vélo est complexe à appréhender. Elle est de différentes formes qui n’ont rien à voir les unes avec les autres.
Nous ne voulons pas faire la promotion du cyclisme féminin mais permettre aux femmes de rouler confortablement à vélo, en confiance et en sécurité.
Tout cela reste, bien entendu, très modeste. Mais on peut affirmer qu’on est bien connu dans le Sud-Ouest où nous menons de petites et de grosses actions sur le terrain, comme les « 100 femmes à vélo » en 2019, une randonnée qui amenait 200 femmes cyclistes sur l’étape 11 du Tour de France pour arriver à Toulouse.
Notre ligne de conduite : se rencontrer, se connaître, se reconnaître, échanger et s’instruire des expériences des autres.
Le 8848 Women’s Challenge impose une parité sur les inscriptions. Pourquoi cette démarche ? Pensez-vous que cela était nécessaire ?
Le 8848 Women’s Challenge s’adresse aux femmes cyclistes sans être exclusivement pour elles. C’est pour cette raison que nous avons choisi un titre explicite. Pour les participantes, il est bon de savoir qu’elle n’est pas la cycliste « invisible », mais qu’elle fait partie d’un peloton majoritairement féminin pour une fois, et avec le même défi !
C’est aussi notre défi : pouvons-nous vraiment amener des femmes à faire ce truc fou ? Combien ? 100 ? C’est la France, le cyclisme est dominé par les hommes et souvent par l’esprit de compétition. La participation globale des femmes aux événements sportifs n’est que de 5 %, ce qui est ridicule étant donné que la France est le pays leader en matière de vélo comme sport loisir, passe-temps.
Lorsque elle aura terminé le défi, elle pourra dire qu’elle l’aura fait seule. C’est elle qui s’est poussée à réussir. C’est elle qui a réparé la crevaison, et c’est elle qui a décidé quand sera le moment pour prendre un peu de temps , pour s’arrêter et pour repartir.
Quel est le public de votre challenge et d’où viennent les participants ?
Nous avons déjà une vingtaine d’inscriptions et nous sommes à huit mois de l’événement, c’est prometteur. Les femmes inscrites viennent des quatre coins de la France mais aussi d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de l’Espagne et du Portugal. J’adore l’idée que l’événement a un air un peu international.
Avec cet événement on pense attirer la femme cycliste qui a toujours voulu savoir combien d’heures ou combien de dénivelé elle peut réellement faire sans jamais avoir osé se mettre en situation réelle.
Nous voulons qu’elles le fassent en toute sérénité : elles peuvent tenter ce challenge car elles peuvent compter sur notre soutien (c’est pourquoi nous aurons un système de suivi en temps réel) et sur la solidarité des autres cyclistes.
Le 8848 Women’s challenge n’est pas une course, ce n’est pas une compétition. Sans podium, sans médaille, sans classement, chaque participante sera une gagnante à la fin car elle aura fait plus qu’elle pensait d’être capable et on va fêter ça samedi soir toutes ensemble..
Pouvez-vous nous dévoiler le parcours ? Quels seront les cols mythiques au programme ?
Le parcours définif sera envoyé sous forme gpx et roadbook par mail aux participantes au mois d’août. Mais on peut déjà dire que le col de Tourmalet, d’Aubisque, de Soulor, de Spandeles et de Borderes parmi d’autres seront sur le menu.
Ils sont repartis sur trois boucles : en commençant à 6 h du matin le vendredi, la première boucle peut se faire pendant la matinée. On peut repartir l’après-midi pour la deuxième boucle.
Le parcours de samedi est conçu pour donner l’opportunité de couper ou d’allonger à plusieurs endroits dans l’idée que la participante arrivera comme ça au terme de son défi personnel.
À combien estimez-vous le nombre de « finishers » ? Y aura-t’il des barrières horaires ?
Les 8 848 m de dénivelé du titre ( hauteur du mont Everest) et la distance de 360 km sont des objectifs du parcours. Mais tout le monde sera un « finishers ».
L’événement est un challenge où chaque participante peut définir ses propres objectifs et y parvenir.
Pendant tout ce temps chaque cycliste sera suivi en ligne en temps réel par géolocalisation. Cela est rassurant pour la participante comme aussi pour nous les organisateurs. Puis cette forme de suivi, connu comme « dotwatching » ajoute une touche festive !
L’hôtel sera ouvert 24/24 avec une permanence et des ravitaillements. L’idée est de créer une ambiance festive, conviviale en mettant tout le monde à l’aise. C’est pour cette raison aussi que l’hôtel nous propose une espace très sympa avec des canapés, des tables et une télé ( pour faire du « dotwatching »).
Quelle est votre fierté en tant qu’organisatrice de ce type d’événement ?
Comme je l’ai mentionné toute à l’heure, c’est un défi, aussi pour notre petite association. Mais nous l’avons déjà fait : en 2019, nous avons organisé la randonnée « 100 femmes à vélo » de 100 km sur la 11e étape du Tour de France de cette année-là, dans le cadre de son programme officiel, entre Albi et Toulouse.
Nous l’avons appelé «100 femmes à vélo» sans jamais penser que nous en aurions jusqu’à 50. Mais nous sommes arrivés à Toulouse avec 185 femmes, toutes vêtues de jaune! C’était un moment émouvant pour tout le monde qui restera un souvenirs incroyable pour toutes et tous. Et j’étais fière de notre réussite.
J’espère de pouvoir créer à nouveau des souvenirs inoubliables pour chaque femme cycliste du 8 848 Women’s challenge.
Les conditions sanitaires et les restrictions liées vous inquiètent-elles ?
Non, pas réellement. On doit accepter la situation et s’adapter. Nous remboursons les frais d’inscriptions 50 € (qui couvrent nos frais réels sans bénéfice pour notre association) en cas d’annulation de l’événement à cause du Covid.
Le montant sera également remboursé si la participante de son côté ne peut pas participer pour les raisons de santé (avec certificat médical) ou parce que son pays l’empêche de venir.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour cette prochaine édition ?
C’est notre première et probablement unique édition. Je souhaite que nous soyons 100 femmes et plus, je souhaite que chaque femme cycliste qui a lu cet article juste qu’à ces lignes y réfléchit et se dit, tient… Pourquoi pas moi ? Et qu’elle s’inscrive !